ROME, Mercredi 25 janvier 2006 (ZENIT.org) – La première encyclique de Benoît XVI, « Deus Caritas est », est « programmatique », et elle constitue une « réflexion profonde et lumineuse sur l’amour chrétien », souligne le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix, qui présidait à midi, en la salle de presse du Saint-Siège la présentation du document, entouré de Mgr Williams Levada, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi et du président de Cor Unum, Mgr Paul Josef Cordes. La coordination était assurée par le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls.
Pour ce qui est de la rédaction de l’encyclique M. Navarro Valls a indiqué que le pape, au cours de son séjour dans les Alpes, l’été dernier, a achevé un livre, disant qu’il attendait d’être à Castelgandolfo pour travailler à son encyclique. Il a achevé son texte en décembre, il a fallu environ un mois pour mettre au point les traductions.
Démentant certaines présentations dans les media italiens, le cardinal Martino a défini cette encyclique comme « programmatique », « au sens le plus élevé du terme », parce que le pape y invite les baptisés à « aller au cœur de la foi chrétienne ».
Le cardinal Martino soulignait également que l’encyclique est parcourue par un grand « souffle spirituel », en particulier dans sa première partie.
Devant le risque d’un « activisme social et caritatif sans âme », le pape, faisait-il remarquer, appelle chacun à « cultiver les raisons et les motivations spirituelles » qui découle du fait d’être « Eglise » et « chrétiens », ce qui donne « sens et valeur au faire et à l’agir ».
Le cardinal Martino a ensuite évoqué le passage où le pape évoque le lien entre la justice et la charité, et donne des orientations sur les compétences respectives de l'Eglise et de l'Etat en matière de justice sociale.
Le pape mentionne souvent, souligne le président de Justice et Paix, l’enseignement social de l’Eglise, surtout aujourd’hui, alors que le « songe marxiste s’est évanoui ». Mais aujourd’hui, la mondialisation comporte de nouveaux défis.
Le pape enracine ainsi l’enseignement social de l’Eglise « dans la foi et dans l’action purificatrice de la raison ».
Pour le cardinal Martino, un passage clef de l’encyclique est cette affirmation que « la tâche de l’Eglise et de son enseignement social, pour la construction d’un ordre social juste » consiste à « réveiller les forces spirituelles et morales », en particulier pour promouvoir le bien commun.
« En tant que citoyens de l’Etat, [les chrétiens] sont appelés, soulignait-il en citant l’encyclique, à participer à la vie publique. Ils en peuvent pas pour autant abdiquer l’action économique, sociale, législative, administrative et culturelle, multiple et diversifiée, destinée à promouvoir le bien commun de façon organique et institutionnelle ».
Le cardinal Martino insistait sur ce message du pape: « La charité doit animer toute l’existence des fidèles laïcs et donc aussi leur activité politique, vécue en tant que charité sociale ».
Le pape, a poursuivi le président de « Justice et Paix », invite ainsi « une spiritualité qui refuse aussi bien le spiritualisme intimiste que l’activisme social et qui sache s’exprimer dans une synthèse vitale qui confère unité, signification et espérance de l’existence ».
Le pape, disait-il, rappelle que la construction d'un ordre social et politique juste est une préoccupation majeure de l'Eglise, et qu’en même temps « l'Eglise a le devoir d'offrir sa propre contribution, par une purification de la raison et une formation éthique, afin que les exigences de la justice soient perceptibles et réalisables politiquement ».
Selon le pape, continuait le cardinal Martino, avec son enseignement social, l'Eglise « participe à la construction d'un ordre social juste, en réveillant les forces spirituelles et morales ».
Les fidèles laïcs sont ainsi « appelés en tant que citoyens à participer à la vie publique » : ils ont la mission de « s'engager dans la société (...) en coopérant avec tous en respectant les compétences et responsabilités de chacun ».
Il insistait sur le fait que la présence du laïc dans la société constitue « un service, un signe de la charité qui se manifeste dans la vie familiale, culturelle, professionnelle, économique et politique ».
Il concluait par ce paragraphe de l’encyclique: « L’amour – caritas – sera toujours nécessaire, même dans la société la plus juste. Il n’y a aucun ordre juste de l’État qui puisse rendre superflu le service de l’amour. Celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir de l’homme en tant qu’homme. Il y aura toujours de la souffrance, qui réclame consolation et aide. Il y aura toujours de la solitude. De même, il y aura toujours des situations de nécessité matérielle, pour lesquelles une aide est indispensable, dans le sens d’un amour concret pour le prochain. L’État qui veut pourvoir à tout, qui absorbe tout en lui, devient en définitive une instance bureaucratique qui ne peut assurer l’essentiel dont l’homme souffrant – tout homme – a besoin : le dévouement personnel plein d’amour ».
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Jan 25, 2006 00:00