Emmanuel Macron au Vatican © Vatican Media

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France : le pape reçoit le président Macron durant près d'une heure

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Environnement, migrations, résolution des conflits

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Le pape François a reçu le président de la République française Emmanuel Macron, dans la matinée de ce 26 juin 2018, pendant près d’une heure en privé, au Vatican. Parmi les thèmes évoqués durant cette visite très médiatisée : l’environnement, les migrations et la résolution des conflits, notamment au Moyen-Orient et en Afrique.
Pour cette première visite au Vatican, le président français est arrivé dans la Cour Saint-Damase, attendu par une haie d’honneur de gardes suisses, aux alentours de 10h20. Accueilli par le préfet de la Maison pontificale Mgr Georg Ganswein, il a parcouru les corridors du Vatican au pas cadencé protocolaire, jusqu’au bureau où le pape l’a accueilli, souriant, en échangeant avec lui quelques paroles en français. L’entrée d’Emmanuel Macron, comme celle de certains présidents – entre autres des Etats-Unis – était exceptionnellement filmée en direct par les médias du petit Etat.
Après son long tête-à-tête de 57 minutes avec le pape, le chef d’Etat en fonction depuis mai 2017 a rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, ainsi que Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats. Au cours des échanges, a indiqué un communiqué du Vatican par la suite, les bonnes relations entre le Saint-Siège et la France ont été soulignées, ainsi que l’engagement de l’Eglise et la contribution des religions dans la promotion du bien commun du pays.
Puis des questions globales ont été évoquées : la protection de l’environnement, les migrations, l’engagement au niveau multilatéral pour la prévention et la résolution des conflits, le désarmement et les « perspectives du projet européen ». Les entretiens ont enfin été l’occasion d’un échange de vues sur des situations de conflit, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique.
Lors du traditionnel échange de cadeaux, Emmanuel Macron, qui était accompagné de son épouse Brigitte Macron, a offert au pape un exemplaire du « Journal d’un curé de campagne » de l’écrivain Georges Bernanos, en italien. Le pape a quant à lui donné au président un médaillon représentant saint Martin partageant son manteau avec un pauvre. Et de souligner la responsabilité des gouvernants : « La vocation des chefs d’Etat c’est de protéger les plus pauvres. »
Au côté d’Emmanuel Macron, était présente une délégation d’une quinzaine de personnes, parmi lesquelles Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, le député Xavier Breton, président du groupe d’étude sur les relations avec le Saint-Siège à l’Assemblée nationale, Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, le sénateur Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, qui a offert au pape un document sur la finance, Valérie Régnier, présidente de Sant’Egidio France, les écrivains Rémi Brague, Xavier Emmanuelli, Christiane Rancé et Dominique Wolton.
Au moment de la prise de congé, le pape et Emmanuel Macron se sont embrassés. « Merci beaucoup », « Grazie tanto », a dit le pape.
Chanoine du Latran
Dans l’après-midi, a eu lieu – également filmée par le Vatican – la prise de possession du titre de chanoine d’honneur de la basilique Saint-Jean-de-Latran : le titre honorifique attribué aux chefs de l’État français. Le président Macron a officiellement accepté ce titre en novembre 2017. Pour cette brève cérémonie qui a vu une prière pour la France et un discours de remerciement durant lequel le président a salué la collaboration de la France et du Saint-Siège pour la paix et le bien commun, il a été accueilli sur le parvis par le vicaire du pape Mgr Angelo De Donatis et par le chanoine français Mgr Louis Duval-Arnould.
D’après Vatican News, il a ensuite rencontré, au palais du Latran, les ecclésiastiques, religieux et religieuses résidant à Rome, ainsi que les laïcs travaillant au service du Saint-Siège. Il a insisté sur l’importance des racines : «Nous ne pouvons pas avancer si nous ne savons pas d’où nous venons, quelle est notre histoire. Le lien particulier entre la France et le Vatican est aussi une part de cette histoire», a-t-il déclaré, avant d’ajouter que ce lien particulier n’a pas empêché une discussion franche avec le pape. Ce lien indispensable, a-t-il ajouté, n’est pas incompatible avec la laïcité, laquelle «n’est pas une lutte contre la religion», ni une « pubibonderie contemporaine ».
Ce privilège de chanoine remonte au roi Henri IV qui, souverain d’un pays fortement divisé entre catholiques et protestants était devenu calviniste avant d’embrasser le catholicisme, et qui avait accordé aux Protestants la liberté religieuse (par l’Edit de Nantes de 1598), ramenant ainsi la paix après les « Guerres de religion ». Pour marquer sa reconnaissance à l’Eglise de Rome et au pape dont le pardon avait permis cette pacification, Henri IV fit une donation au chapitre du Latran. Dans les clauses de cette donation : la célébration annuelle d’une messe pour la prospérité de la France le jour de l’anniversaire du roi, le 13 décembre. Une clause encore observée rigoureusement aujourd’hui.
Accueil des migrants
Avant de se rendre au Vatican, Emmanuel Macron a rencontré des représentants de la communauté Sant’Egidio lors d’un petit-déjeuner au Palais Farnèse, ambassade de France en Italie. En mars 2017, le gouvernement français avait signé un protocole d’accord avec des associations catholiques et protestantes – dont Sant’Egidio – pour mettre en œuvre des « couloirs humanitaires », afin d’accueillir 500 réfugiés érythréens, somaliens et du Sud-Soudan, et des réfugiés syriens du Liban, du Maroc et d’Éthiopie.
Lors d’une conférence de presse en fin de journée, le président français a annoncé que la France accueillera quelques dizaines de migrants parmi ceux qui se trouvent sur le navire humanitaire Lifeline, bloqué au large de Malte.
Devant la presse, Emmanuel Macron a salué le pape comme « quelqu’un qui ne cherchait aucun rapport de force ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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