ROME, Mercredi 25 juillet (Zenit.org) – « Le pape a redonné une dimension morale au débat sur les embryons » déclare, au surlendemain de la visite du président Bush à Castel Gandolfo, le cardinal William Keeler, archevêque de Baltimore, et président de la commission « pro life » des évêques des Etats-Unis. A propos de l´éventuelle création d´embryons en vue du clonage (donc de leur destruction), pour la production de cellules souches, le cardinal a en effet accordé l´entrevue suivante à L´Avvenire.
L´Avvenire – Pourquoi le choix du président est-il si important pour les Etats-Unis?
Card. Keeler – Parce que nous sommes à un tournant. Jusqu´ici nous avons réussi à éviter que le gouvernement, en finançant ce type de recherche, donne l´autorisation officielle de sacrifier la vie au nom de la science. Mais maintenant le débat s´est élargi à tout le Congrès et au pays. Et nous sommes à un pas de la concession des financements. Un changement de ligne politique, avec l´abolition de l´interdiction existante, provoquerait une réaction en chaîne des effets négatifs pour le camp « pro life ».
L´Avvenire – Pourquoi Bush hésite-t-il tellement? S´il est convaincu que la vie commence à sa conception, ne devrait-il pas être sûr de sa position?
Card. Keeler – Certainement, la situation devrait être claire. Mais d´autre part, si nous regardons toutes les pressions reçues par le chef de la Maison Blanche, y compris à l´intérieur de son parti, et si nous analysons la façon dont les media ont traité ce sujet, on se rend compte qu´émarge une vision erronée. Si le président avait décidé tout seul sur la base de ce qu´écrivaient les journaux, il aurait retiré l´interdiction des financements depuis des mois. C´est pourquoi c´était important que le pape fasse entendre sa voix, attirant l´attention sur l´aspect plus négligé du problème.
L´Avvenire – Vous dites que les relations avec la nouvelle administration sont encourageantes. Pourquoi ce jugement positif?
Card. Keeler – En raison de l´attention que le chef de la Maison Blanche réserve aux catholiques, ce qu´il montre aussi par ses gestes. Il y a quelques jours, par exemple, il a consacré sa première visite à New-York à la remise d´une décoration à la mémoire du cardinal O´Connor. Ces dernières semaines, il avait participé à l´inauguration du nouveau centre culturel de Washington qui porte le nom de Jean-Paul II. Ces gestes sont accompagnés aussi de paroles et de prises de position. Dans ses discours, Bush cite souvent les valeurs catholiques, les paroles du pape et la défense de la vie. Nous savons qu´il soutient la peine de mort, mais nous n´avons pas encore eu de débat public approfondi avec lui sur ce thème.
L´Avvenire – Sur l´avortement, il a dit qu´il y était personnellement opposé, mais il a ajouté que le pays n´est pas prêt à l´abolir.
Card. Keeler – Nous devons continuer à soulever le problème, à chaque fois que l´occasion se présente.
L´Avvenire – Certains observateurs disent que l´attention que Bush prête aux les catholiques a des motivations politiques: son objectif serait de conquérir la majorité des votes de ce groupe centriste, qui pourrait être décisif pour les prochaines présidentielles.
Card. Keeler – Je n´entre pas dans la politique. Ce qui intéresse les catholiques, c´est de soulever les questions importantes pour notre foi.
L´Avvenire – Le président a dit que lors de sa rencontre avec le pape, il a discuté de nombreux thèmes internationaux. Comment jugez-vous sa position sur le Moyen Orient, le bouclier de missiles, et l´inclusion des personnes encore exclues des avantages de la globalisation?
Card. Keeler – Il est trop tôt pour juger de sa politique au Moyen Orient, mais nous devons prier pour que non seulement le président mais aussi tous les autres responsables impliqués soit convaincus de la nécessité d´abandonner la violence et de se concentrer sur la paix.
Pour le bouclier de missiles, la récente liaison pour le désarmement nucléaire est encourageante. Quel que soit l´avenir de cette initiative, il serait utile de commencer à discuter d´une réduction plus profonde des arsenaux.
Enfin, le G 8, en dépit des affrontements et des violences, a pris des mesures pour la lutte contre la pauvreté. Avant de partir, Bush avait demandé à la Banque mondiale de transformer la moitié de ses prêts en dons pour le développement. C´est une indication positive et nous verrons si cela se transformera en action concrète.