Le pape François lance un appel pour le Moyen-Orient ce 28 novembre devant les autorités musulmanes turques, au premier jour de son voyage apostolique en Turquie (28-30 novembre 2014).
Arrivé à Ankara en début d'après-midi, le pape François a rencontré les autorités du pays, puis s'est rendu à la « Diyanet », le bureau des affaires religieuses, qui est la plus haute autorité musulmane sunnite du pays.
Il a été accueilli aux alentours de 16h45 par le président de la Diyanet, M. Mehmet Görmez, avec lequel il a eu un entretien privé. Puis le pape a prononcé son deuxième discours de la journée devant des leaders politiques et religieux, musulmans et chrétiens.
Il s'est réjoui de la collaboration entre la Diyanet et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux car « chaque initiative de dialogue authentique est signe d’espérance pour un monde qui a tant besoin de paix, de sécurité et de prospérité ».
« Les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux revêtent en effet une grande importance » en montrant « que le respect mutuel et l’amitié sont possibles, malgré les différences », a-t-il expliqué.
Ce qui est nécessaire à une époque « de guerres qui sèment victimes et destructions ; detensions et confits interethniques et interreligieux ; de faim et pauvreté qui affligent des centaines de millions de personnes ; de dégâts pour l’environnement naturel, pour l’air, pour l’eau, pour la terre ».
Le pape a particulièrement exprimé sa préoccupation pour le conflit « vraiment tragique » au Moyen-Orient, « spécialement en Irak et en Syrie » où « la situation humanitaire est angoissante » : « Je pense à tant d’enfants, aux souffrances de tant de mamans, aux personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, aux violences de toutes sortes. »
Il a dénoncé les « violences inhumaines » de l’État islamique, contre « des communautés entières, spécialement les chrétiens et les yazidis », qui « à cause de leur identité ethnique et religieuse », ont été « chassés de force de leurs maisons, ont dû tout abandonner pour sauver leur vie et ne pas renier leur foi ».
« La violence a frappé aussi des édifices sacrés, des monuments, des symboles religieux et le patrimoine culturel, comme si on voulait effacer toute trace, toute mémoire de l’autre », a dénoncé le pape.
Pour résoudre ce conflit, il a appelé « la collaboration de toutes les parties : gouvernants, leaders politiques et religieux, représentants de la société civile, et tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté » et en particulier, « les responsables des communautés religieuses ».
Il a expliqué la responsabilité de ces derniers : « En qualité de chefs religieux, nous avons l’obligation de dénoncer toutes les violations de la dignité et des droits humains. La vie humaine, don de Dieu Créateur, possède un caractère sacré. Par conséquent, la violence qui cherche une justification religieuse mérite la plus forte condamnation, parce que le Tout-Puissant est le Dieu de la vie et de la paix. Le monde attend, de la part de tous ceux qui prétendent l’adorer, qu’ils soient des hommes et des femmes de paix, capables de vivre comme des frères et des sœurs, malgré les différences ethniques, religieuses, culturelles ou idéologiques. »
Le pape a souligné que les musulmans et les chrétiens étaient « dépositaires d’inestimables trésors spirituels », parmi lesquels des éléments communs comme « l’adoration du Dieu miséricordieux, la référence au patriarche Abraham, la prière, l’aumône, le jeûne… ».
Il a encouragé à « reconnaître et développer cette communauté spirituelle pour promouvoir et défendre dans la société les valeurs morales, la paix et la liberté » : « La reconnaissance commune de la sacralité de la personne humaine soutient la compassion commune, la solidarité et l’aide active envers ceux qui souffrent le plus. »