ROME, Mardi 14 novembre 2006 (ZENIT.org) – « Que le pétrole, ressource non renouvelable, serve au bien de tous, en tenant compte de l’avenir des nouvelles générations », souhaite l’archevêque d’Abuja, au Nigeria.

L’Eglise nigériane souhaite la transparence et l’honnêteté dans la gestion de la manne pétrolifère locale et demande qu’elle soit utilisée pour le réel développement du pays, annonce l’agence Fides, organe de la congrégation pour l’Evangélisation des Peuples. Tel est le sens de l’intervention de Mgr John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, à la réunion de la Conférence épiscopale nigériane qui avait comme thème « Mettre la richesse en pétrole et en gaz au service du Bien commun », les 2 et 3 novembre dans la capitale, Abuja.

En effet, dans son intervention, envoyée à l’agence vaticane Fides, l’archevêque se hâte de préciser que la plus importante richesse d’une nation est son peuple : « les nigérians sont pleins de ressources, très motivés : c’est notre plus grande richesse ». Une richesse seulement potentielle parce que, dit Mgr Onaiyekan, « dans une nation où un grand nombre de jeunes diplômés erre par les rues pendant des années faisant des travaux sous payés, comme vendre des cartes téléphoniques et des journaux, il y a quelque chose qui ne tourne pas ».

L’archevêque souligne que face au grave problème du chômage et du sous emploi « le gouvernement a été pratiquement réduit à la seule manipulation de la richesse pétrolifère. Il semble que personne ne se préoccupe de savoir si les nigérians ont un travail ou non. Ainsi dépensons-nous toutes nos ressources pour acheter dans le monde entier des biens produits par d’autres populations, tandis que nos usines sont laissées à l’abandon ».

L’importance des ressources humaines, selon l’archevêque, est démontrée par le fait que « certaines nations qui se trouvent au premier rang dans l’économie mondiale ont peu ou aucune ressources naturelles. Le Japon, Singapour et Hong Kong en sont des exemples. On peut remédier au manque de ressources naturelles, si la population est ingénieuse ».

« Mais un pays riche en ressources naturelles, dont la population n’est pas bien dirigée, ne pourra pas donner beaucoup. Notre pays en est un bon exemple », affirme Mgr Onaiyekan qui cite les données publiées récemment par l’hebdomadaire britannique The Economist selon lequel malgré les milliards de dollars tirés du secteur pétrolifère des années 70 à aujourd’hui, la situation des nigériens a empiré par rapport aux années 80 ; 71% des nigériens vivent avec moins d’1 dollar par jour, la mortalité infantile est élevée et le pays réussira difficilement à atteindre les objectifs de développement du millénaire fixés par les Nations Unies pour 2015.

« C’est seulement après que nous aurons apprécié l’importance de nos ressources humaines que nous pourrons regarder nos ressources naturelles, pétrole et gaz inclus » affirme l’archevêque qui précise que par ressources naturelles il faut entendre non seulement les hydrocarbures mais aussi l’agriculture (qui a été négligée pendant des décennies, alors qu’il y aurait d’énormes potentiels), le carbone et l’étain : « Notre nation ferait bien de diversifier nos sources de richesse, donnant une plus grande attention aux différentes ressources minérales dont notre pays a été béni ».

En ce qui concerne le pétrole et le gaz, Mgr Onaiyekan rappelle qu’ « ils ne sont pas renouvelables ». Ce que nous prenons aujourd’hui ne sera plus disponible pour les générations qui suivront. Nous avons donc une responsabilité vis-à-vis des générations futures, quant à la façon dont nous exploitons les ressources pétrolifères ». Les produits de l’industrie des hydrocarbures doivent être destinés au secteur éducatif et sanitaire, pour construire des habitations et des infrastructures vitales pour le Pays, comme les transports et les télécommunications. « Et puis, à quel prix exploitons-nous le pétrole ? » demande Mgr Onaiyekan citant la rébellion des populations du Delta du Niger causée par « une exploitation négligée du pétrole sans respect pour l’environnement et par conséquent pour les années à venir ».

« Au lieu de parler de boom pétrolifère beaucoup préfèrent parler de désastre (« doom » en anglais) » affirme l’archevêque dans ses conclusions. Pour sortir de cette situation, il faut donc un effort moral qui permette d’avoir une classe politique honnête et capable de défendre les vrais intérêts de la nation contre l’exploitation du pétrole local par des étrangers intéressés seulement à optimiser les profits.