Appel de la jeune athlète sud-soudanaise Rose Lokonyen, capture CTV

Appel de la jeune athlète sud-soudanaise Rose Lokonyen, capture CTV

Suède: une athlète réfugiée, du Soudan du Sud, aux Jeux de Rio

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Rose Lokonyen, luthérienne, porte-drapeau de l’équipe olympique des réfugiés

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« Il ne suffit pas à un réfugié d’avoir de la nourriture et un abri. Nous sommes des êtres humains, nous avons besoin d’occasions d’apprendre et de grandir et de vivre au lieu de simplement survivre »:  jeune réfugiée sud-soudanaise Rose Lokonyen, 23 ans, membre de l’équipe olympique des réfugiés aux Jeux olympiques de Rio 2016, a témoigné au cours de l’Evénement œcuménique de Malmö, en Suède, en présence du pape François et de Mgr Munib A. Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), le 31 octobre 2016.
Après avoir écouté son « témoignage émouvant », le pape a dit : «  J’aimerais rappeler que tous peuvent découvrir cette condition merveilleuse d’être enfants de Dieu et le privilège d’être chéris et aimés par lui. Rose, je te remercie du fond du cœur pour tes efforts et ton souci d’encourager d’autres enfants à retourner à l’école et également pour le fait que tu pries tous les jours pour la paix dans le jeune État du Soudan du Sud, qui en a tant besoin. »
À son tour, Mgr Munib A. Younan a parlé de son histoire personnelle : « Je suis un réfugié palestinien dont les parents sont de Beer Sheva, a-t-il dit.  Tous les réfugiés sont mes frères et sœurs dans l’humanité. Je me souviens que ma famille était pauvre et déplacée, mais que l’Eglise nous embrassait. J’ai encore le goût du chocolat chaud que la Fédération luthérienne mondiale a envoyé avec la nourriture pour nous renforcer. »
Rose Lokonyen a quitté son pays natal, Soudan du Sud, à l’âge de 8 ans. Sa famille fuit la guerre et s’installe dans le camp des réfugiés de Kakuma au Kenya.
À 14 ans, Rose reste seule avec ses frères et sœurs, car ses parents retournent au Soudan pour s’occuper des grands-parents. « J’ai perdu contact avec eux, raconte-t-elle,  et j’ai commencé à prendre soin de mes frères et sœurs parce que j’ai été la plus âgée… Je suis allée à l’école, et au retour, je faisais tout, même ramasser du bois de chauffage le week-end. Il fallait être très prudente, parce que parfois les femmes sont violées dans la forêt. »
Rose aime le sport et elle joue au football « après avoir fait les travaux du ménage ». Elle réussit à terminer le lycée et commence à travailler pour la Fédération luthérienne mondiale : sa tâche est de « motiver » les filles « à retourner à l’école ».
« Beaucoup abandonnent parce qu’elles prennent soin de leurs parents ou de leurs frères et sœurs plus jeunes. Je sais ce que c’est, souligne Rose. Certaines ne viennent pas parce qu’elles n’ont pas de chaussures. D’autres pensent: je n’ai pas de livre ni de stylo pour écrire, alors je n’y vais pas. »
Rose dit aux filles « combien c’est important de terminer leur éducation ». Elle leur parle « du VIH et du sida et de la violence sexiste ».
En 2015, une course dans le camp de réfugiés est organisée par la Tegla Loroupe Peace Foundation (Fondation pour la Paix Tegla Loroupe). « C’était une course de dix kilomètres, raconte Rose, et nous courions pieds nus sur une route goudronnée. Je suis arrivée deuxième. »
Rose est choisie pour participer aux Jeux Olympiques. « Je suis maintenant une athlète olympique, dit-elle,  et j’ai été choisie comme porte-drapeau de l’équipe des réfugiés aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro cet été. »
« Nous étions très fiers, poursuit-elle, parce que nous étions tous venus de Kakuma. Au stade olympique, l’accueil a été très chaleureux. Nous avons senti que nous sommes de vraies personnes et qu’il y a des gens qui nous soutiennent partout dans le monde. Nous avons été capables de répandre l’espoir auprès des gens parce que même en tant que réfugié, vous êtes juste un être humain comme les autres. »
« S’il vous plaît, parlez aux dirigeants du monde, demande Rose, car nous avons besoin de paix. » Elle prie « pour la paix » « tous les jours ».
« Nous sommes tous humains et nous sommes tous appelés devant Dieu, conclut-elle, et il n’est pas juste de tuer et de mourir comme ça. Nous avons besoin d’écoles pour les jeunes générations et de construire des routes pour visiter nos pays voisins et organiser des événements sportifs. Donnez-nous l’occasion de revenir et de reconstruire notre pays. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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