« Enseigner aux enfants le caractère précieux de la vie et comment protéger leur vie » : c’est la vocation de Toshiko Kato, directrice d’un jardin d’enfant, survivante du tsunami qui a frappé le Japon en mars 2011.
C’est d’ailleurs le thème de la visite du pape François au Japon: « Protéger toute vie » – « Protect all life ».
Elle a témoigné lors de la rencontre du pape François avec quelque 800 survivants du « triple désastre » de mars 2011, ce lundi 25 novembre 20019 au palais des congrès «Bellesalle Hanzomon » de Tokyo.
Ce « triple désastre » c’est le séisme de magnitude 9 (échelle de Richter), le tsunami qu’il a provoqué et l’accident nucléaire de Fukushima. En tout quelque 18 000 morts et 50 000 personnes toujours déplacées dans d’autres régions du Japon, sans compter les blessés, atteints physiquement ou psychiquement.
Elle a été la première à témoignage, avant le moine bouddhiste, Tokuun Tanaka, survivant de Fukushima, et le jeune Matsuki Kamoshita.
Voici notre traduction, de l’anglais, du témoignage de la jeune femme.
AB
Je m’appelle Toshiko Kato et je suis à la tête d’un jardin d’enfants catholique à Miyako, dans la préfecture d’Iwate. J’étais au travail le jour du tsunami. Une fille du jardin d’enfants qui était rentrée chez elle est décédée.
À compter de ce jour-là, j’ai continué à réfléchir à l’importance d’enseigner aux enfants le caractère précieux de la vie et comment protéger leur vie, ainsi que sur la lourde responsabilité que j’ai comme directrice de jardin d’enfants de faire les meilleurs choix pour protéger leur vie.
Avec le reste de la ville, ma maison a été balayée par le tsunami. La digue construite autour de la ville pour contrer un tsunami a cédé. Il était si grand que des gens venaient de l’étranger pour le voir. Les objets fabriqués par la sagesse et le pouvoir humains ont été détruits et emportés, mais ceux fabriqués par la nature ne se sont pas rompus. J’ai appris que les êtres humains ne peuvent pas combattre la nature et qu’on a besoin de la sagesse de vivre avec la nature.
Ce matin-là, je ne pouvais pas savoir que la vie quotidienne que je connaissais avant de quitter la maison prendrait fin et qu’en un instant, de nombreuses personnes allaient mourir. J’étais insouciamment occupée par ce que je devais faire. Je me souviens que lorsque je me suis retrouvée au milieu des décombres là où ma maison se trouvait auparavant, j’ai été reconnaissant d’avoir eu la vie sauve, d’être vivante et de pouvoir simplement l’apprécier.
Par ce tremblement de terre, j’ai reçu beaucoup plus que ce que j’ai perdu. Beaucoup de gens du monde entier ont ouvert leur cœur et j’ai pu retrouver l’espérance en voyant des gens se rassembler pour s’entraider.
Huit ans après, je pense enfin à connecter progressivement l’avant et l’après de cette époque. Qu’est-ce qui est important et qu’est-ce qui doit être protégé? Si vous ne faites rien, le résultat sera zéro, mais si vous faites un pas, vous avancez d’un pas. J’ai compris le fait évident que la journée d’aujourd’hui est la continuation de celle d’hier et qu’elles sont connectés à demain. La vie est la chose la plus importante et aucune bonne vie n’est perdue.
En priant pour savoir comment la vie des petits qui souffrent sur la terre peut être protégée, je veux réfléchir à ce que je peux faire avec la vie qui m’a été donnée et avancer peu à peu.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin