Internet peut-il être un modèle qui nous aide à mieux comprendre l’Eglise ?

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Congrès à Rome

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ROME, Dimanche 25 avril 2010 (ZENIT.org) – « Témoins numérique » ! C’est ce qu’ont été invités à devenir les 1350 participants au congrès organisé par la Conférence épiscopale italienne du 22 au 24 avril, à Rome. Un congrès qui a invité les opérateurs de la communication dans les diocèses, les paroisses et les mouvements, à s’engager plus résolument sur internet tout en gardant un sens fort de la personne et de la relation humaine.

Comment l’Eglise peut-elle être de plus en plus et de mieux en mieux présente sur internet ? C’est la grande question que se posent tous les acteurs de la pastorale sur le réseau mondial. Parmi eux, le père Antonio Spadaro, un jésuite fortement impliqué dans la recherche sur les liens entre l’Eglise et le Web. L’auteur de « Web 2.0, réseau de relations » (Web 2.0, reti di relazione) est intervenu au cours de ce congrès pour présenter ses réflexions et aider les participants à mieux déterminer leur présence sur internet.

Pour lui, « l’Eglise qui évangélise est naturellement présente – et elle est appelée à l’être – là où l’homme développe sa capacité de connaissance et de relation ». Alors que le réseau mondial sert de plus en plus comme lieu où se formulent des recherches sur Dieu, cela implique, de nos jours, une relation forte entre l’Eglise et Internet. De ce fait donc, la pastorale de l’Eglise ne peut éviter de se confronter à cette réalité d’internet qui, avec le Web 2.0 devient un « environnement de vie, un espace anthropologique et d’interrogation religieuse ». Face aux diverses demandes qui sont posées, l’Eglise peut elle aussi proposer ses réponses, mais surtout inviter au discernement, permettant ainsi à l’internaute de mieux cerner les questions et les réponses.

En outre, cette nouvelle forme de réseau (le web 2.0) insiste clairement sur les rapports interpersonnels, et donc sur les concepts de personne, d’échange, de relation. Cependant, conjointement à ces relations qui se développent, l’homme court le risque de s’isoler ; en effet, la disponibilité requise par ces réseaux est telle que la personne n’a plus de temps pour elle, pour penser, pour se reposer, pour vivre une « réelle interaction sociale ».

L’interaction entre l’Eglise et internet ne se limite néanmoins pas à cet engagement résolu dans une présence active sur le web. La question du père Spadaro, « le réseau peut-il être un modèle, certes non exhaustif, qui nous aide à mieux comprendre l’Eglise ? »  pousse à la réflexion sur l’Eglise elle-même. Même si de nombreuses analogies entre ces deux réalités sont possibles (une dimension universelle, l’importance des relations pour former un corps), la réponse du jésuite est claire : le réseau fonctionne sur un mode horizontal, autoréférentiel, tandis que l’Eglise ne se contente pas de relations immanentes, mais vit une dimension transcendante parce qu’elle possède « un principe et un fondement « externe » ». D’ailleurs, complète-t-il, « l’agir communicatif de l’Eglise lui vient de l’Esprit Saint » qui est l’acteur principal de la communion.

La question de la médiation se pose également. Sur internet, « le rapport direct » est la norme, les médiations disparaissent. Ou plutôt, elles sont remplacées par les relations et les témoignages d’autres internautes (il arrive ainsi couramment que l’on regarde les témoignages avant d’effectuer un achat on-line). Selon le père Spadaro, l’Eglise a sur ce point une carte intéressante à jouer, celle du témoignage, qu’il qualifie de « témoignage autorisé ». Et le jésuite de citer le message du pape Benoît XVI pour la journée mondiale des communications sociales de 2010 : « En effet, une pastorale dans le monde numérique est appelée à tenir compte aussi de ceux qui ne croient pas, sont découragés et ont dans le cœur des désirs d’absolu et de vérité éphémères, puisque les nouveaux moyens permettent d’entrer en contact avec des croyants de toute religion, avec des non-croyants et des personnes appartenant à d’autres cultures ».

Prolongeant les comparaissons entre le réseau et l’Eglise, celui qui est également professeur à l’université Grégorienne et rédacteur pour la Civiltà Cattolica, a introduit le concept de don. On retrouve celui-ci, dans le domaine informatique, autour des programmes gratuits ou alors quand des échanges se font à travers le partage de fichiers ou d’informations. Transposée sur le plan théologique, cette notion se heurte à nouveau à la dimension transcendante de l’Eglise. Si au sein du réseau cette logique du don repose sur la gratuité du contenu, où l’on prend ce que l’on veut, dans l’Eglise, « la gratia gratis data (grâce reçue de Dieu) ne se « prend » pas, mais elle se « reçoit » ». Là encore, l’Eglise se trouve à un défi, celui où le réseau « de lieu de « connexion » est appelé à devenir (…) lieu de « communion » ».

C’est donc armés de ces réflexions, ainsi que d’autres analyses et de nombreux exemples et témoignages, que les participants ont participé à une rencontre finale avec Benoît XVI. Clôturant ce congrès, le pape les a invités à « donner une âme au flux de communications ininterrompu » sur internet.

Stéphane Lemessin

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ZENIT Staff

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