ROME, Jeudi 8 novembre 2001 (ZENIT.org) – Le cardinal Louis-Marie Billé a donné cette homélie lors de la messe d´ouverture de l´assemblée plénière des évêques de France, et à l´occasion du centenaire de la Basilique du Rosaire du sanctuaire de Lourdes, dimanche dernier, 4 novembre (cf. cef.fr)
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– Homélie du Cardinal Billé –
« A mesure qu´il s´avance sur la route de Jérusalem, Jésus annonce le mystère de sa mort et de sa résurrection, et il en donne des signes. « Le Fils de l´homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Ce dont il est question dans cet Évangile, c´est de la mission de Jésus Sauveur, c´est de Jésus, accomplissant sa Pâque pour arracher à sa perte notre humanité, appelée à devenir la demeure de Dieu.
« L´aujourd´hui qui, dans le récit de Zachée, vient par deux fois sur les lèvres de Jésus, désigne évidemment le jour où eut lieu, pour le véritable bonheur d´un homme, sa rencontre avec son sauveur. Mais cet aujourd´hui, c´est l´aujourd´hui de l´ »histoire du Salut, c´est l´aujourd´hui de l´Église, c´est l´aujourd´hui de notre vie à chacun et à chacune, quels que soient notre âge et notre condition, quelles que soient les joies et les peines qui tissent notre existence. « Aujourd´hui, le salut est arrivé ».
« Combien de fois, devant les malheurs, les inquiétudes qui accablent notre monde, combien de fois n´avons-nous pas entendu, n´avons-nous pas dit : « Mais où allons-nous ? Où va notre terre ? » Dans ces questions, il ne nous est pas interdit de lire en filigrane la question qui, au-delà de tous les aléas de l´histoire, au-delà de toutes les duretés de la vie, traduit quelque chose du mystère même de notre humanité : « Ce monde, qui finalement va à sa perte, peut-il être sauvé ? L´homme peut-il être libéré de sa capacité à vouloir le mal? »
« Et voilà que ce récit évangélique de Zachée peut nous faire poser la question autrement, d´une manière quasi absurde : « Y aurait-il une relation possible entre les souffrances de notre humanité, le mal que les hommes se font les uns aux autres, l´obscurité qui voile notre avenir, et cette petite histoire de Zachée, le percepteur, sans doute indélicat, pris au jeu de son heureuse curiosité ? Entre ceci et cela, pourrait-il exister une relation ? La réponse inimaginable à cette interrogation est proposée à notre foi : « Le Fils de l´homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».
« Tout à l´heure, c´était Zachée qui « cherchait ». Il « cherchait à voir qui était Jésus ». Ainsi l´Évangile nous présente-il souvent un homme, des hommes, les hommes, à la recherche du Christ. Ainsi l´Évangile nous donne-t-il toujours à comprendre que ces mêmes hommes sont d´abord cherchés, cherchés par « le Fils de l´homme », cherchés par le Père qui va à la rencontre du fils prodigue, cherchés par le Maître de la vigne, qui veut embaucher des ouvriers à toute heure du jour. Depuis qu´au jardin de la Genèse Dieu, pour la première fois, « appela l´homme et lui dit : où es-tu ? », il n´a pas cessé de chercher de tout son amour prévenant, patient, inlassable. Et « aujourd´hui il faut » que Jésus « aille demeurer » chez Zachée, car des temps nouveaux sont là, la recherche a pris un tour totalement neuf : « Il est venu… »
« On comprend l´urgence dans laquelle Jésus interpelle Zachée : « Vite… Il faut que j´aille demeurer… ». Car là est la place du Fils de Dieu : au cœur des misères et des péchés des hommes. C´est là que doit demeurer l´amour sauveur. Et la mission de l´Église commençait chez Zachée : manifester que demeure cet amour chez tous les Zachée, de toutes les générations et de toute la terre.
« Ici à Lourdes, sous le regard de Marie et guidés par elle – le centenaire de la Basilique du Rosaire nous le rappelle – des hommes et des femmes cherchent le Christ parce que le Christ les cherche.
« Ici à Lourdes, nous, les évêques, nous allons travailler pendant ces jours, en essayant de nous situer au point de rencontre entre la certitude que le Christ est en recherche de nos contemporains et de nos compatriotes, et notre société qui oscille entre l´errance et la recherche.
« Ici à Lourdes, vous qui êtes venus pour chanter ensemble, ce que vous avez d´abord à chanter, c´est la joie du Salut, le bonheur de recevoir aujourd´hui Celui qui est venu loger chez les pécheurs ».