Le bienheureux don Puglisi a vaincu la mafia

Priez pour la conversion des mafieux

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Le pape rend hommage au bienheureux martyr de la mafia Pino Puglisi et il invite les fidèles catholiques à prier pour la conversion des personnes mafieuses, hommes et femmes, qui réduisent les autres en esclavage (cf. notre album photo de l’angélus sur Facebook: https://www.facebook.com/media/set/?set=a.493950824006229.1073741940.429643830436929&type=1).

Lors de l’angélus de midi, de ce dimanche 26 mai, dimanche de la Sainte Trinité, place Saint-Pierre, le pape a en effet  évoqué la béatification, hier, à Palerme, de don Giuseppe Puglisi, dit Pino Puglisi ou « 3P » (Padre Pino Puglisi). La cérémonie aété présidée par le cardinal Salvatore De Giorgi, au nom du pape François, en présence de quelque 80 000 personnes, rassemblées au stade Renzo-Barbera.

Ce prêtre sicilien a été assassiné le jour de son 56e anniversaire, vers 20h45, le 15 septembre 1993, devant sa maison, piazza Anita Garibaldi, dans le quartier Brancaccio de Palerme: il y a quasi 20 ans. Il dérangeait, ce qui se dit en italien « casser les boîtes » (rompere le scatole). Il l’avait expliqué aux jeunes en apportant une boîte en carton et en sautant dessus: « Je suis un casse-boîtes », un casse-pied! 

Il lorsque le tueur lui a tiré une balle dans la nuque don Puglisi a murmuré en souriant: « Je m’y attendais ». Qui a affectué l’autopsie a été marqué par ce sourire inscrit sur son visage. 

Comme c’est la procédure avant une béatification, lors de la « reconnaissance canonique » son corps a été faite: il a été exhumé et trouvé intact, vingt ans après. Il a été transféré du cimetière de Sant’Orsola, à la cathédrale de Palerme.

Le pape lui a rendu hommage et a affirmé que c’est lui qui en fin de compte a gagné: « Don Puglisi a été un prêtre exemplaire, spécialement dévoué à la pastorale des jeunes. En éduquant les adolescents selon l’Evangile, il les soustrayait au milieu, et ainsi, celui-ci a cherché à le vaincre en le tuant. Mais en réalité, c’est lui qui a vaincu grâce au Christ ressuscité. » 

Le pape a aussi saisi cette occasion pour dénoncer l’exploitation des êtres humains par les « mafias »: « Je pense à tant de souffrances d’hommes et de femmes, d’enfants aussi, qui sont exploités par tant de mafias qui les exploitent en leur faisant faire un travail qui les rend esclave, par la prostitution, avec tant de pressions sociales. Derrière ces exploitations, derrière ces esclavages, il y a des mafias. »

Et il a invité à prier pour la conversion des responsables de cet esclavage: « Prions le Seigneur pour qu’il convertisse le coeur de ces personnes. Ils ne peuvent pas faire cela! Ils ne peuvent pas de nos frères des esclaves! Nous devons prier le Seigneur! Prions pour que ces mafieux et ces mafieuses se convertissent à Dieu et louent Dieu pour le lumineux témoignage de don Giuseppe Puglisi et faisons trésor de son exemple! »

Né à Palerme en 1937, dans une famille modeste – son papa est cordonnier, sa maman couturière – , don Giuseppe Puglisi est ordonné prêtre en 1960. Nommé à la paroisse de Godrano, déchirée par la lutte sanglante que se livrent deux familles mafieuses, il réussira à les réconcilier.

En 1990, il est nommé à Palerme, dans la quartier de Brancaccio, terre de mafia. Il s’engage pour les jeunes : un collège naîtra après sa mort. Il fonde une maison d’Accueil « Padre Nostro » pour les familles en difficulté.

Mais le bruit court qu’il abritet chez lui des agents de la brigade anti-mafia et son exécution est décidée.

Son assassin, Salvatore Gregoli, a été arrêté en juin 1997. Il a agi accompagné – sur une Fiat Uno blanche – de Gaspare Spatuzza. Les commanditaires, Filippo e Giuseppe Graviano ont été arrêtés l’année suivante.

Salvatore Gregoli, 49 ans, a reconnu: « Je pourrais avoir tué un saint. Et j’en répondrai devant Dieu ». Il dit que maintenant il croit en Dieu. Il a avoué avoir tué 50 personnes et avoir participé à plusieurs attentats. Il explique pourtant qu’un jour il a trouvé une bible dans un appartement mis à sa disposition.

Surtout, la mort de Don Puglisi l’a « poursuivi comme une malédiction » et l’a « conduit à la vie honnête » qu’il mène maintenant et rend « supportable l’horreur » de sa vie passée, mais ne la fait pas oublier: « Je pense à mes morts », « je pleure et je prie pour eux ».

Depuis le 15 septembre 1993, il allume chaque jour un cierge pour demander pardon » à don Puglisi. Et tous les soirs, avant d’aller se coucher il « demande pardon à Dieu ». Il est marié et a trois enfants, un travail. Il « sourit » mais « n’oublie pas » son passé.

Il ajoute, dans un entretien à Panorama, en 2012: « Chaque fois que j’y pense, que j’en prends conscience, j’ai des sueurs froides, et je voudrais devenir un fantôme, une ombre. Je voudrais mourir. Mais ce sourire, le sourire de don Puglisi me sauve encore. Tous les soirs. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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