Le P. Federico Lombardi

ZENIT - HSM

Lettre du pape sur les abus : "un puissant rappel à tout le peuple de Dieu"

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Commentaires du père Lombardi

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La Lettre du pape François sur les abus sexuels est « un puissant rappel à tout le peuple de Dieu », affirme le p. Federico Lombardi, ancien directeur de la salle de presse du Saint-Siège : elle « indique le parcours pour passer d’une culture qui cache à une culture qui affronte la question avec transparence, avec des procédures claires et décidées ».
Dans le quotidien de la Conférence épiscopale italienne Avvenire du 21 août 2018, le père Lombardi a commenté ainsi la Lettre du pape diffusée la veille sur la question des abus sexuels perpétrés sur des mineurs.
« La nouveauté de ce document si fort et si vibrant, explique le p. Lombardi, se trouve justement dans le fait qu’il s’adresse à tout le peuple de Dieu, pour le rendre conscient du caractère dramatique du défi et de l’urgence d’une conversion solidaire. » « C’est une réponse globale à un problème global », ajoute-t-il.
Troisième lettre d’un pape sur la pédophilie
C’est la troisième fois qu’un pape écrit une lettre sur la pédophilie : en 2010, rappelle l’ancien directeur de la salle de presse, une Lettre du pape Benoit XVI sur les abus sexuels en Irlande « abordait pour la première fois la question de manière systématique et avec un large spectre d’action ». « Devenu pape, explique le p. Lombardi, Ratzinger a cherché à affronter cette question dans toute son amplitude en visant certains aspects repris maintenant par le pape François : reconnaître le crime, proximité à l’égard des victimes, rétablir la justice, soigner les blessures, renforcer la responsabilité pastorale dans la formation des clercs. En somme, développer une culture de la prévention et de la protection des mineurs. »
Le 31 mai 2018, le pape François s’adresse avec une lettre à l’Église chilienne en l’appelant à un changement radical pour lutter contre la « culture de l’abus ».
La dernière Lettre du pape François se situe, pour P. Lombardi, « en continuité sur ce thème avec son prédécesseur Benoît XVI ».
Le véritable changement
En s’adressant « à tout le peuple de Dieu », explique l’ancien directeur de la salle de presse, le pape François « part de l’idée » qu’il a « du rapport entre autorité et peuple de Dieu : celui du service et non du cléricalisme, à savoir du pouvoir ». « Et puis, ajoute P. Lombardi, il y a un élargissement de perspective en liant les abus physiques à ceux sur la conscience et ceux du pouvoir. » « Cela me paraît un point important, dit-il, parce que les abus physiques, surtout s’ils sont commis par des prêtres, sont aussi des abus de pouvoir et de conscience. »
Le p. Lombardi ne considère pas qu’il n’y a eu aucun changement depuis huit ans : « Mais une culture, dit-il, ne se change pas d’un coup de baguette magique. … Réformer un organisme ou un dicastère ne suffit pas ; le véritable changement, nous dit le pape François, se trouve dans la façon d’être Église de la part de tout le peuple de Dieu. »
« Je voudrais faire observer, ajoute le p. Lombardi, sans minimiser la gravité de ce qui est sorti en Pennsylvanie, que là où les bonnes pratiques ont été mises en œuvres, il y a des résultats : le même rapport américain dit qu’en 70 ans il y a eu 301 prêtres qui ont abusé, mais que ces dix dernières années, il n’y a eu que deux prêtres et ils ont été dénoncés. Voici les signaux d’une inversion de tendance. »
En évoquant l’activité de la commission pour la protection des mineurs, créée par le pape François, le jésuite souligne que « certes, il faut regarder le passé et le présent, mais avec un regard tourné vers l’avenir, vers la manière de prévenir, de faire des propositions pour mieux protéger les mineurs ».
« Il me semble important de redonner une crédibilité à l’Église par des discours, des actes et des procédures, affirme le père Lombardi. Nous le devons à notre tradition millénaire dans le domaine éducatif, formatif et social, qui nous a toujours vus engagés aux côtés et avec les enfants et les jeunes. L’Église a une tradition extraordinaire dans ce domaine dans le passé et dans le présent. Il est dramatique que tout ceci soit relégué dans l’ombre, miné par la méfiance causée par les crimes commis. Mais nous ne devons pas nous décourager. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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