Monsieur l’Ambassadeur,
1. Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence au Vatican pour la présentation des Lettres qui L’accréditent en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Maroc près le Saint-Siège.
Je vous remercie vivement de m’avoir transmis le message courtois de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer en retour mes vœux cordiaux pour sa personne, pour son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma, ainsi que pour la prospérité du peuple marocain.
Comme vous l’avez rappelé dans votre intervention, les relations déjà anciennes entre le Royaume du Maroc et le Saint-Siège n’ont cessé de se développer harmonieusement au cours des années. Je m’en réjouis et je prie le Tout-Puissant de soutenir les efforts de tous les Marocains pour édifier une nation toujours plus fraternelle et toujours plus unie.
2. En ce début du troisième millénaire, les circonstances difficiles et inquiétantes de la situation internationale incitent fortement les hommes de bonne volonté à renforcer les liens de confiance entre eux et la conviction d’avoir à œuvrer ensemble en faveur du dialogue et de la paix. Comme j’ai eu l’occasion de le rappeler à maintes reprises, notamment lors de la Journée mondiale de prière à Assise le 24 janvier dernier, les responsables des Nations et les autorités spirituelles ont le devoir de déployer leurs efforts sans relâche, afin de faire reculer la violence qui régit trop souvent dans notre monde les rapports entre les hommes et entre les groupes. Elles doivent aussi, pour y parvenir, dénoncer clairement toutes les fausses légitimations de la violence, notamment au nom de la religion, et affirmer sans détour leur attachement au dialogue et à la paix.
3. Comment ne pas évoquer en cette heure, comme vous l’avez fait vous-même, la situation tragique que connaît le Proche-Orient et les préoccupations qui nous assaillent concernant les lieux saints de la région, notamment la Ville Sainte de Jérusalem, symbole, pour tous les croyants des religions monothéistes, de la Paix qui vient de Dieu? Le Saint-Siège a fait connaître sa vive inquiétude devant les événements récents et il ne cesse de plaider pour la reprise des négociations entre les parties qui s’affrontent, mettant tout en œuvre pour que cesse le conflit armé, qui est sans issue et qui ne donne ni perspective ni espérance aux peuples en présence. Seul un dialogue courageux, animé par la volonté de construire un avenir possible pour tous les habitants de cette terre ainsi que pour toutes les communautés qui y vivent, pourra ramener une paix juste et durable. Comme je l’ai déjà dit, ni la violence aveugle du terrorisme ni la violence de la guerre ne peuvent apporter de solution. Puissent nos efforts incessants et l’engagement résolu de la communauté internationale réussir à convaincre les uns et les autres de revenir à la table des négociations !
4. Dans la promotion du dialogue qui doit être conduit entre les différentes religions et aussi entre les cultures des hommes de notre temps, votre pays, Monsieur l’Ambassadeur, peut jouer un grand rôle. Sa position géographique, mais aussi son histoire, le situent comme une terre de rencontre et comme un pont, d’une part vers l’Europe occidentale et tous les pays qui bordent le bassin méditerranéen, déjà unis par une longue histoire commune, et, d’autre part, vers l’Afrique subsaharienne que les flux migratoires rapprochent du Maghreb. Les Autorités de votre pays sont sans cesse appelées à prêter attention à ces nouvelles réalités et à la situation spécifique de certaines populations, notamment dans leur dimension humaine. Cela ne remet pas en cause la riche identité culturelle de la Nation, qui est précisément caractérisée par l’hospitalité. Comme je l’ai écrit dans mon Message pour la Paix, «s’il est important de savoir apprécier les valeurs de sa propre culture, il convient d’autre part d’avoir conscience que chaque culture renferme nécessairement des limites. Pour que le sens de l’appartenance culturelle ne se transforme pas en fermeture, il y a un antidote efficace : la connaissance sereine, non conditionnée par des préjugés négatifs, des autres cultures» (Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2001, n. 7). Dans cet esprit, votre pays s’honore d’une longue tradition de tolérance et d’ouverture religieuses, et les fidèles de plusieurs religions y vivent dans le respect mutuel, sans entrave à leurs libertés fondamentales, montrant ainsi qu’il est possible à des croyants de traditions religieuses différentes de vivre en paix sur le même sol.
5. Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, d’adresser par votre entremise des salutations chaleureuses à la communauté catholique du Maroc et à ses pasteurs. Je sais que les catholiques ont leur place dans la vie du pays et qu’ils jouissent de l’estime de la population. Ils souhaitent travailler, avec tous leurs concitoyens, à l’édification d’un monde de justice et de paix, au service de l’homme et de son développement. Ils savent qu’en témoignant ainsi du respect dû à tout homme, créé à l’image de Dieu, ils rendent gloire au Très-Haut ! Je les encourage à être toujours davantage les témoins de l’amour fraternel que le Christ nous enseigne, pour dire à tous l’amour indéfectible que Dieu porte aux hommes.
6. Au moment où commence votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes vœux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez sûr que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs accueil et compréhension.
Sur Votre Excellence, sur sa famille, ainsi que sur tout le peuple marocain et sur ses dirigeants, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.