Le Parlement européen à Strasbourg @ COMMONS WIKIMEDIA - Cédric Puisney

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On utilise des déformations religieuses pour justifier la guerre, dénonce le pape

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Réflexions sur l’Europe et la guerre dans « Tertio »

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« On utilise des déformations religieuses pour justifier » la guerre, qui n’a pas de lien avec la vraie religion, affirme le pape François.
Le Vatican publie en espagnol et en italien, ce mercredi 7 décembre 2016, un entretien du pape François avec l’hebdomadaire catholique flamand « Tertio », à l’occasion de la conclusion du Jubilé de la miséricorde.
Tertio a rencontré le pape durant 40 minutes, le 16 novembre 2016, au Vatican: « Il n’a pas été question de protocole, ni de formalisme. Pas de Monseigneur non plus, seulement quelques agents de sécurité et des collaborateurs de la presse », souligne le magazine.
Parmi les sujets abordés, la laïcité et le laïcisme, la responsabilité des media, ou la synodalité et le rôle de « Pierre », mais aussi la guerre, aujourd’hui « mondiale » et « fragmentée ».
Le pape confirme qu’il ne viendra pas en Belgique pour la commémoration du centenaire de la fin de la Grande guerre, en 2018, mais qu’il connaît la Belgique pour s’y être rendu tous les 18 mois entre 1973 et 1979.
A propos des rapports entre religion et guerre, le pape fait observer qu’ « aucune religion en tant que telle ne peut fomenter la guerre » : « Parce que dans ce cas, on proclamerait un dieu de destruction, un dieu de haine. On ne peut pas faire la guerre au nom de Dieu ou au nom d’une posture religieuse. On ne peut pas faire la guerre. Dans aucune religion. Et donc, le terrorisme, la guerre, n’ont pas de lien avec la religion. On utilise des déformations religieuses pour la justifier. Cela, oui. Vous en êtes témoin, vous l’avez vécu dans votre pays. Mais ce sont des déformations religieuses qui n’ont pas de rapport avec l’essence du religieux. »
« Au contraire, continue le pape, le religieux est amour, unité, respect, dialogue, toutes ces choses » : « En d’autres termes, aucune religion ne proclame la guerre pour le fait religieux. Des déformations religieuses oui. Par exemple, toutes les religions ont des groupes fondamentalistes. Toutes. Nous aussi. Et à partir de là, ils détruisent, depuis leur fondamentalisme. Mais ces petits groupes religieux qui ont déformé – rendu malade – leur propre religion et à partir de là, se battent, ou ils font la guerre ou ils mettent la division dans la communauté, ce qui est une forme de guerre. Ce sont des groupes religieux qu’il y a dans toutes les religions. Il y a toujours un petit groupe. »
Un siècle après la Première guerre mondiale, le pape commente la situation de l’Europe et du monde, en cette époque de « troisième guerre mondiale fragmentée »: « J’ai parlé trois fois du continent européen : deux fois à Strasbourg, et une fois (…) pour le Prix Charlemagne (6 mai 2016, ndlr). Je crois que le « Jamais plus la guerre » n’a pas été pris au sérieux. Parce qu’après la première il y a eu la deuxième et après la deuxième cette troisième que nous sommes en train de vivre en ce moment, par fragments . Nous sommes en guerre. Le monde est en train de faire une troisième guerre mondiale : Ukraine, Moyen Orient, Afrique, Yémen… C’est très sérieux. Par conséquent, « jamais plus la guerre », on le dit des lèvres,  et en attendant on fabrique des armes et nous les vendons, et nous les vendons à nos propres adversaires. Parce qu’un même fabriquant d’armes les vend à tel et tel pays, en guerre entre eux. »
Le pape évoque une « théorie économique » rapportée dans certains livres selon laquelle « dans l’histoire lorsqu’un Etat se rendait compte que ses comptes n’étaient pas équilibrés, il faisait la guerre et il remettait les comptes en équilibre : c’est une façon aisée de s’enrichir. Certes, le prix est très élevé : le sang. »
« Ce « Jamais plus la guerre », fait encore remarquer le pape, je crois que c’est quelque chose que l’Europe a dit sincèrement. Schuman, De Gasperi, Adenauer… l’ont dit sincèrement. Mais ensuite… On manque aujourd’hui de leaders. L’Europe a besoin de leaders, des leaders qui avancent… Bien, je ne vais pas redire ce que j’ai dit dans mes trois discours. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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