CITE DU VATICAN, Vendredi 16 novembre 2001 (ZENIT.org) – « Eduquer au dialogue est un devoir des chrétiens et des musulmans », affirmait le cardinal Francis Arinze, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, dans son message pour la fin du Ramadan 2000 (fête de Al-Fitr, année 1421 de l´Hégire). Cette année aussi nous attendons le prochain message du cardinal pour la même fête.
En l´an 2000, le cardinal Arinze citait le rassemblement, quasi jubilaire déjà, qui avait réuni, en octobre 1999, une Assemblée interreligieuse sur le thème « Au seuil du troisième millénaire, la collaboration entre les différentes religions ». Elle avait réuni au Vatican quelque 200 personnes appartenant à environ 20 traditions religieuses, dont 36 Musulmans venus de 21 pays. Ils avaient pris une part active aux travaux et à la rédaction du Message final, comme le cardinal le rappelle.
– Message du cardinal Arinze 2000 –
Chers amis Musulmans,
1. Je voudrais tout d´abord vous présenter mes meilleurs vux pour Îd al-Fitr, par lequel vous concluez le mois du Ramadan. Ramadan est, avec les autres pratiques religieuses qui l´accompagnent, telles la prière et l´aumône, un temps pour réviser les rapports avec Dieu et avec les hommes, et pour revenir à Lui et aux frères. Le jeûne constitue une des façons par lesquelles nous rendons un culte à Dieu, venons au secours des pauvres et fortifions les liens familiaux et amicaux. Le jeûne est une forme d´éducation car il nous révèle notre faiblesse et nous ouvre à Dieu, pour être ouverts les uns aux autres. À travers des aspects et des modalités qui lui sont propres, votre jeûne relève d´une pratique qui est commune au christianisme et à d´autres religions. Ce mois est donc un temps propice pour nous rappeler, Chrétiens et Musulmans, les « liens spirituels qui nous unissent « , selon les paroles du Pape Jean Paul II.
2. L´an 2001 a été proclamé par les Nations Unies » Année Internationale du Dialogue entre les Civilisations « . C´est une occasion pour réfléchir sur les fondements du dialogue, sur ses conséquences et sur les bénéfices que l´humanité pourrait en tirer. Le dialogue des civilisations, le dialogue des cultures, le dialogue des religions sont-ils autre chose que des rencontres entre les hommes en vue de construire une civilisation de l´amour et de la paix ? Nous sommes tous appelés à favoriser ces dialogues sous tous leurs différents aspects, afin d´apprécier les valeurs des autres cultures et des autres religions.
3. Tous ceux qui sont au service des jeunes en matière d´éducation sont certainement conscients de la nécessité de l´éducation au dialogue. Un accompagnement sur les chemins de la vie devrait prendre en considération la préparation nécessaire pour vivre dans une société de pluralisme ethnique, culturel et religieux. Une éducation dans ce sens entend tout d´abord que nous élargissions notre vision vers une perspective toujours plus large, nous rendant capables de regarder au-delà de notre pays, de notre ethnie, de notre tradition culturelle, pour voir l´humanité comme une famille, dans sa diversité et dans ses aspirations communes. C´est une éducation aux valeurs fondamentales de la dignité humaine, de la paix, de la liberté et de la solidarité. Elle inspire le désir de connaître les autres, de compatir avec eux, de comprendre les sentiments les plus profonds qui les habitent. Éduquer au dialogue veut dire susciter l´espoir d´une possibilité de résoudre les situations de conflit par un engagement personnel et collectif. L´éducation au dialogue concerne non seulement les enfants et les jeunes, mais aussi les adultes, car le vrai dialogue est un apprentissage continu.
4. Au mois d´octobre de l´an 1999, une Assemblée interreligieuse sur le thème « Au seuil du troisième millénaire, la collaboration entre les différentes religions » a réuni au Vatican quelque 200 personnes appartenant à environ 20 traditions religieuses. 36 Musulmans venus de 21 pays ont été présents et ont pris une part active aux travaux et à la rédaction du Message final. Ce Message affirmait l´importance de l´éducation dans la promotion de la compréhension, de la coopération et du respect mutuel. Il a également énuméré les conditions et les moyens de cette éducation : le soutien à la famille, l´aide aux jeunes pour former leur conscience, la diffusion d´une information objective sur les religions surtout à travers les manuels d´éducation religieuse, la révision des manuels de l´enseignement de l´histoire, le respect des religions de la part des mass media afin que chacun puisse se reconnaître dans l´image qu´ils renvoient.
5. Le Rapport final de la même Assemblée faisait, lui aussi, référence à l´éducation, clé de la promotion de l´harmonie interreligieuse à travers le respect des différentes traditions religieuses. Est-il besoin de redire ce qu´ont affirmé les participants au sujet de l´éducation ? Elle est un processus qui, outre la connaissance des autres religions, permet d´apprécier autrui par une écoute authentique et une estime véritable. Le plus noble des arts n´est-il pas celui d´apprendre à respecter et à aimer la vérité, la justice, la paix, la réconciliation ?
6. La prière et le jeûne disposent chacun de nous à mieux remplir ses devoirs, dont celui de l´éducation des jeunes générations en matière de dialogue entre les civilisations et les religions. Que Dieu nous aide à réaliser cet objectif de la meilleure manière. En cette occasion, qu´il vous concède la grâce d´une vie sereine et prospère et vous comble de ses bénédictions. Nous sommes sûrs qu´Il écoute la prière qui s´élève vers Lui d´un coeur sincère : pour vous comme pour nous, Il est le Dieu généreux.
Cardinal Francis Arinze, Président