Football © Wikimedia commons / Rick Dikeman

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"Le sport est un instrument d’évangélisation unique"

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Entretien avec le responsable de la section « sport et foi » du dicastère pour les laïcs

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« Le sport est un instrument d’évangélisation unique, qui unit des personnes de races, idéologies et religions différentes », assure  Santiago Pérez de Camino, responsable de la section « Église et sport » du Conseil pontifical pour les laïcs. A la tête du département créé par Jean-Paul II en 2004, il explique à Zenit que les valeurs du sport « peuvent aider la société à être meilleure ».
Alors que le dicastère prépare le premier congrès international « foi et sport » organisé au Vatican du 5 au 7 octobre 2016, avec le Conseil pontifical pour la culture, Santiago Pérez de Camino évoque son travail qui touche deux domaines : la représentation internationale de l’Église dans le monde du sport ;et la promotion de projets qui promeuvent la foi et les valeurs du sports.
Qu’est-ce qui a motivé l’organisation de ce congrès ?
Il s’agit du premier congrès mondial sur les thèmes du sport qui soit organisé au Vatican, bien qu’il y ait déjà eu quatre séminaires sur ce sujet, organisés par la section « Église et sport ». Le congrès prévu en octobre est organisé par le Conseil pontifical pour la culture, en collaboration avec le Conseil pontifical pour les laïcs, parce que le sport est un instrument d’évangélisation unique, qui unit des personnes de races, idéologies et religions différentes. C’est sans doute une des raisons qui a poussé saint Jean-Paul II à demander l’institution de notre section. C’est une manière de donner vie à une société meilleure à travers un moyen très utile et en mesure d’arriver dans le monde entier, parce qu’il n’implique pas que les jeunes. C’est une contribution que le Saint Siège peut donner pour une société plus juste et plus humaine parce que les valeurs que le sport porte avec lui peuvent aider la société à être meilleure.
À qui s’adresse le congrès ?
Il y aura environ 150 délégués et il est prévu la présence de personnalités du monde sportif, des fédérations internationales, des ONG, des institutions catholiques, d’autres confessions chrétiennes et d’autres religions. Y assisteront, entre autres, le président du Comité olympique international et le secrétaire général des Nations Unies. Cela démontre l’importance que les diverses institutions accordent au sport comme un moyen de formation aux valeurs. Il s’agit d’un congrès qui, tout en étant organisé par le Saint Siège et tout en ayant un caractère surnaturel marqué, n’est pas un congrès religieux. Nous pourrions le définir « multiculturel », parce que ce à quoi il vise est de poser les bases pour créer des instruments et des méthodes avec lesquelles nous pourrons améliorer la société et ne pas tourner le dos aux périphéries. En d’autres termes, il s’agit de découvrir de quelle manière, à travers le sport, nous pouvons aider les gens à vivre mieux.
Surtout, les valeurs du sport sont très appréciées du pape François…
Si nous regardons en arrière, ces trois années de pontificat, nous voyons que le pape a rencontré plus de personnages du monde du sport que de tout autre environnement social ou culturel. Il a rencontré non seulement les représentants des organisations internationales sportives ou les athlètes mais aussi les organisations catholiques dédiées à l’éducation aux valeurs à travers le sport. En ce sens, le pape donne un grand exemple et manifeste l’importance que lui-même accorde au sport, compris comme un moyen de perfectionnement humain et spirituel et non comme une fin en soi. En fait, comme il a souvent mis en garde, il y a des risques à considérer le sport comme une fin en soi.
Comment peut-on communiquer les vertus positives du sport ?
La clé de tout réside dans le fait que le sport doit mettre la personne humaine au centre et nous travaillons là-dessus, en organisant nos séminaires. Celui de l’année dernière, par exemple, a eu comme thème principal le rôle de l’entraîneur comme formateur et éducateur, parce que nous nous rendons compte que le sport est de plus en plus professionnalisé et exige donc davantage de dévouement et d’investissement économique mais peu de place est laissée à la formation humaine et éthique des athlètes. Le pape s’intéresse beaucoup à ce que le sport soit un instrument de formation pour les nouvelles générations : pour lui, il est important de faire voir à tous les éléments impliqués l’importance de ce facteur : celui de former les athlètes, quand ils sont jeunes, au principe selon lequel ce qui compte n’est pas seulement d’être le meilleur ou de gagner à tout prix. Quand on instrumentalise le sport pour cet unique objectif, il devient quelque chose de négatif pour la personne.
Quels fruits ces séminaires internationaux ont-ils porté ?
Les quatre séminaires tenus pendant ces douze années d’existence de la section « Église et sport » ont porté beaucoup de fruit, en particulier dans certains pays anglophones, où la formation aux valeurs sportives est plus avancée. Nous avons eu l’occasion d’aller aux Etats-Unis au printemps dernier et d’avoir la confirmation que les gens connaissaient les Actes des séminaires que nous avions organisés. Avec ce matériel, les personnes qui n’ont pas pu y assister peuvent réfléchir et mettre en pratique ce dont il a été question dans les séminaires. J’ai été surpris de voir que, non seulement ils connaissaient les Actes mais qu’ils en avaient mis en œuvre un bon nombre de principes. Par exemple, le cas d’un institut où – sans qu’il y ait un aumônier sportif – le curé de la paroisse avait été invité à aller voir les entraînements de l’équipe de football américain. L’entraîneur a dit à ses joueurs que le prêtre était à leur disposition. À la fin de la saison, le prêtre était devenu un membre de plus de l’équipe, avec une amitié sincère entre lui – devenu ensuite aumônier – et les joueurs. Dans cet exemple, nous pouvons voir la racine des nouvelles idées qui sont en train de naître dans les divers pays. Un autre exemple pourrait être l’Association Jean-Paul II pour le sport, active en Inde. Une association qui naît à l’intérieur de la section « Église et sport » du Conseil pontifical pour les laïcs et des séminaires qu’il a organisés.
Avez-vous des relations avec les organisateurs des grands événements sportifs comme les Jeux olympiques ou les Coupes d’Europe ?
Il est important de faire un travail de « conscientisation » avec les institutions qui organisent ce type d’événements. Nous avons une relation étroite avec le Comité olympique international. De fait, un des membres du dicastère est membre du Comité et ce contact nous a permis, petit à petit, d’ouvrir un terrain d’évangélisation et de formation. Par exemple, pour les Jeux olympiques de Rio, nous avons travaillé étroitement avec le diocèse, pour que les chapelains des équipes nationales olympiques aient un accès facile et complet aux structures, pour entrer en contact avec les athlètes.
Traduction de Constance Roques

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Rocío Lancho García

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