Visite du pape François à l’Église évangélique de Rome

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La proximité manifestée à notre frère (traduction complète)

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L’Église luthérienne évangélique de Rome, via Sicilia, a reçu la visite du pape François, dimanche soir, 15 novembre : elle avait reçu la visite du pape émérite Benoît XVI le 14 mars 2010 et celle de saint Jean-Paul II, le 11 décembre 1983. Comme Benoît XVI, le pape a été reçu par Jens-Martin Kruse, pasteur de cette communauté.

Voici notre traduction complète de l’homélie préparée par le pape François, publiée par le Saint-Siège et communiquée à la communauté évangélique.

Mais le pape a prononcé son allocution d’abondance du cœur et nous publions ici les paroles qu’il a prononcées.

Notre traduction de l’échange qui a suivi, avec la communauté évangélique, se trouve ici.

« Nous serons jugés sur la base de la proximité que nous manifestons à notre frère dans sa situation réelle, dans sa condition de vie », écrit notamment le pape François. C’est pourquoi il souligne que « si nous voulons que l’œcuménisme ait un avenir il nous faut absolument partir des préoccupations et des problèmes de l’homme aujourd’hui ».

« Un autre aspect très important pour avancer vers l’unité est de retrouver toute la richesse de la prière commune », ajoute le pape.
Il évoque le Jubilé de la miséricorde en disant : « Je vous invite à nous accompagner dans ce cheminement, en communion œcuménique, à Rome et dans toutes les Eglises et communautés locales, afin que celui-ci puisse être, pour tout le monde, un bon moment pour redécouvrir la miséricorde de Dieu et la beauté de l’amour porté à nos frères. »

Le 18 décembre dernier, le pape avait reçu au Vatican une délégation de l’Eglise évangélique luthérienne allemande conduite par l’évêque Gerhard Ulrich. Il avait prononcé un discours en allemand.

A.B.

 

Homélie du pape François

Chères sœurs et chers frères dans le Seigneur,

La rencontre d’aujourd’hui nous permet de partager un moment de prière fraternel, et l’occasion aussi de réfléchir à nos relations et à la situation œcuménique en général.

Nous pouvons commencer par remercier le Seigneur de tous les pas que nous avons réussi à faire vers l’unité, même si nous avons conscience que la route à parcourir est encore longue.

Aujourd’hui, le mouvement œcuménique est devenu un élément fondamental de la vie de nos communautés. Pour tant de personnes, de différentes générations, les progrès que l’on fait dans le domaine œcuménique sont devenus un objectif pour lequel il vaut la peine de s’engager de manière stable. Tant d’hommes et de femmes sont prêts à coopérer pour surmonter ensemble les divisions encore présentes entre nous chrétiens. Au niveau local, nous vivons un œcuménisme bien vivant. En dehors de nos communautés aussi, hommes et femmes de notre temps sont à la recherche d’une foi vécue de manière authentique. Et cette recherche constitue aussi le motif principal du progrès œcuménique.

Si nous voulons que l’œcuménisme ait un avenir il nous faut absolument partir des préoccupations et des problèmes de l’homme aujourd’hui. Il s’agit tout d’abord de se reconnaître mutuellement en tant que communautés de croyants à la recherche du Royaume de Dieu et de sa justice, sachant qu’en faisant cela nous recevrons tout le reste (cf. Mt 6,33). Dans ce cheminement commun, nous pouvons apprendre les uns des autres, nous soutenir, nous encourager et vivre les dons d’une foi vécue comme une richesse et source d’énergie.

L’évangile que nous venons d’écouter nous propose à nouveau la parabole du Jugement dernier (cf. Mt 25,31-46). Il nous rappelle que nous serons jugés sur la base de la proximité que nous manifestons à notre frère dans sa situation réelle, dans sa condition de vie. Cela suppose une capacité d’attention, de compassion, de partage, de service. Cette manière d’être Église, le Concile Vatican II la décrit dans les paroles d’introduction de la Constitution pastorale Gaudium et spes : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ » (n° 1). Telle est aussi la vocation et la mission œcuménique des catholiques et des luthériens et de tous les chrétiens : cet engagement au service de la charité, surtout envers les plus petits et les plus pauvres, rend crédible notre appartenance au Christ. Dans le cas contraire, cette appartenance risque d’être compromise par les divisions et les conflits entre les Églises et entre les croyants. Nous pouvons assumer ensemble les joies et les peines de la diaconie de la charité en collaborant encore plus au niveau œcuménique. Nous pouvons le faire avec les enfants, les personnes âgées les plus défavorisées, avec les réfugiés et avec tous ceux qui ont besoin de soins et d’attention.

Un autre aspect très important pour avancer vers l’unité est de retrouver toute la richesse de la prière commune, des textes liturgiques et des différentes formes de culte. Les célébrations de la Parole, comme par exemple la liturgie œcuménique des Heures. La lecture commune de la Bible entre spécifiquement dans le domaine de l’œcuménisme spirituel. Et je rappelle en particulier la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la Journée de prière œcuménique pour la sauvegarde de la Terre, le 1er septembre de chaque année, et d’autres moments que votre communauté organise déjà assidûment avec divers partenaires œcuméniques. Par ailleurs, luthériens et catholiques, éclairés par le même baptême, sont appelés à poursuivre le dialogue théologique. Après 50 ans de dialogue œcuménique, les efforts accomplis montrent que tout ce qui nous unit est déjà beaucoup plus que ce qui nous divise encore. Nous sommes continuellement à la recherche d’une connaissance plus profonde de la vérité divine. L’expérience des dernières décennies nous montre que nous devons persévérer dans nos efforts, pour découvrir ensemble de nouveaux aspects de la révélation divine et pouvoir en témoigner ensemble, selon la volonté du Seigneur. Cette confiance dans le dialogue nous permettra d’approfondir des sujets ayant trait à l’Église, à l’Eucharistie et au Ministère.

Il est fondamental aussi, me semble-t-il, que l’Église catholique persévère courageusement dans ses efforts visant une réévaluation attentive et honnête de la Réforme et de la figure de Martin Luther, dans le sens d’une « Ecclesia semper reformanda », dans le sillage laissé par les conciles, mais aussi par des hommes et des femmes, animés de la lueur et de la force de l’Esprit Saint. Le récent document de la commission luthéro-catholique pour l’unité, « Du conflit à la communion – Commémoration luthéro-catholique commune de la Réforme en 2017 », a affronté et réalisé cette réflexion de manière prometteuse. Donc, l’œcuménisme entre catholiques et luthériens est une condition fondamentale pour un témoignage convaincant de notre foi en Jésus Christ face aux hommes de notre temps et ses piliers sont : la prière commune, le partage diaconal avec les pauvres, le dialogue théologique.

Bientôt s’ouvrira le Jubilé de la miséricorde. Je vous invite à nous accompagner dans ce cheminement, en communion œcuménique, à Rome et dans toutes les Églises et communautés locales, afin que celui-ci puisse être, pour tout le monde, un bon moment pour redécouvrir la miséricorde de Dieu et la beauté de l’amour porté à nos frères.

Que le Seigneur vous bénisse et nous garde dans sa paix.

< p>© Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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