Bidonville de Dharavi à Mumbai (Inde) © Wikimedia Commons / Mark Hillary

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Rénovation urbaine: inclure les habitants des bidonvilles dans les décisions

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Mgr Auza souhaite « que nos villes soient des endroits où personne n’est laissé en arrière »

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« Tout programme d’action urbaine ne peut réussir » que s’il inclut les habitants des bidonvilles et des quartiers précaires « dans la prise de décision et la mise en œuvre et si des avantages tangibles les rejoignent d’une manière significative », a assuré Mgr Bernardito Auza. Le chef de la délégation du Saint-Siège à la Conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), à Quito (Equateur), a souhaité « que nos villes soient des endroits où personne n’est laissé en arrière ».
En marge de la conférence de l’ONU, l’archevêque a participé à l’événement « Une maison commune où tout le monde puisse vivre dans la dignité », parrainé par Caritas Internationalis, le 17 octobre 2016.
« Cette rencontre historique à Quito, a-t-il estimé, a l’énorme défi de redéfinir le paradigme urbain en direction d’une rénovation urbaine centrée sur la personne humaine, fondée sur une vision à long terme et basée sur les dimensions interconnectées du développement intégral humain et durable ».
Mgr Auza s’est particulièrement inquiété des citadins des mégalopoles « piégés dans le cercle vicieux de l’extrême pauvreté et de la marginalisation », poussés « à vivre dans des bidonvilles et des lotissements sauvages et à expérimenter des difficultés considérables pour avoir accès aux moyens matériels et spirituels minimum nécessaires pour vivre dans la dignité ».
AK
Déclaration de Mgr Auza
Mesdames et Messieurs les intervenants, Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous transmettre les meilleurs vœux et les salutations cordiales du Saint-Père, le pape François, qui suit avec un vif intérêt la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable, pour la raison évidente qu’elle parle de la façon dont les citadins peuvent vivre dans la dignité et l’harmonie.
Comme nous le savons très bien, l’Agenda 2030 pour le développement durable contient 17 buts, 169 cibles, avec 250 indicateurs ajoutés par les experts pour mesurer les progrès et la réalisation de ces buts et objectifs.
Le pape François rend les choses beaucoup plus simples et plus faciles à retenir. Dans plusieurs discours, le Saint-Père réduit à quatre points les moyens matériels et spirituels essentiels qui sont nécessaires pour que chacun puisse vivre avec dignité. Ce sont trois «T» en espagnol – tierra, techo y trabajo, ou les trois «T» en français, la terre, le toit et le travail – et le quatrième moyen, qu’il appelle la liberté spirituelle.
Le pape François a articulé tous ces points lorsque, dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 septembre 2015, il a exhorté tous les chefs de gouvernement à « faire tout leur possible pour veiller à ce que tous puissent avoir le minimum de moyens spirituels et matériels nécessaires pour vivre dans la dignité et pour fonder et entretenir une famille, qui est la cellule de base de tout développement social. En termes pratiques, ce minimum absolu a trois noms : le toit, le travail et la terre ; et un nom spirituel : la liberté spirituelle, qui inclut la liberté de religion, le droit à l’éducation et tous les autres droits civils ».
Le pape François a donné une esquisse complète des éléments essentiels de ce qu’il a appelé  « développement intégral » dans son encyclique Laudato si’ qui intègre le développement humain, social, économique et environnemental.
Le premier concerne les biens matériels minimum nécessaires. Le pape François a souligné que les gouvernements doivent faire « tout leur possible » pour faire en sorte que tous puissent avoir les biens matériels minimum pour vivre dans la dignité et fonder et soutenir une famille qui est, a-t-il souligné, la « cellule primordiale » de tout développement social. Ce minimum matériel absolu consiste dans « techo, trabajo y tierra » ou « le toit, le travail et la terre ».
Ainsi, la façon la plus simple et la meilleure d’évaluer la mise en œuvre du Plan d’action 2030 sera d’évaluer si les gens ont accès au «logement, à un emploi digne et bien rémunéré, à une alimentation adéquate et et à l’eau potable », et plus généralement au « droit à la vie ».
Le deuxième élément essentiel est l’accès à ce qu’il a appelé les biens « spirituels », qui comprennent la liberté religieuse, la liberté spirituelle et l’éducation. Une partie de ces biens spirituels doit permettre aux gens d’être des « agents dignes de leur propre destin ». Le Saint-Père a souligné que « le développement humain intégral et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposées. Ils doivent être construits et autorisés à se déployer pour chaque individu, pour chaque famille, en communion avec les autres, et dans une bonne relation avec tous les domaines dans lesquels la vie sociale humaine se développe – amis, communautés, villes, écoles, entreprises et syndicats, provinces, nations, etc. »
Ce sont les éléments essentiels pour que tous vivent avec et dans la dignité, que ce soit dans les villages ou dans les mégapoles.
La clé de la réalisation de cet objectif, qui consiste à donner à tous la possibilité de vivre dans la dignité, est de faire de la personne humaine le centre de tout. Cette rencontre historique à Quito a donc l’énorme défi de redéfinir le paradigme urbain en direction d’une rénovation urbaine centrée sur la personne humaine, fondée sur une vision à long terme et basée sur les dimensions interconnectées du développement intégral humain et durable, ainsi que sur ce que le pape François définit comme « écologie intégrale » dans sa Lettre encyclique Laudato si’.
Cet événement parallèle, avec son thème « Une maison commune où tout le monde puisse vivre dans la dignité », relève ce défi de veiller à ce que tous les citadins puissent vivre dans la dignité, afin que nos villes soient des endroits où personne n’est laissé en arrière et qu’ainsi, malgré l’augmentation des pressions de toutes sortes, nos centres urbains soient les moteurs du développement intégral humain et durable. Étant donné le rôle croissant des villes en tant que lieux où les peuples vivent et travaillent, il faut alors qu’elles jouent un rôle central dans les efforts visant à garantir les moyens matériels et spirituels minimum pour que les gens vivent dans la dignité, dont le Saint-Père a tant parlé.
Le défi est, en effet, de taille et le devient encore plus tous les jours, alors que les gens se déplacent vers les villes en nombres tels que les villes se transforment en mégalopoles, poussant un nombre croissant de personnes à vivre dans des bidonvilles et des lotissements sauvages et à expérimenter des difficultés considérables pour avoir accès aux moyens matériels et spirituels minimum nécessaires pour vivre dans la dignité. Ceux qui sont dans ces situations risquent de perdre leur sens de l’estime de soi et le respect de leur dignité. Ils risquent de se trouver piégés dans le cercle vicieux de l’extrême pauvreté et de la marginalisation.
Nous vous remercions de votre engagement à travailler en particulier en faveur de ceux qui sont laissés en arrière dans les bidonvilles et les quartiers précaires. Tout programme d’action urbaine ne peut réussir que si les actions les incluent dans la prise de décision et la mise en œuvre et si des avantages tangibles les rejoignent d’une manière significative, d’une manière telle qu’ils puissent tous vivre dans la dignité.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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