Le footballeur Al Bangura © Wikimedia Commons / Bruce Fenn

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Trafic d’êtres humains: "Les trafiquants doivent aller en prison"

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Témoignage du footballeur Al Bangura, ancienne victime de la traite

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« Les trafiquants doivent aller en prison », affirme Al Bangura, footballeur Sierra-Léonnais ancienne victime de traite. Il assure que « l’esclavage ne se produit pas dans des pays lointains : cela se passe dans nos villes, dans nos quartiers ».
L’athlète a raconté son histoire à la conférence de presse tenue par les membres du « Groupe Sainte-Marthe » en présence du cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster et président du groupe, le 28 octobre 2016, au Vatican. La quatrième rencontre de cet organisme international lancé en 2014 par le pape François a eu lieu les 26-27 octobre.
« La vérité est que l’esclavage ne se produit pas dans des pays lointains : cela se passe dans nos villes, dans nos quartiers », a témoigné Al Bangura.  Les trafiquants « doivent être traduits en justice, a-t-il ajouté, pour moi, pour d’autres victimes, pour vous ».
Né en Sierra Leone, en Afrique de l’Ouest, Al Bangura était « un garçon ordinaire » qui « passait des heures à taper le ballon sur le sol poussiéreux » près de chez lui. Son père était le chef d’une « société secrète » et en tant que fils d’un chef, le garçon est devenu son successeur, mais il refusa de participer aux cérémonies et fut menacé. Au même moment, une sanglante guerre civile éclata en Sierra Leone.
Le jeune footballeur fuit en Guinée ou il rencontra un Français qui lui promit de l’aider pour entrer dans une équipe professionnelle de football en Europe. C’était « un rêve » du jeune garçon.
Al Bangura arriva à Paris d’où il fut transféré à Londres. « C’est vite devenu clair que quelque chose n’allait pas, a-t-il raconté. On m’a emmené dans un hôtel et laissé là, seul. Très vite, des hommes plus âgés sont venus et ont essayé de se rapprocher de moi, de me toucher et puis, ils m’ont violé. »
Humilié et effrayé, le garçon ne comprenait pas ce qui se passait. Il ne parlait pas l’anglais et n’avait personne à qui il pouvait demander de l’aide. « Je me suis senti pris au piège », a-t-il confié.
Contre toute attente, il réussit à s’échapper. Il rencontra quelqu’un qui parlait sa langue et lui paya son billet d’autobus jusqu’au Ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni. Placé dans une maison d’hébergement à Chertsey, dans le Sud-Est de l’Angleterre, il commença à jouer au football.
Joueur talentueux, il signa un contrat avec Watford Football Club ou il joua plusieurs années « devant des milliers de personnes dans la plupart des stades célèbres du monde ».
M. Al Bangura vit présentement avec sa famille à Londres. Sa carrière réussie et sa vie familiale heureuse n’ont pas pu effacer complètement « le cauchemar » qui lui est arrivé. « Je trouve difficile, a-t-il ainsi avoué, par exemple, de faire confiance aux agents de football qui prétendent représenter mes intérêts et j’ai du mal à tirer le meilleur parti de mes talents. »
Aujourd’hui, Al Bangura est un ambassadeur de Sport for Freedom, une organisation qui aide, à travers le sport, les anciennes victimes de la traite à trouver leur place dans la société.
« Je vais continuer à représenter Sport for Freedom et utiliser le pouvoir du sport pour éduquer les autres à propos de ce crime horrible », a-t-il assuré.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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