Le Saint-Siège, un Etat à part, par l’ambassadeur du Liban, M. Abi Assi (1)

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Rôle et fonctions d’une représentation diplomatique près le Saint-Siège

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ROME, Mardi 22 mai 2007 (ZENIT.org) – L’une des particularités du Saint-Siège « c’est qu’il n’a pas d’intérêts matériels à défendre, et que son action est désintéressée », rappelle l’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège, M. Naji Abi Assi.

Le diplomate est intervenu, le 15 mai, sur le thème : « Le Rôle et les Fonctions d’une Représentation Diplomatique auprès du Saint-Siège », dans le cadre du cours intitulé « L’Eglise catholique et la politique internationale du Saint-Siège », et de la session sur « Le Corps diplomatique : les Nonciatures et les Représentations Diplomatiques auprès du Saint-Siège », qui s’est tenue à l’Université Pontificale grégorienne, à Rome.

Le cours s’adresse à des diplomates du monde arabe pour faire connaître l’Eglise catholique et est promu par la Fondation « La Gregoriana » et l’Institut international « Jacques Maritain ». La séance était présidée par le cardinal Jean-Louis Tauran.

« La réponse à la question de savoir quelle est la fonction et le rôle d’une mission diplomatique près le Saint-Siège devrait être évidente. Et pourtant c’est la question que se posent nombre de diplomates, voire d’ambassadeurs nouvellement accrédités auprès du Saint-Siège, surtout s’ils viennent de pays à tradition non chrétienne ou non-catholique », soulignait d’emblée l’ambassadeur du Liban.

Il s’est tout d’abord référé à la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques.

Mais il faisait observer que « le Saint-Siège, n’est pas une entité comme les autres ». Il rappelait que « le Saint-Siège est l’entité juridique, internationalement reconnue, qui incarne le pouvoir spirituel du Chef suprême de l’Eglise catholique, le Pape, assisté dans son Gouvernement central par la Curie romaine, ce terme voulant dire – comme on a dû vous l’expliquer – l’ensemble des dicastères et des organismes qui aident le Souverain Pontife dans l’exercice de sa mission pastorale suprême ».

« Le Saint-Siège, à l’instar des Etats, dispose, précisait-il, du droit actif de légation diplomatique, et exerce le droit passif, c’est-à-dire celui de recevoir les Ambassadeurs envoyés par les Etats en mission ordinaire permanente ou extraordinaire. Et c’est donc auprès du Saint-Siège que nous sommes accrédités, non auprès de l’Etat de la Cité du Vatican ».

« Quant à l’Etat de la Cité du Vatican, qui est aussi un sujet souverain de droit public international, précisait encore l’ambassadeur, il correspond en fait à une « assise et une réalité territoriale », créée en 1929, à la suite du Traité du Latran conclu entre le Saint-Siège et l’Italie, dans le seul but de garantir l’indépendance du Pape, et de permettre au Souverain Pontife d’exercer librement son ministère de gouvernement de l’Eglise universelle.

Il prenait cet exemple : « Pour mieux comprendre, pensez qu’à la fin des Etats Pontificaux (1870) et avant la création de l’Etat de la Cité du Vatican (1929), le Saint-Siège a continué à entretenir des relations diplomatiques auprès des Etats, le nombre de ses représentants ayant augmenté à cette même époque de 16 à 29. A l’heure actuelle, la plupart des pays du monde entretiennent des relations diplomatiques avec le Saint-Siège ».

L’ambassadeur du Liban ajoutait cette distinction : « Alors que la superficie de la Cité du Vatican est de 0.44 Km2 et sa population de 800 personnes environ, l’Eglise catholique dont le Souverain Pontife est le Chef suprême compte plus de un milliard et cent millions de personnes, dont plus de 400.000 prêtres, 110.000 séminaristes, 32.000 diacres permanents encadrant des dizaines de milliers de paroisses, d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, de dispensaires et autres institutions éducatives ou caritatives, répartis sur tous les continents ».

« Son expérience des relations humaines est riche de 2000 ans d’histoire sans interruption, survivant aux invasions barbares, au nazisme et au communisme, gagnant à chaque fois une jeunesse nouvelle, comme se plaît à le dire S.S. le Pape Benoît XVI », ajoutait le diplomate libanais.

« Une troisième particularité du Saint-Siège c’est qu’il n’a pas d’intérêts matériels à défendre, et que son action est désintéressée. Ses positions ne sont dictées ni par la géopolitique, ni les échéances électorales, ni l’évolution des marchés. Sa diplomatie est avant tout une « diplomatie de l’Evangile », comme l’a affirmé S.E. Mgr Dominique Mamberti, Secrétaire pour les Relations avec les Etats, lors de sa première rencontre avec les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, en date du 14 novembre 2006 ».

Et de préciser : « Parallèlement, dans l’exercice de leurs fonctions, les représentants diplomatiques près le saint-Siège ne sont pas appelés par définition à s’occuper de questions relatives aux rapports commerciaux, économiques, financiers, ou à la promotion touristique, ou la protection de leur ressortissants ».

« Au vu de la centralité de la personne du Pape, Chef suprême de l’Eglise et Souverain Pontife, détenant la plénitude des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, et assisté par une sorte de Gouvernement qui est la Curie romaine, et notamment par la Secrétairerie d’Etat », M. Abi Assi soulignait en outre que « nous travaillons effectivement dans le cadre de la diplomatie bilatérale ».

Mais en même temps, faisait-il remarquer, « le Saint-Siège qui a un rayonnement mondial et qui est l’expression juridique du Gouvernement de l’Eglise catholique universelle, pourrait se présenter aussi comme un cadre de diplomatie multilatérale, tant sur le plan interne que celui de l’activité internationale ».

L’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège soulignait ainsi le caractère international de la Curie romaine « composée dans sa grande majorité d’officiels bénéficiant de la citoyenneté vaticane », mais « toutes ces personnes proviennent de pays différents , sont affectées à des fonctions différentes, et apportent avec eux des cheminements personnels, des éclairages et des expériences à la dimension du monde ».

Il citait parmi les dernières nominations au sein de la Curie « l’arrivée d’un Préfet indien et d’un Préfet brésilien ».

De plus, « l’universalité de l’Eglise se reflète aussi au niveau du Collège des Cardinaux » : plus de 190 cardinaux dont une centaine venant d’Europe, une trentaine d’Amérique latine, 20 d’Amérique du Nord, 20 d’Asie, 17 d’Afrique et 4 d’Océanie.

Et de conclure pour ce qui est des missions diplomatiques près le Saint-Siège : elles « sont ainsi appelées à suivre la vie de l’Eglise dans toutes ses composantes, à savoir : le Siège apostolique, l’Eglise universelle, et leur propre Eglise locale, et notamment, les relations qu’entretient cette Eglise, non seulement avec le Siège de Rome, mais aussi avec le Gouvernement central sur les divers sujets de la vie nationale ».
(à suivre)

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ZENIT Staff

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