CITE DU VATICAN, Jeudi 21 mai 2001(ZENIT.org) – La sainteté n´est pas le fait d´un groupe de « happy few » hors du commun, c´est le chemin normal de tout baptisé, et la catéchèse du IIIe millénaire a pour tâche d´enseigner ce chemin, ont affirmé ce matin plusieurs cardinaux. Le cardinal Saraiva Marins parlait même d´ère de la « mondialisation » de la sainteté.
Les thèmes majeurs
Parmi les 16 interventions des premiers orateurs de ce 6e consistoire du pontificat, un thème est revenu soit comme central, soit comme thème secondaire, celui de la sainteté, qui est le second point du document de travail des cardinaux. Les autres thèmes étant: l´unité dans l´Eglise (et l´unité avec le pape, son rôle), les moyens de communication sociale et l´évangélisation, la mondialisation de la sainteté, l´identité chrétienne et la catéchèse (le dialogue entre foi et culture), la famille, la nature missionnaire de l´Eglise.
Sans le coup de « gong »
Les cardinaux présents étaient 155 (sur 183), les cardinaux absents étant excusés en raison de leur age ou de la maladie. Les interventions étaient traduites simultanément en 5 langues (français, anglais, espagnol, allemand, italien). Elles ont duré entre 6 et 9 minutes, le signal du seuil de 8 minutes habituel pendant les synodes n´étant pas utilisé. Le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, M. Navarro Valls a présenté une synthèse des interventions du matin lors d´une rencontre avec les journalistes.
M. Navarro Valls citait d´emblée la phrase de Jean-Paul II: nous en sommes à la « mise à feu » des objectifs missionnaires de l´après-jubilé.
Un chrétien normal
En relation avec le passage de la Lettre de Jean-Paul II rappelant l´appel universel à la sainteté contenu dans Lumen Gentium, le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, soulignait l´urgence de faire comprendre à tous les catholiques que la sainteté est la situation « normale » de tous les chrétiens, pas une chose « extraordinaire ». Il invoquait son expérience des procès de béatification ou de canonisation, et disait assister à la « mondialisation de la sainteté dans l´Eglise ».
Audace pastorale
Le cardinal Jaime Ortega y Alamino, archevêque de La Havane (Cuba), soulignait pour sa part que c´est le rôle de la hiérarchie de présenter la sainteté comme thème pour toute l´Eglise avec une audace pastorale nouvelle.
En état de mission
L´Etat « normal » de l´Eglise rappelait pour sa part le cardinal Jozef Tomko, préfet émérite de la Congrégation vaticane pour l´Evangélisation des Peuples, c´est « l´état de mission ». Car la mission, rappelait-il fait partie de l´identité de l´Eglise. Mais quelle mission? Dans l´Eglise, disait-il en substance, il ne s´agit plus de faire de la « manutention » (réparer les canalisations etc., commentait M. Navarro Valls), mais d´être « en mission ». La mission est aussi la situation « normale » de tous dans l´Eglise.
Directoire catéchétique
Pour ce qui est de ce thème de l´évangélisation, le cardinal Roger Mahony, archevêque de Los Ángeles (EE. UU.), demandait quant à lui l´élaboration, au niveau de l´Eglise universelle, et vue l´importance de ce concept, d´un « Directoire catéchétique » pour la nouvelle évangélisation, utilisable dans les diocèses.
La « charité interreligieuse ».
Une troisième situation a été évoquée comme « normale » sur le terrain: le « dialogue de la charité » tel qu´il est vécu au Liban. Pour le patriarche d´Antioche des Maronites, le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir (Liban), la question du dialogue interreligieux est vécue dans un contexte difficile et très diversifié comme celui du Liban à partir de ce qu´il appelait la « charité interreligieuse ». Sur le terrain, c´est une chose vécue comme normale que de s´entr´aider entre membres de communautés religieuses différentes, aussi bien au niveau des responsables que des fidèles. Lorsque des familles sont en difficulté, dans des situations de grande pauvreté, cette solidarité est « normale ».
Solidarité sociale
Une autre « mondialisation » retenait l´attention du collège des cardinaux, celle de la « solidarité sociale » thème central de l´intervention de deux cardinaux. En effet, disaient-ils en substance, la mondialisation n´est ni un mal ni un bien en soi, mais un fait. Pour que ce soit un bien il faut qu´elle s´accompagne de la mondialisation de la solidarité sociale. Et cela représente un « grand défi » dans le manque actuel de sensibilité à cette solidarité sociale, insistaient les pasteurs.
Défi social du millénaire: la famille
Un autre thème était identifié par le cardinal Francisco Álvarez Martínez, archevêque deTolède (Espagne), comme le grand défi « social » du IIIe millénaire: la famille. L´originalité de cette perspective c´est qu´elle n´abordait pas d´abord le thème du point de vue de la morale, en particulier la morale sexuelle et familiale, mais présentait la famille comme l´urgence sociale actuelle dans le monde. Et ceci sous tous ses aspects, y compris éthiques, mais aussi affectif, anthropologique, etc. Il en va de l´inculturation du message évangélique: le rapport foi et culture se joue dans la famille. La clef: l´amour dans les relations interpersonnelles.
L´unité et Pierre
L´unité à l´intérieur de l´Eglise a retenu l´attention de différents cardinaux dont le cardinal Eugênio de Araújo Sales, archevêque de Río de Janeiro, en particulier sous l´angle de l´unité avec le pape, et du rôle du pape dans Eglise catholique. Le cardinal disait en particulier que « la fidélité au pape et l´unité avec lui font partie de la foi catholique intégrale ».
Media et annonce du Christ
Le thème des mass media, au service de l´évangélisation, était traité par différentes interventions dont celle du cardinal William Henry Keeler, archevêque de Baltimore (EE. UU.) qui citait à ce propos « Redemptoris missio ». Le pape y souligne qu´il ne s´agit pas tant d´utiliser les media, mais de participer à la culture des media, très complexe. Les media ne sont pas seulement des moyens, mais ils ont une incidence sur tout l´homme, comme sur la psychologie par exemple. Ils constituent cet « aréopage » moderne auquel les apôtres d´aujourd´hui s´adressent, comme autrefois Paul à Athènes. Le cardinal situait en effet la question dans le cadre de la nouvelle évangélisation et de la nécessité de faire connaître Jésus Christ.
Culture et foi
Enfin, plusieurs interventions ont abordé le thème de l´identité catholique dans la diversité des modèles culturels et religieux actuels. Il s´agit de trouver une éducation, une catéchèse, qui permettent de la déployer, et ceci dans toute les cultures.
Le pape Jean-Paul II n´a pas fait de commentaires. Il a simplement souhaité un bon déjeuner aux cardinaux après la prière du Regina Caeli. Les travaux devaient reprendre de 17 h à 19 h 30, avec l´allocution du cardinal Lustiger et la suite des exposés des cardinaux: 12 d´entre eux avaient déjà demandé à prendre la parole le matin. Les inscriptions étant prises au fur et à mesure.
Sont intervenus ce matin, les cardinaux: Eugênio de Araújo Sales (archevêque de Río de Janeiro), Nasrallah Pierre Sfeir (patriarche d´Antioche ds Maronites, Líban), Luis Aponte Martinez (archevêque de San Juan de Porto Rico), William Henry Keeler (archevêque deBaltimore, EE. UU.), Roger Mahony (archevêque de Los Ángeles, EE. UU.), Theodore Edgar McCarrick (archevêque de Washington, EE. UU.), Bernard Francis Law (archevêque de Boston, EE. UU.), Darío Castrillón Hoyos (préfet de la Congrégation vaticane pour le Clergé), Jaime Ortega y Alamino (archevêque de La Havane, Cuba); Francisco Álvarez Martínez (archevêque deToledo, Espagne), Julius Riyadi Darmaatmadja (archevêque deDjakarta, Indo
nésie), Jozef Tomko (préfet emérite de la Congrégation vaticane pour l´Evangaalisation des Peuples), José Saraiva Martins (préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints), Cláudio Hummes (archevêque de Sao Paolo, Brasil), Agostino Cacciavillan (président de l´Administration du Patrimoine du Siège Apostolique, APSA).
Rappelons que les cardinaux français sont présents à ce consistoire: deux cardinaux de la curie, le cardinal Roger Etchegaray, président du Grand Jubilé, et le cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical de la culture, ainsi que les cardinaux de France, le cardinal Louis-Marie Billé, archevêque de Lyon, et président de la conférence des évêques de France, le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, le cardinal Pierre Eyt, archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean Honoré, archevêque émérite de Tours.