CITE DU VATICAN, Jeudi 30 mai 2002 (ZENIT.org) - Le Peuple de Dieu "a besoin de l´eucharistie", "car c´est l´eucharistie qui rend l´Eglise missionnaire", affirme Jean-Paul II, en cette fête du Saint-Sacrement, maintenue le jeudi au Vatican et marquée par la solennelle procession de Saint-Jean à Sainte-Marie, reprise par Jean-Paul II en 1979, après plus d´un siècle d´interruption.

Jean-Paul II a présidé la messe de la fête du Saint-Sacrement - ou Fête-Dieu - ce jeudi soir, sur le parvis de la basilique Saint-Jean-du-Latran. La messe a été célébrée par le cardinal vicaire, Camillo Ruini. Le pape a tenu l´homélie. A la fin de la célébration, Jean-Paul II a conduit la traditionnelle procession eucharistique de Saint-Jean-du-Latran à Sainte-Marie-Majeure, à bord d´une voiture dont la plateforme a été transformée pour l´occasion en reposoir. Jean-Paul II se tenait à genou, puis assis sous le dais décoré de guirlandes de verdure qui abritait le Saint-Sacrement. La voûte des platanes de l´avenue redoublait plus haut cet hommage de verdure.

Plusieurs milliers de fidèles participaient à la procession aux flambeaux remontant la rue Merulana, dont de nombreux jeunes et des familles: une foule internationale. Tout au long du parcours, appuyés sur les barrières, les gens du quartier priaient, surpris dans leurs courses, ou au retour du travail. Les touristes s´arrêtaient, sans toujours comprendre cette manifestation publique de foi eucharistique, et étonnés de voir le pape passer si près.

En tout, une célébration de plus de deux heures trente qui s´est achevée par la bénédiction du Saint-Sacrement, donnée par Jean-Paul II sur le parvis de la basilique mariale. Aux fenêtres du collège Lombard, place Sainte-Marie-Majeure, les couleurs du Vatican étaient déployées, sauf une fenêtre, aux couleurs bleu, blanc et rouge.

Dans son homélie, en italien, qu´il a lue intégralement, le pape affirmait que le Peuple de Dieu "a besoin de l´eucharistie": "Car c´est l´eucharistie qui rend l´Eglise missionnaire". Et il interrogeait: "Mais cela est-il possible sans prêtres qui renouvellent le sacrifice eucharistique?"

"Aujourd´hui est un jour de fête solennelle, une fête dans laquelle nous revivons la première Cène, expliquait le pape. Par un acte public et solennel, nous glorifions et nous adorons le Pain et le Vin devenus vrai Corps et vrai Sang du Rédempteur (...). Nous célébrons aujourd´hui une fête solennelle qui exprime l´émerveillement étonné du Peuple de Dieu: un émerveillement plein de reconnaissance pour le don de l´Eucharistie. Dans le Sacrement de l´autel, Jésus a voulu perpétuer sa présence vivante au milieu de nous, dans la forme même dans laquelle il s´est remis aux Apôtres au Cénacle. Il nous laisse ce qu´il a fait à la Dernière cène, et nous le renouvelons fidèlement".

"Avant tout, continue le pape, se renouvelle le mémorial de la Pâque du Christ. Passent les jours, les années, les siècles, mais ce geste très saint dans lequel Jésus a condensé tout son Evangile d´amour ne passe pas. Il ne cesse pas de s´offrir lui-même, Agneau immolé et ressuscité, pour le salut du monde. Par ce mémorial, l´Eglise répond au commandement de la Parole de Dieu que nous avons entendu aujourd´hui dans la première lecture: "Souviens-toi!... N´oublie pas!" (Dt 8,2.14)".

"L´Eucharistie est notre mémoire vivante!, s´exclamait Jean-Paul II. Dans l´Eucharistie, comme le Concile le rappelle, "est renfermé tout le bien spirituel de l´Eglise, c´est-à-dire le Christ lui-même; notre Pâque et pain vivant qui, par sa chair vivifiée par l´Esprit-Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes qui sont invités et conduits à offrir eux-mêmes avec lui, leurs propres fatigues, et toutes les choses créées" (Presbyterorum Ordinis, 5)".

Le peuple de Dieu, continuait le pape "a besoin de l´Eucharistie". Et d´ajouter: "C´est l´Eucharistie en effet qui rend l´Eglise missionnaire". "Mais est-ce possible, ajoute le pape, sans les prêtres qui renouvellent le mystère eucharistique?"

"Voilà pourquoi, en ce jour solennel, je vous invite à prier pour la réussite du Congrès ecclésial diocésain, qui se célèbrera en la basilique Saint-Jean à partir de lundi prochain, et qui réservera une attention particulière au thème des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée".

"Jeunes de Rome! je vous répète les paroles que j´ai adressées, au cours de la Journée mondiale de la jeunesse de l´an 2000, aux jeunes réunis à "Tor Vergata": "Si quelqu´un d´entre vous entend en lui-même l´appel du Seigneur à se donner totalement à lui pour l´aimer - d´un coeur sans partage - (cf. 1 Co 7, 37), qu´il ne se laisse pas freiner par le doute ou par la peur. Qu´il dise son oui avec courage et sans réserve, en mettant sa confiance en Lui qui est fidèle à chacune de ses promesses" (Homélie de "Tor Vergata", n. 6)".

Le pape achevait sur cette prière: "Nous t´adorons, notre rédempteur, qui t´es incarné dans le sein très pur de la Vierge Marie (...). Nous te rendons grâce, Seigneur, pour ta présence eucharistique dans le monde. Pour nous, tu as accepté de souffrir et sur la croix tu as manifesté jusqu´au bout ton amour pour l´humanité entière. Nous t´adorons, viatique quotidien de nous tous, pèlerins sur la terre".

La solennité du "Corpus Domini" remonte à 1264, lorsque, accueillant les dévotions eucharistiques nées aux XIIe et XIIIe siècles, en réaction contre les doctrines hérétiques quant à la présence du Christ sous les espèces consacrées, cette fête a été étendue à toute l´Eglise par le pape Urbain IV, par la bulle "Transiturus". C´est lui qui a célébré la première fête solennelle à Orvieto, avec une grande solennité.

Urbain IV avait en effet été auparavant le confesseur de sainte Julienne (1192-1258), prieure de l´abbaye augustine de Mont-Cornillon, en Belgique, près de Liège, et promotrice de cette fête, et relayée à sa mort par la bienheureuse Eve de Liège (+ v. 1266).

C´est aussi à cette époque que remonte le "miracle de Bolsena", ville du bord du lac qui porte son nom, dans le Latium, au nord de Rome. Un prêtre de Bohème, Pierre de Prague, vint à douter de la présence réelle du Christ dans l´Eucharistie, alors qu´il célébrait la messe: il vit alors des gouttes de sang couler de l´hostie, tachant le linge d´autel, et la pierre. Informé du fait, le pape demanda qu´on lui remette les linges sacrés et il fit lui même le déplacement pour les recevoir, accompagné de toute la cour pontificale.

A Rome, c´est à la fin du XVe siècle, sous Nicolas V, que l´on commença à célébrer la fête par une procession de Saint-Jean à Sainte-Marie. Mais l´actuelle via Merulana ne fut praticable qu´à partir de 1575, date de la fin des travaux voulus par Grégoire XIII. La tradition s´est ensuite maintenue pendant trois siècles. Mais en 1870, année de la prise de Rome, l´usage est tombé dans l´oubli jusqu´à ce qu´elle soit reprise par Jean-Paul II en 1979.