Célébration oecuménique pour les 500 ans de la Réforme à Lund © L'Osservatore Romano

Le pape François et le pasteur Tveit à Lund (Suède) © L'Osservatore Romano

Suède: "Faisons confiance à la force centripète du baptême", par Martin Junge

Print Friendly, PDF & Email

Sermon du Secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« Je voudrais vous inviter à faire confiance à la force centripète du baptême. La grâce libératrice du baptême est un don divin qui nous appelle et nous unit! », déclare Martin Junge.
Le secrétaire général de la Fondation luthérienne mondiale, Martin Junge, a tenu un sermon lors de la prière oecuménique qui a eu lieu en la cathédrale luthérienne de Lund (Suède), lundi 31 octobre 2016, à l’occasion du voyage du pape François pour le 500e anniversaire de la Réforme de Luther.
« Le baptême est l’annonce prophétique de guérison et d’unité au milieu de notre monde blessé, devenant ainsi un don d’espérance entre une humanité qui a soif de vivre dans la paix avec la justice et dans la diversité réconciliée », a insisté Martin Junge.
Il a fait observer que l’unité est d’une certaine façon déjà là:  « Nous avons reconnu que ce qui nous unit est bien davantage que ce qui nous sépare. Nous sommes les sarments de la même vigne. Nous sommes un dans le baptême. C’est pourquoi nous sommes ici, à cette commémoration conjointe, nous préparant à redécouvrir qui nous sommes dans le Christ. »
Voici notre traduction complète de ce sermon prononcé en espagnol.
AB
Sermon du Rév. Martin Junge
Ce à quoi servent les pierres
Chères sœurs, chers frères dans le Christ,
Pendant des siècles, de génération en génération, nous avons lu ce texte de l’évangéliste Jean qui nous parle de Jésus-Christ comme la vigne véritable. Cependant, au lieu de le lire comme un stimulant pour affirmer notre unité, nous nous sommes concentrés sur cette référence aux sarments qui, s’ils ne portent pas de fruits, sont séparés de la vigne. Et c’est ainsi que nous nous sommes vus les uns les autres : comme des sarments séparés de la vigne véritable, séparés du Christ.
Mais il y a eu des hommes et des femmes qui, en des temps où cette commémoration commune était encore inimaginable, se réunissaient déjà pour prier pour l’unité ou pour se constituer en communautés œcuméniques. Il y a eu des théologiens et des théologiennes qui dialoguaient déjà pour surmonter les différences doctrinales et théologiques. Et il y a eu des personnes qui, ensemble, se sont mises au service des pauvres et des opprimés. Certaines sont allées jusqu’au martyre à cause de l’Évangile.
J’éprouve une immense gratitude pour ces prophètes intrépides. En vivant en communauté et en rendant témoignage ensemble, ils ont commencé à se voir comme des sarments non plus séparés de la vigne mais unis en Jésus-Christ. Non seulement cela, mais ils ont aussi commencé à voir Jésus-Christ au milieu d’eux et à reconnaître que, même dans des périodes de l’histoire où nous avons arrêté de nous parler, Jésus a continué à nous parler. Jésus ne nous a jamais oubliés même lorsque, parfois, nous semblions l’avoir oublié, nous perdant dans des actions violentes et pleines de haine.
Et ainsi, voyant Jésus-Christ au milieu de nous, nous avons commencé à nous voir différemment. Nous avons reconnu que ce qui nous unit est bien davantage que ce qui nous sépare. Nous sommes les sarments de la même vigne. Nous sommes un dans le baptême. C’est pourquoi nous sommes ici, à cette commémoration conjointe, nous préparant à redécouvrir qui nous sommes dans le Christ.
Cette révélation de l’unité que nous avons en Jésus-Christ se heurte pourtant à la réalité divisée de son Église, le Corps du Christ. La vision d’une communion fondée sur Jésus-Christ, avec toute sa beauté et l’espérance qu’elle nous donne, nous porte à ressentir avec encore plus de douleur les blessures de notre lacération. Ce qui ne devait jamais se briser s’est brisé : l’unité du Corps du Christ. Nous avons perdu ce qui nous a été donné.
Comment continuer à marcher maintenant, avec la même audace et espérance que ceux qui nous ont précédés dans ce pèlerinage œcuménique vers l’unité ? Comment nous mettre en marche vers cet avenir de communion auquel Dieu nous appelle ? Pourrons-nous jamais guérir pour parvenir enfin à être ce que nous sommes déjà dans le Christ : des sarments d’une même vigne ?
Un penseur latino-américain, Eduardo Galeano, a écrit : « L’histoire est un prophète avec le regard tourné vers l’arrière : pour ce qui a été et contre ce qui a été, il annonce ce qui sera ».
Je propose que désormais, ce soit là notre clé de lecture du texte biblique de la vigne véritable. Qu’il soit l’annonce prometteuse et prophétique du solide lien entre la vigne et ses pampres pour porter du fruit de santé et de vie pleine. Que l’esprit dans lequel nous abordons ce moment important où nous nous engageons mutuellement, catholiques et luthériens, soit tel qu’il laisse un passé marqué par la division et par le conflit pour parcourir les chemins de communion. C’est sans aucun doute un chemin prometteur mais exigeant. Il passe par des temps de grande division et d’une tendance marquée au conflit. Des sectarismes s’imposent, portant des individus et des communautés à l’aliénation sans possibilité de communiquer. Mais le chemin auquel nous sommes appelés devra se fonder sur des dialogues encore plus profonds. Nos histoires sur ce que nous sommes et sur ce que sont les autres, mettent généralement en avant nos différences. Notre mémoire est souvent marquée par la douleur et le conflit.
Conscients de toutes ces forces centrifuges qui menacent toujours de nous séparer, je voudrais vous inviter à faire confiance à la force centripète du baptême. La grâce libératrice du baptême est un don divin qui nous appelle et nous unit ! Le baptême est l’annonce prophétique de guérison et d’unité au milieu de notre monde blessé, devenant ainsi un don d’espérance entre une humanité qui a soif de vivre dans la paix avec la justice et dans la diversité réconciliée. Quel profond mystère : ce que des peuples et des individus, qui vivent dans des situations de violence et d’oppression, demandent à haute voix est en harmonie avec ce que Dieu continue de nous murmurer à l’oreille à travers Jésus-Christ, la vigne véritable à laquelle nous sommes unis. Restant sur cette vigne, nous donnerons des fruits de paix, de justice, de réconciliation, de miséricorde et de solidarité que le peuple demande et que Dieu produit. Alors avançons et, répondant fidèlement à l’appel de Dieu et répondant ainsi aux cris de demandes à l’aide, à la faim et à la soif d’une humanité blessée et brisée.
Et si Dieu nous voyait demain avec des pierres à la main, comme celles que nous tenions à une époque, que ce ne soit plus pour les lancer contre les autres. Qui lancerait la première, maintenant que nous savons qui nous sommes dans le Christ ? Que ce ne soit pas non plus pour ériger des murs de séparation et d’exclusion. Comment peut-on faire quand Jésus-Christ nous invite à être des ambassadeurs de la réconciliation ? Que Dieu nous trouve plutôt tandis que nous les utilisons pour construire des ponts pour pouvoir nous rapprocher, des maisons où pouvoir nous réunir et des repas – oui, des repas – où pouvoir partager le pain et le vin, la présence de Jésus-Christ qui ne nous a jamais quittés et qui nous appelle à demeurer en lui afin que le monde croie.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

Share this Entry

Constance Roques

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel