Un cadeau du “peuple de Chine” aux Musées du Vatican

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L’art au service de la diplomatie

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Deux tableaux de l’artiste chinois Zhang Yan ont été offertes au pape François « au nom du peuple chinois » par Zhu Jiancheng, secrétaire général du China Culture Industrial Investment Fund (CCIIF), indique un communiqué du Saint-Siège: une première dans l’histoire des Musées du Vatican.
À cette occasion, Zhu Jiancheng, secrétaire général du CCIIF, et le peintre Zhang Yan ont été reçus par le pape au Vatican le 31 mai 2017.
Ce don se situe dans le cadre du dialogue en matière d’étude, de recherche et de restauration entre les Musées du Vatican et le China Culture Industrial Investment Fund (CCIIF). Le CCIIF dépend du Ministère des finances de la République populaire de Chine et il a pour mission de promouvoir et de diffuser la culture traditionnelle chinoise.
Dans le sillage de cette audience, une rencontre intitulée « La diplomatie de l’art » a été organisée à Rome à l’Université pontificale de la Sainte-Croix, jeudi 1er juin 2017, avec Zhu Jiancheng et l’artiste Zhang Yan. Les deux œuvres y ont été présentées sur écran et la rencontre avec le pape évoquée par les deux émissaires chinois. Zenit y a participé.
Selon un communiqué de la Sainte-Croix, ce geste d’ouverture ne peut être lu qu’à la lumière de celui qu’a effectué le pape François le 14 août 2014. Survolant la Chine dans son vol vers Séoul, le pape avait envoyé un télégramme au peuple chinois en invoquant « la bénédiction divine pour la paix et le bien-être de la nation ». Un geste amical qui, d’après la même source, a ouvert un nouveau chapitre dans les relations bilatérales entre le Vatican et la Chine.
Le don fait au pape consiste en deux tableaux réalisés avec les techniques de la peinture à l’huile de la Renaissance mais utilisant des minéraux découverts par le peintre sur les monts du Tibet, à 4 000 mètres d’altitude
D’autre part, les sujets représentent deux personnages tibétains, deux âges de la vie. « De même que le Vatican est le cœur d’une des plus anciennes religions occidentales, le Tibet est la terre d’une des plus anciennes religions orientales », a souligné Zhu Jiancheng. C’est pourquoi « un dialogue culturel et même spirituel est possible », a-t-il expliqué.
Les œuvres choisies par le maître Zhang représentent le résultat d’une expérience de vie, d’un effort artistique et d’une activité de contemplation de vingt années, car au Tibet, confronté à la nature dans son essence la plus brute, on ne peut pas ne pas croire à la transcendance, ne pas faire une expérience spirituelle, a confié en substance le peintre.
Le premier tableau, datant de 1993 et intitulé « Iron Staff Lama », (que d’aucuns traduiraient par « le lama de fer ») représente un vieil homme, un lama au visage buriné par le temps. L’artiste a souligné combien « l’aspect physique et matériel » renvoie à « l’expérience spirituelle » : pour lui, partant de cette dimension « transcendante », ce qui est « éphémère », matière et chair, assument une signification « de pureté et de dignité ».
La seconde œuvre, de 2013, intitulée « The Cradling Arm » (« le bras qui berce ») représente une jeune enfant contre le bras de sa mère, sur un arrière plan de promontoires distants. Elle évoque surtout cette étreinte que la mère terre réserve à l’humanité en générant la vie. C’est un concept que l’on peut parfaitement relier à celui exprimé dans l’encyclique Laudato si’, estime la Sainte-Croix : l’artiste Zhang Yan souligne le lien, particulièrement délicat aujourd’hui, entre l’homme et la nature dont nous dépendons, faisant émerger dans le regard de l’enfant un sentiment de pureté à la fois déterminée et pacifique ; celui-ci se fond bien dans la vitalité créée par la nature qui, en arrière plan, relie le ciel et la terre et rend manifeste la puissance de la religion.
À cet égard, rappelle la même source, dans Laudato si’, le pape a dit clairement que « notre maison commune (…) est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts » (par. 1) et il affirme plus loin : « si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément » (par. 11).
Que le secrétaire général d’un fonds dépendant d’un ministère chinois soit reçu en personne par le pape François est une première dans l’histoire des relations entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège.
À la question de savoir quel était l’avenir des rapports entre la Chine et le Vatican, Monsieur Zhu Jiancheng a répondu qu’avoir de bonnes relations était « le désir des deux parties ». Puis il a évoqué pour la seconde fois l’émotion et la joie qu’il avait ressenties lorsque le pape les avait bénis.

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Constance Roques

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