Intercession du patriarche Bartholomée, Assise, capture CTV

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Le sang des martyrs renforce la foi, écrit le patriarche Bartholomée

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Lettre au pape François pour la fête de saint Pierre et saint Paul

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« L’Eglise a été persécutée tout au long de son histoire, à différentes époques et périodes; mais le sang de ses martyrs a renforcé notre foi et notre témoignage pour notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ». C’est ce qu’écrit le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier, dans une lettre adressée au pape François à l’occasion de la solennité de saint Pierre et saint Paul, célébrée le 29 juin 2017.
Le message, publié en italien par L’Osservatore Romano, a été remis au pape par une délégation du patriarcat venue au Vatican dans le cadre de la traditionnelle visite pour la fête des saints apôtres. « Ces dernières années, assure le patriarche orthodoxe, nous avons assisté avec grande tristesse aux attaques contre les chrétiens et leurs lieux de culte. Nos Eglises sœurs sont solidaires, avec tous les chrétiens persécutés et opprimés d’aujourd’hui ».
Evoquant sa dernière rencontre avec le pape François lors de son récent voyage en Egypte (28-29 avril derniers), « une terre constamment irriguée par le sang de martyrs chrétiens », le patriarche affirme qu’il n’existe « aucune justification du terrorisme, au nom de la religion » : « la violence est la négation des croyances religieuses fondamentales et de la doctrine ».
Bartholomée Ier exprime aussi son « profond désir d’avancer ensemble sur le chemin vers l’unité » : « nous sommes convaincus que notre témoignage commun face aux nombreux défis de notre monde contemporain, constitue un témoignage positif pour l’Eglise du Christ et pour nous rapprocher d’avantage de l’unité ».
Voici notre traduction intégrale du message du patriarche Bartholomée Ier.
AK
Message du patriarche Bartholomée
Sainteté,
Aujourd’hui nous célébrons avec vous la vénérable mémoire des saints, glorieux et honorables chefs des apôtres, Pierre et Paul, qui ont reçu leur couronne du martyre dans la cité impériale. Nous participons à la joie de cette solennité, perpétuant l’heureuse tradition d’échanger les visites officielles de nos délégations à l’occasion de nos fêtes de la Chaire respectives. Veuillez recevoir, Sainteté, l’expression de nos vœux fraternels transmis personnellement par notre délégation patriarcale conduite par son Excellence Mgr  Job di Telmessos, co-président de la commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre nos deux Eglises sœurs, le père Ambrosios Chorozidis, grand syncelle du patriarcat œcuménique, et l’archimandrite Agathangelos Siskos, bibliothécaire du patriarcat œcuménique et secrétaire de la vénérable délégation envoyée cette année.
La commémoration des saints apôtres Pierre et Paul nous rappelle leur témoignage commun et leur ministère au nom de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ qui les ont conduits jusqu’au martyre. L’Eglise a été fondée sur le Christ, à travers la confession, le témoignage et le sang des saints apôtres, comme avait annoncé le Seigneur : « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes, 1, 8). Après que saint Pierre eut proclamé que  Jésus Christ est le Messie, Fils du Dieu vivant, notre Seigneur a dit: « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Matthieu, 16, 18). Pour cette même raison voici comment saint Paul parla de sa mission: « Fort du secours que j’ai reçu de Dieu, j’ai tenu bon jusqu’à ce jour pour rendre témoignage devant petits et grands. Je n’ai rien dit en dehors de ce que les prophètes et Moïse avaient prédit, à savoir que le Christ, exposé à la souffrance et premier ressuscité d’entre les morts, devait annoncer la lumière à notre peuple et aux nations » (Actes, 26, 22-23).
Tertullien a reconnu le sang des apôtres et puis celui des martyrs chrétiens comme semence pour l’Eglise. S’adressant à ceux qui persécutaient les chrétiens, il a dit: « Nous devenons même plus nombreux, chaque fois que vous nous moissonnez: le sang des chrétiens est une semence » (Apologétique, 50). La mort des martyrs est un témoignage de la mort du Christ sur la croix et de sa glorieuse résurrection du tombeau le troisième jour, qui nous conduisent tous les deux à la vie éternelle dans son Royaume. Pour cette raison, nous célébrons avec joie la fête des saints martyrs, avec la joie de la résurrection et dans la joyeuse anticipation de la gloire du Royaume à venir, comme témoigné par le premier martyr, l’archidiacre Etienne, au moment de son martyre : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Actes 7, 56).
L’Eglise a été persécutée tout au long de son histoire, à différentes époques et périodes; mais le sang de ses martyrs a renforcé notre foi et notre témoignage pour notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Comme épouse du Christ, encore aujourd’hui l’Eglise est appelée au martyria, affrontant de nouvelles formes de persécution et oppression. Ces dernières années, nous avons assisté avec grande tristesse aux attaques contre les chrétiens et leurs lieux de culte. Nos Eglises sœurs sont solidaires, avec tous les chrétiens persécutés et opprimés d’aujourd’hui, et en ce moment nous pensons à « tous ceux qui se trouvent dans les mines, en exil, subissant un dur travail, et tous ceux qui vivent toute sorte d’affliction, oppression, besoin ou angoisse ».
Aujourd’hui nous pensons à la joie que nous avons éprouvé il y a deux mois en étant avec vous en Egypte, une terre constamment irriguée par le sang de martyrs chrétiens. Nous avons prié avec vous pour le peuple d’Egypte, pour l’unité, la paix et la justice dans le monde, en l’église des saints Pierre et Paul au Caire, juste à côté de la cathédrale orthodoxe copte de Saint-Marc qui, il y a quelques mois, est devenu un saint martyrion.
Ce fut un moment important pour nous et pour le monde. C’est au Caire qu’avec vous, Sainteté, nous avons pris la parole à une conférence internationale sur la paix, partageant la conviction qu’il ne peut y avoir aucune violence, ni aucune justification du terrorisme, au nom de la religion. Avec vous, nous avons souligné que la violence est la négation des croyances religieuses fondamentales et de la doctrine, que la vraie foi ne dispense pas les êtres humains de leur responsabilité pour le monde, et nous avons mis l’accent sur l’importance de respecter la dignité humaine et la nécessité de soutenir les luttes visant à obtenir  la justice et la paix. Nous avons rappelé à notre monde contemporain que l’humanité exige aujourd’hui de la religion « honnêteté » et « ouverture » à cultiver l’amour, la solidarité et la compassion. Ceci est réalisable aussi à travers le dialogue interreligieux dont la finalité est de vaincre le fondamentalisme religieux et montrer que les religions peuvent et doivent servir de ponts entre les personnes, d’outils de paix et de compréhension réciproque, de respect entre les êtres humains. Ce dialogue interreligieux devient encore plus fort à travers un meilleur rapprochement des chrétiens divisés.
Ainsi, nous sommes convaincus que notre témoignage commun face aux nombreux défis de notre monde contemporain, constitue un témoignage positif pour l’Eglise du Christ et pour nous rapprocher d’avantage de l’unité. Tel est en effet le commandement de notre Seigneur et Sauveur : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean, 13, 35). Il y a plus de cinquante ans, nos Eglises sœurs ont entrepris un dialogue d’amour qui nous a entraînés dans un dialogue de vérité. Tenant compte de cela, nous accordons une grande importance au dialogue théologique, conduit pendant presque quarante ans entre nos Eglises soeurs. Nous sommes particulièrement heureux d’apprendre que la quatorzième rencontre de la commission internationale pour le dialogue théologique de septembre dernier, à Chieti, s’est déroulée dans un climat de collaboration fraternelle et d’échange théologique réciproque, produisant avec succès un important document commun sur le primat et la synodalité au premier millénaire.  Cette commission a proposé de nouveaux pas sur notre chemin commun vers l’unité. Maintenant la commission entrera dans une nouvelle phase de dialogue. Prions pour que le comité de coordination, prévu en septembre sur l’ile de Leros, soit fécond, proposant un thème commun et une méthodologie pour la prochaine phase de notre débat.
Sainteté, très cher frère François, tandis que nous célébrons aujourd’hui la fête de la Chaire de l’Eglise de Rome, nous réaffirmons notre profond désir d’avancer ensemble sur le chemin vers l’unité. Prions pour que notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous donne santé, force et paix, que vous puissiez continuer votre diakonía aux précieuses âmes  qui sont confiées à vos soins et  à votre sagesse.
Tout en vous transmettant, sainteté, à vous ainsi qu’à la vénérable hiérarchie et aux fidèles amants  du Christ de votre Eglise, nos plus cordiales salutations, nous vous embrassons fraternellement d’un « saint baiser »  et restons avec grand amour et vénération en Jésus Christ, l’Agneau tué qui vit dans l’éternité.
Du patriarcat oecuménique, 29 juin 2017
Votre bien aimé frère en Jésus Christ
Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Océane Le Gall

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