Retraite de carême : les résistances à la grâce

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Méditation du p. Bovati SJ

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Les diverses formes de résistances à la grâce étaient au menu de la troisième méditation du père Pietro Bovati, prédicateur de la retraite de carême de la Curie romaine, dans la matinée de ce 3 mars 2020 à Ariccia. On ne peut se contenter « de faire un peu de bien », a-t-il aussi prévenu.

Durant sa méditation, le jésuite – que le pape, enrhumé, suit depuis le Vatican – a fait observer que dans l’Exode, Dieu opposait au « modèle pharaonique », « un changement radical de perspective » en faisant émerger « le droit des étrangers, des opprimés, des exploités ». Le « langage de l’Esprit » ? « D’abord les autres, d’abord les plus démunis », a répondu le prédicateur, qui a centré son propos sur « la résistance à la grâce, l’opposition à l’Esprit ».

Le pharaon au contraire « est l’incarnation du pouvoir comme puissance destructrice à l’égard de ses opposants », tyrannie qui est « source de grandes souffrances pour les hommes ».

Invitant à un examen de conscience « sur le péché qui est parfois présent aussi dans nos structures », le père Bovati a ajouté : « Toute forme d’arrogance orgueilleuse devra être totalement bannie de notre vie, en laissant de la place à la douceur, au martyre. »

Il a mis en garde contre la tentation de « combattre par la force, l’intrigue, l’argent, l’occupation des espaces, la conquête et la soumission », car « ce qui est de l’esprit du monde ne doit jamais être l’esprit du Seigneur ».

Le prédicateur a pointé du doigt les formes actuelles du refus d’obéir à Dieu : non plus dans un contexte de civilisation riche ou puissante, mais sous « une forme orgueilleuse qui est revendiquée par l’individu, simplement au nom du droit à l’autodétermination, à la liberté de choix, à l’arbitraire personnel ». C’est « l’absolutisation de ses impressions, de son opinion, de ses choix ».

Dans un Occident marqué par « une idéologie opposée à l’obéissance au Seigneur » et par un « éloignement progressif de Dieu », le père Bovati s’est demandé quelles étaient « les causes d’une telle résistance et d’un tel refus de la grâce ». Il a suggéré de réfléchir à « notre façon d’être à l’égard des autres » afin qu’elle ne soit pas « marquée de formalisme ».

Autre résistance : « ceux qui, comme le pharaon, se dressent tels des paladins de l’ordre constitué, de la forme canonisée par la loi, de la pratique en vigueur, considérée comme la seule expression du bien parfaite et immuable ». « Il ne suffit pas d’invoquer la tradition, ce qui s’est toujours fait », a-t-il martelé.

Le pharaon, a encore souligné le prédicateur, c’est « la tentation de la vie tranquille, l’acceptation de l’abus que l’on considère préférable à l’acte libérateur courageux ».

Finalement, a-t-il conclu, la résistance à la grâce « prend la forme d’une jalousie à l’égard de ceux qui ont un plus grand don que le nôtre ; ou bien de l’orgueil, en pensant que nous sommes meilleurs que les autres parce que nous produisons plus de fruits ». Mais « se contenter de produire quelques fruits, de faire un peu de bien, présenté peut-être comme une forme de modestie et d’humilité, devrait être reconnu comme une résistance insidieuse à la grâce qui pousse au contraire à un amour et à un service de don croissant ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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