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Trafic des êtres humains: punir les clients pour faire cesser la demande

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Présentation de la IIe Assemblée du réseau européen RENATE

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Pour combattre efficacement le « cancer » de l’exploitation sexuelle, « il faut affronter avec décision le problème des clients ». C’est l’appel sans ambages de sœur Monica Chikwe, engagée contre le trafic des êtres humains, le 4 novembre 2016, au Vatican.

La religieuse a présenté la IIe Assemblée du réseau européen contre la traite des personnes RENATE (Religious in Europe Networking Against Trafficking and Exploitation), qui aura lieu à Rome du 6 au 12 novembre, sur le thème : « Mettre fin au trafic commence avec nous » (“Ending trafficking begins with us”).

Durant la rencontre à la Salle de presse du Saint-Siège, sœur Imelda Poole, de l’Institut de la Bienheureuse Vierge Marie, présidente du réseau RENATE, a dénoncé la propagation du trafic des êtres humains. Sœur Monica Chikwe a quant à elle parlé du marché de la traite.

La religieuse hospitalière de la Miséricorde a évoqué la question des clients : « Pour combattre efficacement ce cancer de notre siècle, il faut affronter avec décision le problème des clients », a-t-elle assuré en souhaitant « des lois qui les punissent ». « Si la demande cessait, le trafic des êtres humains à but sexuel cesserait automatiquement : aucune demande, aucune offre ».

Comme dans l’Evangile où la femme adultère est amenée seule devant Jésus (« où est l’homme ? »), sœur Monica a constaté qu’« aujourd’hui aussi, quand on parle de la traite des êtres humains pour exploitation sexuelle, on ignore le facteur qui alimente fortement ce phénomène et l’on se focalise toujours sur la femme, dénommée victime ».

« La femme, a-t-elle ajouté, ne se prostitue pas seule : derrière toute prostituée il y a des dizaines et des dizaines d’hommes qui l’utilisent et la jettent ». Ainsi dans l’esclavage moderne, le client est « un facteur déterminant, c’est celui qui soutient l’évolution du marché ». Face aux demandes « en augmentation constante », a encore dénoncé la religieuse, « les trafiquants usent tous les moyens et toutes les stratégies possibles » pour y répondre.

Qui sont les clients de la prostitution ? « Des hommes comme il faut, pères de famille, employés, élégamment vêtus avec la cravate », a expliqué sœur Monica. Mais pas d’âge ni de classe sociale particuliers : dans tous les milieux, « tant de mariage finissent mal parce que l’homme dépense ce qui revient à sa famille pour payer des prestations sexuelles avec les prostituées, et après avoir utilisé la prostituée, son épouse à la maison n’a plus de valeur. Ainsi l’amour diminue inexorablement jusqu’à disparaître complètement ».

La religieuse nigériane a rendu hommage au pape François qui « a toujours eu à cœur le problème de la traite depuis le premier jour de son pontificat ».

Dans une vidéo diffusée lors de la conférence, RENATE fait état de quelque 21 millions de personnes soumises aujourd’hui à l’exploitation dans le monde. Les organisateurs de l’assemblée appellent à un changement : « nous exigeons des biens bon marché, des vêtements bon marché, des services bon marché… mais qui en paie le prix ? »

RENATE propose des solutions au fléau du trafic d’êtres humains : entre autres, des lois plus claires, des mesures pour lutter contre les réseaux sur Internet, et l’éradication des causes de la traite – pauvreté, conflits.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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