Cardinal Stella © Wikimedia commons

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Une formation renouvelée pour les prêtres du XXIe siècle

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Décret de la Congrégation pour le clergé

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Ni hypocrites ni rigides, ayant le sens de la beauté : un document de la Congrégation pour le clergé brosse le portrait-robot des prêtres de demain, et balise l’itinéraire de leur formation et de l’accompagnement au sacerdoce ministériel. Il indique les qualités à cultiver et rappelle que le prêtre n’est pas l’homme du « faire » mais de « l’écoute », n’est pas un « comptable » mais un « bon samaritain ».
« Le don de la vocation presbytérale » (Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis) : c’est le titre du « décret », approuvé par le pape François, sur le sacerdoce ordonné, publié avec L’Osservatore Romano en italien du 8 décembre 2016, et émanant de la Congrégation pour le clergé. Il est signé par son préfet, le cardinal Beniamino Stella, par le Secrétaire de ce dicastère, Mgr Joël Mercier, par le secrétaire chargé des séminaires, Mgr Jorge Carlos Patron Wong et par le sous-secrétaire du dicastère, Mgr Antonio Neri. Il s’agit d’une mise à jour des instructions de 1985 qui expose  les exigences de la formation des séminaristes en vue du sacerdoce ministériel. Il s’agit en quelque sorte de garantir les conditions d’accueil de ce « don » de l’appel de Dieu. Rappelons que le synode des évêques de 2018 sera consacré aux jeunes et parlera aussi de la pastorale des vocations, du discernement de ce « don ».
Ce document de 93 pages en français (format A4) comporte 8 chapitres : Normes générales, Vocations sacerdotales, Fondements de la formation (identité presbytérale, configuration au Christ, accompagnement personnel et communautaire…), Formation initiale et permanente, Dimensions de la formation (humaine, spirituelle, intellectuelle, pastorale), Acteurs de la formation, Organisation des études, Critères et normes (admission, renvoi, abandon, santé physique et psychique, personnes ayant des tendances homosexuelles, protection des mineurs, accompagnement des victimes…).
Le cardinal Stella souligne qu’il est apparu nécessaire de « relancer, renouveler, mettre au centre » la formation sacerdotale, sous l’impulsion du pape François « avec la spiritualité et la prophétie qui caractérisent sa parole ».
Le document souligne que le pape s’est adressé « souvent » aux prêtres, « leur rappelant que le prêtre n’est pas un fonctionnaire mais un pasteur (n. 84) oint pour le Peuple de Dieu, qui a leur cœur plein de compassion et miséricordieux du Christ pour les foules fatiguées et lasses ».
Il diagnostique les tentations spécifiques à l’exercice du sacerdoce ministériel: l’expérience de « la faiblesse personnelle », « le risque de se sentir fonctionnaire du sacré », « le défi de la culture contemporaine », « l’attraction du pouvoir et de la richesse », « le défi du célibat », « le dévouement total au ministère » qui peut s’émousser avec le temps (n. 84).
Et le n. 88 insiste sur la dimension « fraternelle » de la vie sacerdotale.
Parmi les qualités à cultiver : « l’humilité, le courage, le sens pratique, la magnanimité de cœur, la droiture du jugement et le discernement, la tolérance et la transparence, l’amour de la vérité et l’honnêteté » (n. 93).
Le document insiste spécialement sur le don de « l’écoute » : « Pour pratiquer le discernement pastoral, il faut mettre au centre de sa vie l’écoute évangélique qui libère le pasteur de la tentation d’être abstrait, de faire « cavalier seul », d’être trop sûr de soi, et de cette attitude froide et sèche qui ferait de lui un « comptable de l’esprit » plutôt qu’un « bon samaritain » » (n. 120).
Et cette écoute protège aussi le prêtre d’être un homme du « faire », dans ce passage finalement très « marial » : « Le pasteur apprendra à sortir de ses certitudes préconçues, et ne considèrera pas le ministère comme une série de choses à faire, ou de normes à appliquer, mais il fera de sa vie un « lieu » d’accueil et d’écoute de Dieu et de ses frères » (n. 120).
Le chapitre sur la « formation humaine » recommande l’accompagnement du futur prêtre y compris pour le souci de sa santé,  de son alimentation, de son activité physique et du repos.
Des normes de 2005 sont confirmées : un candidat ayant des tendances homosexuelles (nn. 199-201) – pas seulement « transitoires » – ne peut être admis à l’ordination diaconale : le seul « désir » d’être prêtre ne suffit pas, il n’y a pas de « droit » à l’ordination sacrée, le discernement revient à l’Eglise qui accompagne les candidats à l’ordination.
Pour ce qui est de la protection des mineurs et des adultes vulnérables, un chapitre qui reflète les exigences mises en place par Benoît XVI et par le pape François, les accompagnateurs devront s’assurer que le candidat ne soit pas impliqué dans « des délits ou des situations problématiques dans ce domaine » (n. 202).
D’autre part, qui « aurait subi des expériences douloureuses en la matière » devra recevoir l’accompagnement nécessaire.
Les cours devront prévoir une formation des futurs prêtres sur la protection des mineurs et des adultes vulnérables.
En conclusion le document rappelle que le concile Vatican II a recommandé aux prêtres (Presbyterorum Ordinis 18) de voir en Marie le « modèle parfait de leur existence ». Le document porte en effet la date du 8 décembre 2016, solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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