Le pape Jean-Paul Ier était un véritable « apôtre du concile », a déclaré le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin. Élu au cours du premier conclave « après la conclusion de Vatican II », il « a fait progresser l’Église le long de la dorsale des chemins maîtres indiqués par le concile : remonter aux sources de l’Évangile et donner un nouvel élan à la dimension missionnaire, à la collégialité épiscopale, au service dans la pauvreté ecclésiale, au dialogue avec le monde moderne, à la recherche de l’unité avec les Églises chrétiennes, au dialogue interreligieux, à la recherche de la paix ».
C’est ainsi que le « numéro 2 » du Vatican a caractérisé le bref pontificat d’Albino Luciani (Jean-Paul Ier, pape durant 33 jours en 1978) — « dont l’importance est inversement proportionnelle à la durée » — en intervenant, le 13 mars 2018 à Venise, à la présentation du livre de Stefania Falasca (vice-postulatrice de la cause de canonisation) Papa Luciani. Cronaca di una morte, pour lequel le secrétaire d’État a écrit la préface (Milan, Piemme, 2017).
Selon L’Osservatore Romano du 14 mars, le cardinal Parolin a souligné que l’élection du pape Jean-Paul Ier a exprimé « la volonté de progresser dans la mise en œuvre des orientations » de Vatican II. Les cardinaux-électeurs visaient « la vertu indispensable de la dimension pastorale » dans l’élection de Luciani, qui « ne fut pas choisi pour être un pasteur, mais parce qu’il l’était ».
Le pape Jean-Paul Ier, a poursuivi le secrétaire d’État, « n’a pas été le passage d’une météorite qui s’éteint après un bref trajet », mais « il est resté dans le temps comme un témoignage fort et important de ce qu’est l’essence, le fondement authentique d’une vie vécue dans l’Église et pour l’Église » : il a concouru à « renforcer le dessein d’une Église conciliaire proche de la douleur des personnes et de leur soif de charité ».
Le secrétaire d’État a cité divers documents dans lesquels apparaissent « les traits saillants d’un magistère conciliaire », insistant sur « la proximité, l’humilité, la simplicité, la miséricorde de Dieu, sur la solidarité fraternelle et l’amour du prochain ».
« Favoriser la réconciliation et la fraternité entre les peuples, a souligné le cardinal Parolin, était — avec l’engagement œcuménique et interreligieux — une priorité dans le programme de Jean-Paul Ier ». Dans un échange épistolaire entre le pape et le président américain Carter, Jean-Paul Ier garantissait entre autres la collaboration du Saint-Siège, « par tous les moyens compatibles avec son activité », pour arriver à « une solution définitive du problème du Moyen-Orient de la pleine réconciliation des peuples qui ont tant souffert d’un triste et long conflit ».
Le message de Jean-Paul Ier, a souligné le cardinal Parolin, est un message « extraordinairement actuel », mais malheureusement « il resté trop souvent assombri par les théories et suspicions sur sa mort ». Il faut au contraire, a-t-il ajouté en rendant hommage au travail de Stefania Falasca, se laisser guider par « l’étude rigoureuse des faits sur la base des sources », par « le résultat des documents et … les dépositions des témoins ».
Le souhait du cardinal est que « la constitution d’une nouvelle fondation ad hoc puisse dûment accomplir la tâche non seulement de protéger le patrimoine des écrits et l’œuvre de Jean-Paul Ier, mais également de promouvoir l’étude systématique et la diffusion de sa pensée et de sa spiritualité ».
Avec une traduction d’Océane Le Gall
Jean-Paul Ier © Wikimedia Commons / Sentinelle del mattino
Jean-Paul Ier, "apôtre du concile", par le card. Parolin
Présentation d’un ouvrage dont le cardinal a signé la préface