L’inquisition, moins sévère que les tribunaux civils de l’époque

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Un travail rigoureux d’historiens met les chiffres à plat

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CITE DU VATICAN, Mardi 15 juin 2004 (ZENIT.org) – L’inquisition s’est montrée beaucoup moins sévère que les tribunaux civils de l’époque estiment les historiens qui ont repris le dossier pour contribuer à faire la part des choses entre imaginaire et faits avérés, dans le volume intitulé « L’Inquisition ».

Cette somme contient les actes du Symposium international organisé au Vatican du 20 au 31 octobre 1998 par la Commission historico-théologique du Comité du Grand Jubilé de l’an 2000 à la demande de Jean-Paul II.

On y apprend par exemple, indique le professeur Borromeo, que les 100.000 procès pour sorcellerie des tribunaux civils d’Europe ont abouti à 50.000 condamnations à mort. Les 120.000 procès de l’inquisition espagnole ont abouti à 59 condamnations à mort, certaines exécutées par contumace en brûlant des mannequins: ces statistiques mises à jour expliquent aussi pourquoi dans tel cas, l’accusé a demandé à être jugé par le tribunal de l’Inquisition plutôt que par un tribunal civil. Ainsi, cette étude établit de façon scientifique, c’est-à-dire par conséquent sans jamais céder « à la polémique ou à l’apologétique », que « le recours à la torture et à la peine de mort » n’ont « pas été aussi fréquents qu’on l’a longtemps cru ».

Après avoir demandé aux historiens cette radiographie des faits historiquement avérés, le pape Jean-Paul II a cependant demander publiquement pardon, en l’an 2000 pour les « méthodes » violentes employées au service de la vérité.

Le prof. Borromeo précisait que le colloque a permis d’envisager le phénomène de l’Inquisition dans son étendue historique, depuis son origine, au XIIIe siècle, et dans son étendue géographique, dans les principales régions touchées par l’hérésie (France et Italie notamment) ».

L’étude de la période moderne, précisait l’historien, a été effectuée par aires géographiques telles que l’Espagne et le Portugal et leurs empires coloniaux, mais aussi en Italie avec la congrégation romaine du Saint-Office, aux Pays-Bas ou encore en Angleterre. Il précisait que les premiers « commissaires » ("inquisitores ») délégués par le Siège Apostolique ont reçu la mission de combattre les hérésies dans différentes régions sous le pontificat de Grégoire XI (1227-1241).

La répression, particulièrement active aux XIIIe et XIVe siècles, expliquait l’historien, a touché les mouvements hérétiques médiévaux, surtout cathéres et vaudois, puis les mouvements « judaïsant » ou « islamisant », le protestantisme, la sorcellerie, la répression relative aux livres mis à l’index (le premier « Index » date de 1559), scientifiques comme littéraires, ou bien les Bibles en langues vernaculaires, et enfin le contexte dans lequel les tribunaux inquisitionnels ont été abolis, à partir de la seconde moitié du XVIIIe s., le dernier à l’être étant l’Inquisition espagnole, en 1834. Mais à partir du XVIIIe siècle, plus aucune condamnation à mort n’a été prononcée.

Il rappelait aussi les deux objectifs du comité scientifique d’organisation du colloque, sous la présidence du cardinal Cottier: embrasser toute l’histoire de l’institution inquisitoriale, de son origine à son abolition, en cherchant à identifier les thèmes les plus significatifs, et ensuite, identifier les plus grands noms des spécialistes mondiaux à inviter comme rapporteur officiel ou comme expert pour la participation aux débats, avec leurs interventions éventuelles (certaines, parvenues sont publiées dans le volume).

Les Actes du Symposium constituent, affirmait l’historien, « un matériel de référence pour les recherches sur l’Inquisition, en particulier du fait de leur rigueur scientifique, hors des polémiques, ou des apologies, qui caractérisent une bonne part de la bibliographie ancienne, mais aussi du fait de l’abondance des données qui permet de mieux affronter les lieux-communs principaux que sont le recours à la torture ou la peine de mort ».

Ces recours furent d’ailleurs bien moins fréquents qu’on ne le croit » au long des siècles d’existence de l’institution, précisait le prof. Borromeo, citant tel ou tel tableau statistique publié dans ce livre.

Insistant ainsi que la « rigueur scientifique » des travaux du colloque, l’historien, concluait: ce volume entend « relancer le débat intellectuel sur le sujet, et encourager de nouvelles recherches historiques ».

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ZENIT Staff

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