Tertiaires Minimes: "Une conscience pure plutôt qu´une caisse pleine"

CITE DU VATICAN, Mercredi 2 mai 2001 (ZENIT.org) - "Heureux celui qui se préoccupe davantage d´avoir une conscience pure qu´une caisse pleine": le pape Jean-Paul II souligne, en citant cette "béatitude", les implications sociales et économiques de la règle de vie des Tertiaires minimes fondés au XVIe s. par S. François de Paule. Le pape souligne chez leur fondateur la "perception très claire des changements à l´œuvre dans la société, des changements qui allaient créer, en dehors de l´optique évangélique, des déséquilibres sociaux et économiques dont nous nous plaignons encore aujourd´hui".

Le pape Jean-Paul II a en effet adressé un message, en date du 1er mai au mouvement des laïcs des Tertiaires minimes à l´occasion du Ve centenaire de l´approbation de leur première règle. Les Tertiaires avaient demandé à Jean-Paul I de leur faire parvenir ses encouragements à cette occasion par le Général de l´Ordre, le P. Giuseppe Fiorini Morosini.

C´est ainsi que naissait le mouvement des " Terziari di fr. Francesco di Paola". L´ermite, souligne le pape, apparut ainsi à la fin du XVIe s. comme "un promoteur éminent de la réforme de l´Eglise" et un "imitateur très ardent de Notre rédempteur", selon le mot du pape Alexandre VI le 20 mai 1502. Or des laïcs, gens du peuple ou membre de la noblesse lui demandèrent de pouvoir partager de près sa vie de pénitence, dans l´état du mariage. C´est au cours de l´année sainte 1500 que l´ermite mûrit le projet. C´est aussi dans le sillage du Grand Jubilé de l´An 2000 que Jean-Paul II plaçait cet anniversaire. Le pape rappelait aussi que S. François de Sales et Ste Jeanne de Valois ont été tertiaires Minimes.

Mais il soulignait en particulier l´appel à la pénitence contenu dans la spiritualité du saint. "C´est justement dans l´effort de pénitence et de conversion, disait le pape, que vous trouvez l´actualité et l´originalité de votre mission ecclésiale. L´invitation à faire pénitence adressée par Jésus au début de sa prédication (cf. Mc 1,15), place les baptisés dans la condition d´être dans le monde sans être du monde. C´est pourquoi votre Règle (cf. ch. IV) vous rappelle, avec les paroles de l´apôtre Jean, au détachement affectif du monde: "N´aimez ni le monde ni les choses du monde" (1 Jn 2,15); et avec saint Jacques, elle vous rappelle que "celui qui veut être l´ami du monde se rend ennemi de Dieu" (4,4). L´exhortation explicite à fuir l´usure, les contrats illicites et toute forme d´avarice (cf. Regola, ch. I) met en évidence combien votre fondateur avait alors une perception très claire des changements à l´œuvre dans la société, des changements qui allaient créer, en dehors de l´optique évangélique, des déséquilibres sociaux et économiques dont nous nous plaignons encore aujourd´hui". Le pape rappelle encore cette "béatitude" du fondateur: "Heureux celui qui se préoccupe davantage d´avoir une conscience pure qu´une caisse pleine" (Regola, ch. IV).

Citant le conseil, le pape dégage le sens de cet effort de pénitence: "mortifier" et "trancher" les liens "qui risquent de nous rendre esclaves du mal". Il insiste sur "l´importance du combat spirituel, vécu dans la prière, dans la contemplation du visage du Christ et l´ascèse intérieure". Mais il ne s´agit pas pour autant d´une "spiritualité intimiste", remarque Jean-Paul II. La pénitence pousse en effet, dit-il, au "partage avec vos frères les plus dans le besoin", à une "charité active". C´est pourquoi le pape les invitait à accueillir son appel, dans Tertio millennio ineunte, à une "charité imaginative". Mais il insiste également sur le recours au sacrement de la réconciliation et la fréquentation de la messe dominicale.

Enfin, le pape invitait les Tertiaires à "témoigner qu´il est possible de construire une fraternité universelle, selon le projet de Dieu. "Fraternité", c´est en effet le nom de leurs groupes locaux à l´intérieur desquels les "frères" sont "appelés à être des instruments de pardon, de réconciliation et de paix" (cf. Regola, ch. VII). Cette "fraternité apostolique", le pape les encourageait à la vivre également avec les Frères du Premier Ordre et les Moniales du Second Ordre, dont ils partagent le charisme, dans l´esprit de leur participation au dernier chapitre du Premier Ordre".