Visite privée du président François Hollande au Vatican (c) L'Osservatore Romano

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France: après les tragédies, visite du président Hollande au Vatican

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Et à l’église Saint-Louis-des-Français

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Le président de la République française François Hollande a été reçu en visite privée par le pape François au Vatican ce mercredi 17 août 2016, vers 16h45 dans le petit bureau de la Salle Paul VI du Vatican, sur fond d’alarme terroriste et dans le sillage de l’assassinat du père Jacques Hamel. Il s’est auparavant rendu à l’église Saint-Louis-des-Français, au cœur de la Rome historique. Une visite sous le signe de la collaboration en vue de la paix dans le monde et de la « gratitude »
Le président était accompagné notamment par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et par l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, accrédité en juin dernier, Philippe Zeller.
Un communiqué du directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Greg Burke, a précisé que le président a été accueilli par le préfet de la Maison pontificale, Mgr Georg Gänswein.
Après l’entretien privé de 40 minutes, en présence d’un interprète, la suite du président a salué le pape : M. Cazeneuve, M. Zeller, Jacques Audibert, conseiller diplomatique et Frédéric Billet, chef du protocole.
Le président a ensuite offert au pape une porcelaine de Sèvres, aux armes de la France, indique la même source, et le pape a offert au président une sculpture en bronze, signée Daniela Fusco, illustrant la prophétie d’Isaïe : « Le désert deviendra un jardin, le rameau sec et épineux se couvre de feuilles et de fruits », pour symboliser « le passage de l’égoïsme à la collaboration, de la guerre à la paix ».
Le pape a aussi offert au président une copie de son encyclique sur l’écologie intégrale “Laudato si’” et ses exhortations apostoliques : « La joie de l’Amour », sur la famille, et « La joie de l’Evangile ».
Le président français a ensuite eu un entretien avec le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin, accompagné du secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Paul Gallagher, en présence de M. Cazeneuve et de M. Audibert.
Le cortège présidentiel a quitté le Vatican vers 18h30.
Hommage aux responsables de l’Eglise de France
A son arrivée à Rome, le président Hollande s’était auparavant rendu à l’église « nationale » Saint-Louis-des-Français. Il y a été reçu par le recteur, Mgr François Bousquet, et il est allé se recueillir dans la chapelle dédiée aux victimes du terrorisme, la chapelle du Crucifix, devant le drapeau français et la photo du père Jacques Hamel.
En sortant de Saint-Louis-des-Français le président a notamment évoqué devant la presse, l’assassinat du père Hamel, soulignant que « le pape, après la terrible épreuve qu’a été l’assassinat du père Hamel, venant après l’attentat de Nice, a eu des paroles très réconfortantes. Toutes les paroles qui ont été prononcées – je pense aussi à ce qu’ont fait les responsables de l’Eglise de France – ont été très importantes dans cette période, puisque cela a contribué à rappeler l’unité de la France, le rassemblement qui doit se faire. Et aussi la solidarité du monde entier à l’égard de la France qui a été victime des attentats terroristes. »
A Rome, après chaque attentat, les Romains sont venus dire leur solidarité devant l’ambassade de France, place Farnèse : fleurs, messages,  flammes des bougies.
Les catholiques ont été  « particulièrement éprouvés » par la mort du père Hamel, a repris le président, et les Français ont manifesté à cette occasion « une grande sensibilité » envers la foi catholique : par cette visite, disait-il en substance, la France, au-delà des confessions religieuses, voulait exprimer « toute sa sympathie » pour le pape François.
Il a aussi affirmé que la France restait toujours la protectrice « des chrétiens d’Orient » dont le pape François souligne l’importance pour « l’équilibre de la région ».
« Il était très important que je vienne dire au pape combien nous étions sensibles aux paroles qui ont pu être prononcées et à l’action qui est la sienne et qui conforte notre vision de l’humanité », a encore dit le président français avant de se rendre au Vatican pour exprimer sa « gratitude » au pape François: « Il m’a fait cette confidence qu’il se tenait comme un frère aux côtés du peuple français. »
Les tragédies de 2015 et 2016
En effet, le contexte a tragiquement évolué, depuis la visite officielle du président Hollande, le 24 janvier 2014, alors sur fond de mois de protestations contre la Loi Taubira : la France a été frappée par le terrorisme,  notamment les 7 janvier et 13 novembre 2015, les 13 juin, 14 et 26 juillet 2016.
Le pape François a exprimé sa proximité, sa solidarité, et sa condamnation de la violence. « Je prie pour les victimes de l’attentat de Nice et les familles. Je demande à Dieu de changer le cœur des violents aveuglés par la haine », disait son tweet du 15 juillet. Il avait téléphoné à Christian Estrosi, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour « transmettre pensées et prières aux Niçois et aux familles des victimes », révélait celui-ci sur Twitter.
« N’ayons pas peur de dire cette vérité, le monde est en guerre parce qu’il a perdu la paix », disait encore le pape dans l’avion de Cracovie au lendemain de l’assassinat du père Jacques Hamel, le 26 juillet, par deux terroristes français dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouveray, dans la région de Rouen.
Le président Hollande a alors téléphoné au pape François pour lui présenter ses condoléances, « comme un frère », a confié le pape dans l’avion de Cracovie, le lendemain. Le président disait notamment : « Quand un prêtre est attaqué, toute la France est frappée », assurant qu’il ferait « tout ce qui est possible » pour protéger les églises en France. Selon le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, cette conversation aurait été l’occasion d’une invitation du pape François, marquant une volonté de surmonter les crispations du début du quinquennat.
Selon l’Elysée, les positions du Vatican et de la France se rejoignent sur l’urgence écologique ou migratoire, sur le terrorisme, sur les objectifs de paix, de justice et de dialogue interreligieux.
Des thèmes toujours d’actualité
Lors de la visite, qui était officielle, du 24 janvier 2014, le Vatican avait pour sa part révélé les thèmes des entretiens qui avaient permis  d’évoquer « la contribution de la religion au bien commun ».
Parmi les autres questions, le communiqué faisait état des « bonnes relations entre la France et le Saint-Siège », de « l’engagement mutuel » à un « dialogue régulier entre l’Etat et l’Eglise catholique » et à « coopérer de façon constructive » sur des questions « d’intérêt commun », mais aussi de la « défense » et la « promotion de la dignité de la personne humaine », et de sujets comme la « famille », la bioéthique », le « respect des communautés religieuses », « la protection des lieux de culte ».
Au niveau international, le Vatican citait les questions de « la pauvreté » et du « développement », « les migrations et l’environnement », le Moyen Orient et l’Afrique, en vue d’une « coexistence pacifique » par le « dialogue et la participation de toutes les composantes de la société », et le « respect des droits » notamment des « minorités ethniques et religieuses » (texte intégral ici).
Finalement, après les tragédies de 2015 et 2016, un tel programme n’a rien perdu de son actualité.
Le président Hollande a plusieurs fois renouvelé son invitation au pape François à se rendre en France exprimée encore récemment dans une lettre remise par la ministre de l’Education, Mme Najat Vallaud-Belkacem, à l’occasion la cérémonie du Prix européen Charlemagne, au Vatican, le 6 mai dernier. Mais la visite n’aura pas lieu,a confirmé à Zenit une source diplomatique, avant l’élection présidentielle de 2017.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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