Mère Marie de la Passion, fondatrice des Franciscaines missionnaires de Marie

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Biographie

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CITE DU VATICAN, Jeudi 17 octobre 2002 (ZENIT.org) – Les religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie, annoncent sur leur site internet (fmm.org) que dimanche prochain, 20 octobre 2002, le Pape Jean Paul II déclarera leur fondatrice, Marie de la Passion, Bienheureuse. Elles offrent la biographe suivante de la fondatrice.

« Ce dimanche 20 octobre, Journée Mondiale des Missions, comme aussi fête de la Vierge, Mater Admirabilis, en l’année où nous célébrons les 125 ans de fondation de l’Institut, et à la fin de notre Chapitre général, est donc une date très significative pour nous en ce moment de notre histoire », expliquent les religieuses.

« Avec notre Fondatrice seront béatifiés quatre Serviteurs de Dieu: Marcantonio Durando (+ 1880), lazariste, fondateur des Filles de Jésus de Nazareth qui avait tant désiré être envoyé en Chine ; Sœur Liduina Meneguzzi, de la Congrégation de St François de Sales, morte en Ethiopie en 1941 ; David Okelo et Gildo Irwa, martyrs, âgés respectivement de 16 et 12 ans, ils étaient catéchistes de la tribu Ocìoli (au Nord de l’Ouganda) quand ils ont été tués en 1918 », ajoute le site.

Enfin, le site indique une nouvelle publication: « Hélène de Chappotin et les Franciscaines Missionnaires de Marie » : la nouvelle biographie publiée l’an dernier aux éditions du Cerf, en France, a pour auteur Marcel Launay, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Nantes et spécialiste de l’histoire du catholicisme. Le cheminement de Marie de la Passion y est tracé d’une façon dynamique, dans l’évolution de la société et de l’Eglise de son temps. Le sous-titre du livre est très parlant: « Oser sa vie »

Marie de la Passion (1839-1856)

Hélène de Chappotin, qui devait devenir plus tard la fondatrice des Franciscaines Missionnaires de Marie sous le nom de Marie de la Passion, est née à Nantes en 1839. Sa famille, son milieu sont nettement typés: vieille famille d’origine lorraine et bretonne, avec un passage aux Antilles, des grands-parents émigrés durant la Révolution, revenus en Bretagne à la Restauration, une foi traditionnelle, vivante mais austère, un attachement fervent à l’Église et à la monarchie dont les causes apparaissent alors inséparablement liées.

Au cœur de cette famille nombreuse et unie, la benjamine Hélène, extrêmement douée, grandissant heureuse parmi ses dix cousins et cousines dans le vieux château du Fort, près de Nantes. Certains traits de son tempérament font pressentir ses futures orientations spirituelles: le besoin de mettre immédiatement en pratique ce qui lui apparaît bon et beau, son amour pour les pauvres, son enthousiasme chevaleresque pour ce qu’elle appelle les grandes causes.

A partir de 1850, l’expérience de la mort va marquer sa jeune existence. Coup sur coup, elle perd une cousine très chère et ses deux sœurs aînées. Les circonstances amènent ses parents à se fixer en Normandie. Là, le dépaysement et la séparation de la bande joyeuse avec laquelle elle a grandi plongent la petite fille dans une solitude où sa personnalité mûrit précocement. Sa nature ardente, intelligente et volontaire, s’affronte depuis son tout jeune âge à une interrogation permanente, allant parfois jusqu’à l’angoisse: Qu’est-ce qui vaut la peine d’être aimé? – Une vie familiale paisible, dans un cocon protégé qui pourtant s’avère sans défense contre la mort, est-ce cela le bonheur? Un temps s’écoule qu’elle appellera plus tard le temps de ses infidélités, car Dieu ne lui a pas encore montré son visage et elle ne sait où fixer son cœur. Mais sa soif d’absolu sera bientôt comblée. En 1856, c’est l’expérience spirituelle qui oriente toute sa vie, où Dieu lui révèle à la fois son amour et sa beauté. Et tout aussitôt l’évidence que la vie religieuse sera pour elle la voie où elle pourra se livrer sans ve à Celui qui s’est emparé d’elle.

Suit alors une période de recherche et d’attente, marquée par la mort brutale de sa mère qui ne pouvait se résigner à sa vocation. Douloureuse et rude épreuve pour Hélène qui doit remettre un temps ses projets. Mais, en 1860, elle prend contact avec les Clarisses qui viennent de s’établir à Nantes. Cette rencontre est déterminante: sa vocation religieuse, jusque-là hésitante sur l’orientation à prendre, se trouve fixée pour toujours: Je devins fille de saint François et n’ai pas cessé de l’être.

Le 9 décembre 1860, elle entre chez les Clarisses: ce ne sera qu’une brève étape, mais capitale dans son cheminement. Le 23 janvier 1861, lors d’une nouvelle expérience spirituelle très forte, le Christ crucifié lève pour elle un pan du voile qui cache son avenir: c’est pour l’Eglise et le pape qu’elle est appelée à livrer sa vie. La ligne de fond reste la même: disponibilité totale à Dieu dont la beauté a ravi son cœur; ainsi, les événements peu à peu lui révèlent les modalités de ce don, consenti une fois pour toutes. Dans les jours qui suivent ce 23 janvier Hélène tombe malade, et sa famille, qui avait mal accepté son départ, multiplie les pressions pour la faire rentrer à la maison. Très vite, elle doit quitter le monastère des Clarisses.

Trois années s’écoulent alors, de 1861 à 1864, pendant lesquelles Hélène vit une période de désert et de maturation dont les fruits n’apparaîtront que plus tard. Sa famille, persuadée que la vie religieuse est trop rude pour sa santé, a gagné à son opinion tous les prêtres de Nantes. Hélène se retrouve isolée, chargée de toutes les grâces reçues, n’osant s’en ouvrir à personne. Une ressource lui reste: la lecture, sa passion depuis l’enfance. La bibliothèque du Fort est riche en ouvrages des grands auteurs spirituels du XVIIe siècle. Ils lui donnent accès à l’Ecriture Sainte et aux Pères de l’Eglise, notamment saint Augustin. Ce sera pour elle un acquis inestimable.Peu à peu la surveillance familiale se relâche et, en 1864, Hélène trouve soutien et encouragement près d’un Jésuite, le père Petit,récemment arrivé à Nantes et non prévenu contre sa vocation.

Il oriente Hélène vers la nouvelle congrégation de Marie Réparatrice qu’il a contribué à fonder avec la baronne d’Hoogvorst, et celle-ci accepte immédiatement la demande de la jeune fille. La pensée de mes Clarisses me brisait encore l’âme, dit Hélène, mais puisque la volonté de Dieu semble l’orienter ailleurs, et que sa famille est enfin prête à la laisser partir, elle entre chez les Sœurs de Marie Réparatrice. Après un an de noviciat durant lequel elle reçoit le nom de Marie de la Passion, et cette fois encore de façon inattendue (car les Réparatrices n’étaient pas d’orientation spécifiquement missionnaire), elle est envoyée en mission en Inde, dans la région du Maduré.

1865-1876

Son séjour en Inde durera onze ans. Il est la touche finale des longues préparations qui la mènent, d’étape en étape, vers sa tâche et sa mission propres de fondatrice, dans l’Eglise, d’un Institut dont la visée doit être universelle.Le Maduré où elle arrive est une mission qui a connu bien des vicissitudes, et a pratiquement été laissée à l’abandon après la suppression de la Compagnie de Jésus en 1774. Confiée à nouveau aux Jésuites en 1837, elle est en 1865 encore au stade des recommencements laborieux et tâtonnants, au milieu de divisions nombreuses dues principalement aux querelles de rites, de juridictions, d’où découlent des rivalités multiples. L’inexpérience des missionnaires doit chaque jour affronter des situations difficiles.

Quelques mois après son arrivée, Marie de la Passion est nommée supérieure de la maison de Tuticorin et un an après, en 1867, à 28 ans, elle est nommée provinciale des trois maisons que les Réparatrices ont au Maduré. C
ette charge, qu’elle exercera durant neuf années, va lui donner une expérience étendue de la vie et des problèmes missionnaires. Sillonnant dans des conditions difficiles et fatigantes toute cette région au sud de l’Inde, Marie de la Passion se trouve en contact, non seulement avec la population indienne qui lui restera très chère, mais aussi avec le clergé missionnaire et les représentants de l’autorité coloniale britannique, anglicans ou protestants. Ainsi, en même temps que l’univers non chrétien, elle découvre d’autres cultures, d’autres mentalités, d’autres langues. En 1874, son champ d’action s’étend encore par la fondation d’une nouvelle maison à Ootacamund, dans le diocèse de Coïmbatore confié aux Pères des Missions Etrangères de Paris.

En 1876, une suite de circonstances douloureuses et contradictoires l’amène à quitter, avec une vingtaine de religieuses du Maduré, la congrégation de Marie Réparatrice. Cette nouvelle brisure va être le point de départ de son œuvre maîtresse dans l’Eglise, qui scelle en même temps son propre destin. Arrivant à Rome avec trois compagnes, en décembre 1876, elles soumettent au pape Pie IX leur désir de continuer à être religieuses en fondant la congrégation des Missionnaires de Marie, exclusivement vouée à la mission. Le 6 janvier 1877, Pie IX leur fait savoir qu’il autorise cette fondation, placée au point de départ sous l’autorité de Mgr Bardou, vicaire apostolique de Coïmbatore, en même temps qu’il les invite à créer un noviciat en France.

1876-1884

Après quelques semaines de recherches et de contacts divers, Marie de la Passion trouve un accueil chaleureux dans sa Bretagne natale, à Saint-Brieuc, dont l’évêque Mgr David se fait d’emblée son garant et son protecteur. Très vite des vocations se présentent et, en 1880, de la pauvreté des premières petites maisons de Saint-Brieuc, le noviciat peut se transporter dans la propriété des Châtelets, ancienne résidence des évêques de Saint-Brieuc, achetée pour les Missionnaires de Marie par un bienfaiteur, père de l’une d’entre elles. Toutefois, de nombreuses questions juridiques restent en suspens. L’arrivée toujours plus nombreuse de jeunes vocations détermine Marie de la Passion à retourner à Rome, pour donner à son Institut les bases canoniques régulières sans lesquelles il ne pourra se développer. Elle voudrait aussi lui donner l’appui d’un grand Ordre religieux qui lui assurerait stabilité et ouverture.

Dès son arrivée à Rome, les circonstances guident ses pas vers le ministre général des Franciscains et, immédiatement, elle se sent de nouveau chez elle près de saint François que, dans le secret de son cœur, elle n’a jamais cessé de nommer son Père.

En août 1882, la maison de Rome est fondée, et le 4 octobre suivant, fête de saint François d’Assise dont on célèbre le septième centenaire, Marie de la Passion est reçue dans le Tiers Ordre franciscain. C’est appuyée sur ces bases déjà solides: une implantation romaine, l’appartenance à l’Ordre franciscain, que Marie de la Passion va affronter la longue et douloureuse bataille des années 1882-1884 où son œuvre est remise en question. En effet, un procès d’intention lui est fait alors, contestant fondamentalement l’existence de son Institut. Elle est suspendue de sa charge de supérieure générale et reçoit l’interdiction de communiquer avec ses sœurs.

Après de longues démarches, ceux qui se sont faits ses défenseurs: le ministre général des Franciscains et l’évêque de Saint-Brieuc, obtiendront toutefois que le pape Léon XIII nomme un « chargé d’affaires » pour examiner sa cause. Les conclusions de l’enquête sont claires et décisives: en avril 1884, Marie de la Passion est réintégrée dans sa charge, et son Institut est autorisé à se développer dans la famille franciscaine.

Cette période, où Marie de la Passion se retrouve une fois de plus dans le désert, humiliée, condamnée sans avoir été entendue, sera pour elle un creuset fondateur. On voit dans la souffrance son charisme se purifier, s’unifier, s’approfondir. C’est de cette époque que sont datés quelques-uns de ses plus beaux textes spirituels et mystiques.

1884 -1904

Les vingt années qui suivent voient l’efflorescence extraordinaire de ce nouveau surgeon de la famille franciscaine qui se développe d’une façon que nul n’aurait puprévoir. Mais ni l’affluence des jeunes qui arrivent comme touchées par une contagion, ni les appels qui lui parviennent de tous les coins du monde, ne la troublent ou ne la grisent. Elle assume de façon réaliste la tâche qui s’impose à elle: former, organiser, assurer l’avenir.

Sa vie, au cours de ces 20 années, est une « geste  » héroïque où on la voit présente sur tous les fronts, matériel, spirituel, apostolique, social, ecclésial. Quatre-vingt-six fondations s’égrènent sur tous les continents, Europe, Asie, Afrique, Amériques, avec quelque 3 000 religieuses.

En 1900, sept Franciscaines Missionnaires de Marie sont martyrisées en Chine durant la révolte des Boxers, donnant à la fondatrice la joie d’avoir maintenant sept vraies Franciscaines Missionnaires de Marie! Pour les remplacer, elle enverra un nouveau groupe et, parmi elles, une jeune sœur, Marie Assunta, dont la générosité silencieuse aura vite conquis l’affection des Chinois avant de mourir du typhus dès 1905.

Marie de la Passion accomplira sa pâque le 15 novembre 1904, à San Remo. Le dimanche 20 octobre 2002, le Pape Jean Paul II déclarera Marie de la Passion Bienheureuse.

Pour plus d’ information:
Franciscaines Missionnaires de Marie – Maison Généralice
Via Giusti, 12
00185 Rome, Italie
tel. 06/70453555 & fax 06/77207458

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ZENIT Staff

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