"Hommes et religions pour la paix": Entrevue avec Andrea Riccardi

Proposition d´un « Pacte pour l´Afrique » pour favoriser le dialogue

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ROME, Mercredi 5 septembre 2001 (ZENIT.org) – La conférence de Barcelone lance la proposition d´un « Pacte pour l´Afrique » pour favoriser le dialogue de paix sur le continent et avec l´Europe, sur un pied d´égalité. Le président ivoirien propose d´organiser la prochaine rencontre à Abidjan. Au coeur des préoccupations des croyants également, la paix en Terre Sainte, souligne Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté Sant´Egidio, organisatrice de la rencontre.

La XVe édition de la Rencontre internationale « Hommes et religions » s´est en effet conclue hier après-midi, 4 septembre, dans la capitale de la Catalogne, Barcelone (Espagne), par la lecture du Message de Jean-Paul II et par la proclamation de l´appel à la paix lancé par les participants.

La cérémonie finale a été marquée par les interventions du cardinal archevêque de Barcelone, Ricardo Maria Carles Gordo, celle du président du Gouvernement catalan, M. Jordi Pujol, et du fondateur de la Communauté Sant´Egidio, M. Andrea Riccardi.

Lors d´une conférence de presse conclusive, le fondateur a souligné deux des résultats positifs de cette rencontre, d´une part la poursuite du dialogue – un dialogue qui doit devenir un art quotidien dans un monde marqué par les conflits, les migrations, les ouvertures au pluralisme -, et d´autre part la présence de l´Afrique: la Côte d´Ivoire, représentée par le président Laurent Gbagbo, qui a demandé que la prochaine rencontre ait lieu à Abidjan.

En Afrique, explique en substance Andrea Riccardi, le problème du dialogue est grand, même s´il prend des colorations différentes. C´est pourquoi, dit-il, depuis Barcelone, a été lancée la proposition d´un « Pacte pour l´Afrique », à un moment où il n´y a plus de politiques européennes pour ce continent, où le dialogue passe à travers des organisations internationale qui souvent sont sans visage, il faut recommencer à négocier sur un pied d´égalité entre Africains et Européens: tel est, pour le fondateur, le « devoir fondamental des Eglises et des religions ».

La dramatique situation de la Terre Sainte a retenu l´attention de la conférence. Riccardi a lancé deux hypothèses: une conférence internationale qui fasse sortir de la difficulté d´un dialogue qui ne réussit pas à mûrir, et une prière commune entre chrétiens, musulmans et juifs pour la Paix en Terre Sainte, de façon à trouver des paroles plus larges que la logique nationale.

La conférence ne pouvait pas non plus ignorer le terrorisme qui ensanglante l´Espagne: Sant´Egidio, affirme Andrea Riccardi, est préoccupée par tous les fondamentalismes religieux, mais aussi ethniques, parce que le lien entre fondamentalisme et terrorisme est « inévitable ». Il répondait aux questions de Radio Vatican.

RV- Quel est votre bilan de la rencontre de Barcelone?
AR – Le bilan est très positif. Le dialogue continue. Il se poursuit en ce nouveau siècle et il le fait parce qu´on n´exclut personne. Le dialogue doit respecter la complexité de ce monde. Le monde a de nombreuses facettes: religieuses, culturelles, ethniques. Les hommes de religion doivent donner l´exemple et vivre la réalité du dialogue qui n´exclut pas, et même d´un dialogue qui grandit. Et année après année, de nouveaux visages viennent s´ajouter.

RV – La paix au Moyen Orient est au centre des préoccupations cette année…
AR – Elle ne pouvait pas être à la périphérie. Nous sommes en Méditerranée. Naturellement elle est au centre pour nous, mais pas en tant que politiques, en tant que croyants. La Communauté Sant´Egidio et moi-même, lors de l´introduction, nous nous sommes posé le problème de savoir si les hommes de religion ne doivent pas trouver une voie différente, trouver une voie pour la paix à Jérusalem. Là où les religions monothéistes ont un grand rendez-vous, c´est un échec retentissant que de voir cette lutte et cette incompréhension.

RV – Dans ce sens, les paroles du grand rabbin d´Israël, Meir Lau, sont encourageantes?
AR – Les paroles du rabbin Lau sont encourageantes. Encourageantes aussi les paroles des amis musulmans. Encourageantes les paroles du pape. Je pense que, d´un point de vue politique, il faut que la communauté internationale assume avec force, réalisme, et avec courage, la situation en Terre Sainte. Et que les religieux fassent leur part.

RV – Ici, le dialogue est très ouvert, alors qu´à Durban, il est en train de se fermer…
AR – J´ai suivi Durban à travers les journaux, je ne peux donner de jugement ni positif ni négatif. Je veux seulement dire qu´ici, nous avons un autre type de dialogue, c´est le dialogue dans l´esprit d´Assise, qui continue depuis 15 ans, et qui a une tradition. Naturellement, nous ne devons pas nous cacher les problèmes qui demeurent.

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ZENIT Staff

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