Saint Grégoire de Narek proclamé docteur de l'Eglise

Un moine arménien, pour le centenaire du génocide

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Saint Grégoire de Narek (env. 950-1005) sera proclamé docteur de l’Église par le pape François, annonce un communiqué du Saint-Siège ce 23 février 2015.

Le saint arménien deviendra le 36e docteur de l’Église, en l’année même du centenaire du génocide arménien (1915-2015), durant lequel des millions d’Arméniens ont été tués par les Turcs ottomans.

En recevant le cardinal Angelo Amato, S.D.B., préfet de la Congrégation pour les causes des saints, samedi dernier, 21 février, le pape a en effet approuvé un vote positif de la session plénière des membres du dicastère pour conférer au saint le titre de « docteur de l’Église Universelle ». La proclamation aura lieu « prochainement », ajoute la note sans préciser la date.

Grégoire de Narek, prêtre et moine, a vécu au 10e siècle en Arménie : il est né aux environs de 950 à Andzevatsik (aujourd’hui en Turquie) et mort à Narek vers 1005. Selon Radio Vatican, il est vénéré comme « l’une des plus grandes figures de la pensée religieuse et de la littérature arméniennes du Moyen-âge ».

Issu d’une lignée d’érudits et d’hommes d’Église, il a reçu son éducation sous la direction de son père, l’évêque Khosrov, auteur des premiers commentaires sur la Divine liturgie, et d’Anania Vartabed, abbesse du monastère de Narek.

Comme ses deux frères, il entra dans la vie monastique – il vécut la plus grande partie de sa vie au monastère de Narek – à un âge précoce et excella en musique, astronomie, géométrie, mathématiques, littérature et théologie.

Il devint prêtre à l’âge de 25 ans et commença ses écrits par un commentaire du « Cantique des cantiques », qui lui avait été commandé par un prince arménien. Son oeuvre fut réputée pour la clarté de sa pensée et de son langage et pour l’excellence de sa présentation théologique.

Il écrivit aussi de nombreuses lettres, « sharagans » (ou hymnes), trésors, odes, mélodies et discours connus. Beaucoup de ses prières sont incluses dans la Divine liturgie célébrée le dimanche dans les églises arméniennes à travers le monde.

Le chef-d’œuvre de saint Grégoire est son Livre des lamentations, composé de 95 prières intitulées « Conversation avec Dieu du fond du cœur ». Un des thèmes centraux est la séparation de l’homme d’avec Dieu et sa quête pour s’unir de nouveau à lui. Saint Grégoire le voulait comme une « encyclopédie de prière pour toutes les nations ». L’ouvrage a été publié à Marseille en 1673 et fut traduit en une trentaine de langues.

Le pape François avait cité le futur docteur de l’Église en recevant le patriarche suprême et Catholicos de tous les Arméniens, Karékine II le 8 mai 2014 : « Louons le Seigneur avec les mots de saint Grégoire de Narek : « Accueille le chant de bénédiction de nos lèvres et daigne accorder à cette Église les dons et les grâces de Sion et de Bethléem, afin que nous puissions être dignes de participer au salut ». Que la Très Sainte Mère de Dieu intercède pour le peuple arménien, maintenant et toujours. Amen. »

Saint Grégoire de Narek sera le 36e docteur de l’Église – le 32e homme – et le premier docteur proclamé tel par le pape François. Les derniers en date sont Hildegarde de Bingen et Jean d’Avila, en 2012.

Le titre peu fréquent de docteur de l’Église est attribué à des saints dont l’enseignement a un rayonnement très large. Il faut aussi que les évêques et le peuple de Dieu demandent ce titre pour eux.

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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