Synode: Un "nouveau départ" et une bonne nouvelle "pour les pauvres" (2)

Homélie de Jean-Paul II, texte intégral

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CITE DU VATICAN, Dimanche 28 octobre 2001 (ZENIT.org) – Voici le texte intégral en français de l´homélie de Jean-Paul II, selon le texte fourni par le secrétariat du synode:

1. « Nous annoncerons aux peuples le salut du Seigneur » (Ps. Resp.)
Ces paroles du Psaume expriment bien l’attitude intérieure qui nous est commune, mes vénérés Frères, au terme de la X Assemblée Ordinaire du Synode des Evêques. Le débat prolongé et approfondi sur le thème de l’épiscopat a renouvelé en chacun de nous la conscience passionnée de la mission qui nous a été confiée par le Seigneur Jésus-Christ. Avec ferveur apostolique, au nom de tout le Collège épiscopal que nous représentons ici, réunis auprès de la tombe de l’apôtre Pierre, nous voulons réaffirmer notre adhésion unanime au mandat du Ressuscité: « Nous annoncerons aux peuples le salut du Seigneur ».

C’est presque un nouveau départ, dans le sillage du Grand Jubilé de l’An 2000 et au début du troisième millénaire chrétien. La première Lecture nous a reporté au climat jubilaire, l’oracle messianique d’Isaïe qui tant de fois a résonné au cours de l’Année Sainte. C’est une annonce chargée d’espérance pour tous les pauvres et les affligés. C’est l’inauguration de l’ »année de grâce du Seigneur » (Is 61, 2), qui a trouvé dans le Jubilé son expression forte, mais qui transcende tout calendrier pour s’étendre partout où arrive la présence du Christ Sauveur et de son Esprit.

En réécoutant aujourd’hui cette annonce, nous nous sentons confirmés dans la conviction exprimée au terme du Grand Jubilé: « La porte vivante qu’est le Christ » est laissée plus que jamais grande ouverte pour les générations du nouveau millénaire (cf. Novo millennio ineunte, 59). C’est le Christ, en effet, l’espérance du monde. La mission de l’Eglise et, de façon toute particulière, des Apôtres et de leurs successeurs, est de diffuser son Evangile jusqu’aux extrémités de la terre.

2. L’exhortation de l’apôtre Pierre aux « anciens », que nous avons écoutée dans la seconde Lecture, ainsi que la péricope évangélique qui vient d’être proclamée, utilisent le symbolisme du Pasteur et du troupeau, en présentant le ministère du Christ et des Apôtres dans une lumière « pastorale ». « Pais le troupeau de Dieu qui t’est confié » écrit saint Pierre, se souvenant du mandat que lui-même avait reçu du Christ: « Pais mes agneaux… Pais mes brebis » (Jn 21,15-16-17). Et, encore plus significative, est l’auto-révélation du Fils de Dieu: « Je suis le bon pasteur » (Jn 10, 11), avec la connotation sacrificielle: « Je donne ma vie pour mes brebis » (cf. Jn 10, 15).

C’est pourquoi Pierre se définit comme un « témoin des souffrances du Christ et qui doit participer à la gloire qui va être révélée » (1 Pi 5, 1). Le Pasteur est, dans l’Eglise, avant tout porteur de ce témoignage pascal et eschatologique qui trouve son sommet dans la célébration de l’Eucharistie, mémoire de la mort du Seigneur et annonce de son retour glorieux. La célébration de l’Eucharistie est, par conséquent, l’action pastorale par excellence: le « Faites ceci en mémoire de moi » comporte non seulement la répétition rituelle de la Cène, mais aussi, comme conséquence, la disponibilité à donner sa vie pour le troupeau, à l’exemple de ce qu’Il a fait durant Sa vie, et surtout dans Sa mort.

3. L’image du Bon Pasteur a été évoquée à plusieurs reprises au cours des ces semaines dans les interventions en Salle synodale. En effet, elle est l’ »icône » qui a inspiré dans les siècles beaucoup de saints Evêques et qui, plus que toute autre, dépeint les tâches et le style de vie des successeurs des Apôtres. Dans cette perspective, on ne peut pas manquer d’observer que l’Assemblée synodale, que nous concluons aujourd’hui, nous relie idéalement à tout le magistère que l’Eglise nous a laissé au cours de son histoire. Il suffit de penser, par exemple, au Concile de Trente, dont nous séparent près de quatre siècles et demi. Parmi les raisons pour lesquelles ce Concile a eu une énorme influence novatrice dans la marche du Peuple de Dieu, il y a eu assurément l’insistance sur la cura animarum comme première et principale tâche des Evêques, engagés à résider de façon stable avec leur troupeau et à se former des collaborateurs valables dans le ministère pastoral au moyen de l’institution des séminaires.

Quatre cents ans plus tard, le Concile Vatican II a repris et développé la leçon du Concile de Trente, en l’ouvrant aux horizons de la nouvelle évangélisation. A l’aube du troisième millénaire, la figure idéale de l’Evêque sur qui l’Eglise continue de compter est celle du Pasteur qui, configuré au Christ dans la sainteté de vie, se dépense généreusement pour l’Eglise qui lui est confiée, en portant en même temps dans son coeur la sollicitude pour toutes les Eglises disséminées sur toute la terre (cf. 2 Co 11, 28).

4. L’Evêque, bon Pasteur, trouve lumière et force pour son ministère dans la Parole de Dieu, interprétée dans la communion de l’Eglise et annoncée avec fidélité courageuse « opportune et importune » (2 Tm 4, 2). Maître de la foi, l’Evêque encourage tout ce qu’il y a de bon et de positif dans le troupeau qui lui est confié, soutient et guide ceux qui sont faibles dans la foi (cf. Rm 14, 1), intervient pour démasquer les falsifications et combattre les abus.

Il est important que l’Evêque ait conscience des défis auxquels doit faire face aujourd’hui la foi dans le Christ à cause d’une mentalité basée sur des critères humains qui, quelquefois, relativisent la loi et le dessein de Dieu. Surtout, il doit avoir le courage d’annoncer et de défendre la saine doctrine, même quand cela comporte des souffrances. L’Evêque, en effet, en communion avec le Collège apostolique et avec le Successeur de Pierre, a le devoir de protéger les fidèles des embûches en tous genres, en montrant dans un retour sincère à l’Evangile du Christ la vraie solution des problèmes complexes qui pèsent sur l’humanité. Le service que les Evêques sont appelés à rendre à leur troupeau sera source d’espérance dans la mesure où il reflétera une ecclésiologie de communion et de mission. Dans les rencontres synodales de ces derniers jours, on a souligné à maintes reprises la nécessité d’une spiritualité de communion. En citant l’Instrumentum laboris, on a répété que « la force de l’Eglise réside dans la communion, sa faiblesse dans la division et l’opposition » (n° 63).

Ce n’est que si l’unité profonde et convaincue des Pasteurs entre eux et avec le Successeur de Pierre, ainsi que des Evêques avec leurs prêtres, est clairement perceptible qu’une réponse crédible pourra être donnée aux défis provenant de l’actuel contexte social et culturel. A ce propos, chers Frères Membres de l’Assemblée synodale, je désire vous exprimer ma reconnaissance et mon appréciation pour le témoignage de joyeuse communion dans la sollicitude pour l’humanité de notre temps que vous avez donné en ces jours.

5. Je voudrais vous prier de porter mon salut à vos fidèles et, de manière spéciale, à vos prêtres, auxquels vous ne manquerez pas de réserver une attention spéciale, en établissant avec chacun d’eux un rapport direct, confiant et cordial. Je sais aussi que déjà vous vous efforcez de le faire, convaincus que vous êtes qu’un diocèse ne fonctionne bien que si son clergé est joyeusement uni, dans la charité fraternelle, autour de son Evêque.

Je vous demande aussi de saluer les Evêques émérites, en leur portant l’expression de ma reconnaissance pour le travail accompli au service des fidèles. J’ai voulu qu’ils soient représentés à cette Assemblée synodale pour réfléchir aussi sur cette question, nouvelle dans l’Eglise, par le fait qu’elle est
née d’un vote du Concile Vatican II, pour le bien des Eglises particulières. J’ai confiance que chaque Conférence épiscopale étudiera comment valoriser les Evêques émérites qui encore sont en bonne santé et riches d’énergie, en leur confiant quelque service ecclésial et, surtout, l’étude des problèmes pour lesquels ils ont de l’expérience et des compétences, en appelant ceux qui sont disponibles à faire partie de l’une ou l’autre Commission épiscopale, aux côtés de leurs Confrères plus jeunes, pour qu’ils se sentent toujours des membres vivants du Collège épiscopal.

Je voudrais enfin envoyer un salut particulier aux Evêques de la Chine continentale, dont l’absence au Synode ne nous a pas empêchés de nous sentir spirituellement proches dans le souvenir et la prière.

6. « Quand paraîtra le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne flétrit pas » (1 Pi 5, 4). En conclusion de cette première Assemblée synodale du troisième millénaire, il m’est agréable de rappeler les quinze Evêques canonisés au cours du vingtième siècle: Alessandro Maria Sauli, Evêque de Pavie; Roberto Bellarmino, Cardinal, Evêque de Capoue, docteur de l’Eglise; Albert le Grand, Evêque de Ratisbonne, docteur de l’Eglise; John Fisher, Evêque de Rochester, martyr; Antonio Maria Claret, Archevêque de Santiago de Cuba; Vincenzo Maria Strambi, Evêque de Macerata et Tolentino; Antonio Maria Gianelli, Evêque de Bobbio; Gregorio Barbarigo, Evêque de Padoue; Juan de Ribera, Archevêque de Valence; Oliver Plunkett, Archevêque d’Armagh, martyr; Justin De Jacobis, Evêque de Nilopoli et Vicaire Apostolique d’Abyssinie; Jean Nepomuceno Neumann, Evêque de Philadelphie; Jérôme Hermosilla, Valentino Berrio-Ochoa et six autres Evêques, martyrs au Viêt-nam; Ezéchiel Moreno y Diaz, Evêque de Pasto (Colombie); Charles Joseph Eugène de Mazenod, Evêque de Marseille. Dans moins d’un mois, en outre, j’aurai la joie de proclamer saint Giuseppe Marello, Evêque d’Acqui.

« De ce cercle élu de saints Pasteurs, qui pourrait être élargi au groupe nourri des Evêques béatifiés, émerge, comme dans une mosaïque, le visage du Christ Bon Pasteur et Missionnaire du Père. Sur cette icône vivante nous fixons notre regard, au début de la nouvelle époque que la Providence ouvre devant nous, pour être avec un engagement toujours plus fort des serviteurs de l’Evangile, espérance du monde.

« Que la Bienheureuse Vierge Marie, Reine des Apôtres, nous assiste toujours dans notre ministère. En tout temps, Elle resplendit à l’horizon de l’Eglise et du monde, comme signe de consolation et d’espérance sûre ».

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ZENIT Staff

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