P. Cantalamessa : A quoi servent les miracles ?

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Homélie du dimanche 14 octobre

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ROME, Vendredi 12 octobre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 14 octobre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 11-19

Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. »
En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ?
On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger ! »
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

© http://www.aelf.org

A quoi servent les miracles ?

Alors que Jésus était en route pour Jérusalem, dix lépreux vinrent à sa rencontre à l’entrée d’un village. Ils s’arrêtèrent à distance et crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». Jésus eut pitié d’eux et leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres ». En chemin, les dix lépreux constatèrent qu’ils avaient tous été guéris miraculeusement. La première lecture parle également d’une guérison miraculeuse de la lèpre : celle de Naaman le Syrien par l’intermédiaire du prophète Elisée. L’intention de la liturgie est donc claire : nous inviter à une réflexion sur le sens du miracle et en particulier du miracle relatif à la guérison d’une maladie.

Il faut dire tout d’abord que le privilège d’accomplir des miracles est l’un des privilèges les plus évidents dans la vie de Jésus. L’idée dominante que les gens s’étaient faite de Jésus au cours de sa vie était peut-être, plus encore que l’idée d’un prophète, celle de quelqu’un qui accomplit des miracles. Jésus lui-même présente cela comme une preuve de l’authenticité messianique de sa mission : « Les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent » (cf. Mt 11, 5). On ne peut supprimer le miracle de la vie de Jésus sans défaire toute la trame de l’Evangile.

En plus des récits de miracles, l’Ecriture nous offre les critères nécessaires pour juger leur authenticité et leur but. Le miracle n’est jamais, dans la Bible, une fin en soi ; ils ne doivent servir encore moins à élever la personne qui les accomplit et à mettre en lumière ses pouvoirs extraordinaires, comme il advient presque toujours dans le cas de guérisseurs et magiciens qui se font de la publicité. Le miracle est un encouragement à la foi et une récompense pour la foi. C’est un signe</i> et il doit conduire à une signification. C’est pour cela que Jésus est si triste lorsque, après avoir multiplié les pains, il se rend compte qu’ils n’ont pas compris de quoi cela était le « signe » (cf. Mc 6, 51).

Le miracle apparaît, dans l’Evangile lui-même, comme quelque chose d’ambigu. Il est parfois vu de manière positive et parfois de manière négative. Il est vu de manière positive lorsqu’il est accueilli avec joie et reconnaissance, lorsqu’il suscite la foi dans le Christ et ouvre à l’espérance d’un monde à venir où la maladie et la mort n’existent plus ; il est vu de manière négative lorsqu’il est demandé, ou même exigé, pour croire. « Quel signe fais-tu donc, pour qu’à sa vue nous croyions ? » (Jn 6, 30). « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas », disait Jésus avec tristesse à ses auditeurs (Jn 4 ,48). L’ambiguïté demeure, sous une autre forme, dans le monde d’aujourd’hui. Il y a d’une part ceux qui cherchent le miracle à tout prix, qui sont toujours en quête de faits extraordinaires, qui s’arrêtent à ces faits et à leur utilité immédiate. De l’autre côté il y a ceux qui n’accordent aucune place au miracle, qui le considèrent même avec une certaine gêne, comme s’il s’agissait d’une piètre manifestation de la religion, sans se rendre compte que c’est comme prétendre enseigner à Dieu lui-même ce qu’est la vraie religiosité et ce qui ne l’est pas.

Certains débats récents suscités par le « phénomène Padre Pio » ont montré toute la confusion qui existe encore autour du miracle. Il n’est pas vrai par exemple que l’Eglise considère comme un miracle tout fait inexplicable (dont, nous le savons, le monde est rempli, et également la médecine !). L’Eglise considère comme un miracle uniquement un fait inexplicable qui, en raison des circonstances (vérifiées rigoureusement) dans lesquelles il s’est produit, revêt le caractère de signe divin, c’est-à-dire de confirmation donnée à une personne, ou de réponse à une prière. Si une femme, privée des pupilles depuis sa naissance, commence à voir, à un moment donné, toujours sans pupilles, cela pourrait rentrer dans la catégorie des faits inexplicables mais si cela se produit au moment où elle se confesse avec Padre Pio, comme ce fut le cas, il ne suffit plus de parler tout simplement de « fait inexplicable ».

Nos amis « laïcs », avec leur attitude critique à l’égard des miracles, apportent une contribution précieuse à la foi elle-même, car ils nous rendent attentifs aux falsifications faciles dans ce domaine. Ils doivent toutefois eux aussi se garder d’un comportement acritique. Il est tout aussi incorrect de croire a priori tout ce qui est présenté comme miraculeux que de tout refuser a priori, sans même se donner la peine d’examiner les preuves. On peut être de grands naïfs mais aussi de grands incrédules, et au fond, il n’y a pas de grande différence entre les deux.

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ZENIT Staff

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