« Enfance et Sainteté », colloque à Lisieux

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Une idée de Renée de Tryon-Montalembert

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ROME, Mercredi 28 septembre 2005 (ZENIT.org) – « Enfance et Sainteté » (www.enfanceetsaintete.org, courriel : enfanceetsaintete@hotmail.fr), une association créée pour promouvoir la sainteté des enfants, organise un premier colloque d’étude et de prière à Lisieux les 14, 15 et 16 octobre. Une idée de Renée de Tryon-Montalembert, de l’Ordo Virginum du diocèse de Paris.

Le père Jacques-Marie Guilmard, moine de Solesmes, est l’un de ses fondateurs et il nous explique ce projet.

Q – Pourquoi fonder une Association pour promouvoir la sainteté des enfants ?

P. Guilmard – L’idée en revient à Renée de Tryon-Montalembert. En rédigeant le dossier en vue de la béatification d’Anne de Guigné, elle a compris que la sainteté n’est pas réservée à quelques enfants, mais que tous doivent y tendre. Depuis lors, elle a mûri un projet d’atteindre les enfants du monde entier. La rencontre de personnes qui avaient le même idéal, a permis de le concrétiser. Je pense en particulier à une maman de Saint-Quentin, qui a montré l’adoration eucharistique, à ses enfants d’abord et à ceux du catéchisme ensuite.

Q – Pourquoi réunir un colloque ?

P. Guilmard – Il n’est pas possible de travailler seul à la sainteté des enfants. On peut et l’on doit prier comme le font les moines, mais il faut aussi travailler concrètement auprès des parents, des éducateurs et, bien sûr, auprès des enfants. Le colloque de Lisieux a pour but de regrouper des parents et des éducateurs autour de la sainteté de l’enfance, pour essayer de travailler ensemble.

Q – Quelle œuvre voulez-vous réaliser avec eux ?

P. Guilmard – Aucun travail dans l’Église ne se fait sans la prière et la pénitence, mais aussi sans une base doctrinale. Ainsi, nous prierons (Messe, adoration eucharistique, chapelet), mais le colloque fera aussi une large part à l’enseignement doctrinal. La doctrine est un guide pour l’action des chrétiens, puisque la doctrine n’est pas autre chose ce que Dieu nous enseigne pour que nous en vivions et que nous agissions en conséquence.

Q – Votre colloque concerne donc seulement les parents et les éducateurs ?

P. Guilmard – Assurément non. Bien que l’éducation soit surtout le fait des adultes, les enfants sont les premiers agents de la sainteté qu’ils doivent recevoir de Dieu et pratiquer. Ce sont donc les enfants les premiers visés par notre colloque. Ils doivent savoir que leur vie chrétienne tend dès maintenant à la sainteté, que dès maintenant ils doivent être missionnaires, que dès maintenant ils doivent prier et offrir des sacrifices à Dieu, que dès maintenant leur foi, leur charité et leur espérance ont un large champ d’action.

Q – Pourquoi Lisieux ?

P. Guilmard – Sainte Thérèse a eu pour mission d’enseigner la voie de l’enfance aux adultes. Nous allons à Lisieux pour recevoir ses leçons et ses exemples qui portent sur l’esprit d’enfance et la sainteté.

Q – Pourquoi tant parler des enfants ?

P. Guilmard – Jésus les a plusieurs fois donnés en modèles, affirmant même que ceux qui ne leur ressemblent pas, ne peuvent pas entrer dans le Royaume de Dieu (Mt 18, 3). C’est que l’attitude de l’enfant est caractéristique de notre relation à Dieu. La vie chrétienne a toujours une dimension filiale. Dieu est père, et nous sommes éternellement ses enfants, de la même façon que le Christ demeure éternellement le Fils de Dieu le Père dans l’Esprit Saint, de la même façon que nous sommes et que nous serons éternellement des frères et des amis du Christ grâce à l’Esprit Saint. C’est ainsi que notre vie chrétienne est centrée sur le Christ et aussi pleinement trinitaire. La mission du Verbe incarné est de sauver, par sa Croix rédemptrice, les fils prodigues que nous sommes tous, et de réparer nos infidélités par sa Passion.

Q – Qu’est-ce qui distingue les enfants des adultes ?

P. Guilmard – On est chrétien adulte (achevé) dès la réception du baptême et de son complément indispensable : la confirmation. L’enfant baptisé et confirmé possède le même équipement spirituel que l’adulte, d’où l’importance de conférer ces sacrements aux enfants le plus tôt possible. Les enfants peuvent avoir une vie spirituelle aussi profonde que les adultes, mais leur mode d’agir est celui des enfants. Durant le colloque, il faudra donc rappeler ce qu’est la sainteté, et expliquer comment elle peut être possible chez des enfants.

Q – Comment peut-on montrer que la sainteté est possible pour des enfants ?

P. Guilmard – Jean-Paul II a accéléré les procès de béatification et de canonisation pour montrer aux chrétiens que la sainteté est partout où l’Église se trouve. Il a béatifié des enfants pour montrer que la sainteté des enfants est partout où l’Église se trouve. Il convient donc de diffuser l’exemple des enfants saints.

Q – Donnez-nous des exemples, au moins ceux que vous préférez.

P. Guilmard – Je les aime tous, mais effectivement j’ai mes préférés. Il y a Nelly Organ qui n’a pas dépassé 4 ans et demi. On pourrait objecter que sa sainteté est fictive et que ce sont les parents qui l’ont « fabriquée », mais les grâces obtenues autour de Nelly attestent la réalité de sa sainteté. Son exemple nous a été donné par Dieu pour prouver que la sainteté des petits enfants est possible, et donc qu’il faut y travailler. Il y a, bien sûr, les enfants de Fatima. J’avoue aimer beaucoup Francisco qui est tout simple, mais profond. Il ne faut pas oublier les saints devenus adultes, mais dont l’enfance fut sainte. On pense à saint Jean Bosco, à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui a écrit : « Depuis l’âge de trois ans, je n’ai rien refusé au Bon Dieu ».
Il est remarquable que la plupart des enfants (présumés) saints ont la mission de manifester un aspect de la sainteté : la dévotion à l’Eucharistie, le mystère du sacerdoce, la charité et l’amour du prochain, le don de sa vie par le martyre, l’attachement à Notre-Dame…

Q – Anne de Guigné est célèbre en France. Qu’est-ce qui la distingue des autres enfants ?

P. Guilmard – Anne est la première dont le procès de béatification ait été ouvert, et cela semble providentiel. En effet, Anne a une « sainteté » en arc-en-ciel : toutes les couleurs y sont, à égalité, toutes en harmonie : la foi en Dieu qui est née de son amour pour Jésus et pour ses parents, l’espérance du ciel. Anne paraît être le modèle des modèles. Je noterai toutefois son amour très vif pour les pécheurs.
Il me semble que c’est l’infinie délicatesse de son cœur qui lui a fait comprendre l’immensité de la souffrance qui existe dans le cœur des pécheurs. Par un instinct surnaturel, elle comprit que cette souffrance doit être guérie. Les enfants saints sont particulièrement intelligents, je ne parle par au plan spéculatif, mais au plan psychologique. Leurs « antennes » sont intactes, et les sacrements les rendent plus efficaces.

Q – Quel est la place des sacrements dans la vie spirituelle des enfants ?

P. Guilmard – Saint Pie X a voulu que les enfants puissent communier très tôt pour que la grâce habite et vivifie leur cœur, et qu’ainsi ils agissent en véritables enfants de Dieu. Les décrets qu’il a portés dans ce sens, ont produit des fruits admirables. On doit être attentif à faire donner dès que possible les sacrements aux enfants. D’abord le baptême qui est comme une semence : elle grandit sans bruit, mais réellement, et elle agit en profondeur. Ensuite la confession qui doit être fréquente même chez les petits ; de cette ma
nière, leur conscience se forme peu à peu solidement. La confirmation doit être conférée aux enfants sans attendre l’adolescence pour faire d’eux des témoins de l’amour du Christ auprès de leurs parents, de leurs frères et sœurs et de leurs camarades.

Q – À partir de quel âge, faut-il que les enfants prient ?

P. Guilmard – Les parents doivent prier en leur présence dès les premiers instants de la vie, et d’une certaine manière déjà avec eux. Le petit enfant vit en symbiose avec ses parents ; si les parents prient, les enfants, même tout-petits, le sentent et peuvent s’y associer dans le prolongement du sacrement de mariage de ses parents.

Q – Quel type d’enseignement peut-on donner aux petits enfants ?

P. Guilmard – Les enfants ont besoin d’être catéchisés dès la naissance. La prière est déjà une catéchèse. Ensuite, il faut leur expliquer ce que représente le crucifix, la Vierge Marie, etc. Un mot suffit le plus souvent. Une parabole peut être lue devant eux ; etc. Aujourd’hui, les livres pour enfants, même tout-petits, ne manquent pas. Les parents doivent lire ces livres, et apprendre à les commenter en montant le niveau au fur et à mesure que leur enfant grandit.

Q – Quel rôle peuvent tenir les enfants vis-à-vis de leurs parents ?

P. Guilmard – Les parents tiennent la place de Dieu auprès de leurs enfants. Ils sont médiateurs des bienfaits divins. Ils manifestent, au quotidien, sans y penser, ce que peut être la bonté de Dieu. L’enfant apprend, à partir de ce qu’il reçoit de ses parents, la bonté, la générosité et bien d’autres choses qui servent de fondement à la foi. Souvent l’enfant pousse ses parents à donner le meilleur d’eux-mêmes et à faire pour lui ce qu’ils ne feraient pas pour eux-mêmes.

Q – Comment voyez-vous l’avenir ?

P. Guilmard – Beaucoup de nos contemporains sont inquiets sur le futur de notre monde. Il faut répondre à cette inquiétude que les enfants représentent l’avenir. En définitive, ce sont eux qui feront, avec la grâce de Dieu, le monde de demain. Malgré les menaces nombreuses qui nous entourent, il faut semer dans le cœur des enfants la graine de l’Évangile, et les préparer à être des saints. Un homme peut faire le malheur d’un pays ; un homme peut faire beaucoup pour son bonheur. Pensons à la bienheureuse Mère Térésa ou à Jean-Paul II. Pensons surtout à Notre Seigneur qui a sauvé le monde entier.

Q – Il y aura un après-colloque ?

P. Guilmard – L’après-colloque, c’est l’approfondissement et la mise en pratique de ce qui s’y sera déroulé : il y aura de la matière ! L’Association a un rôle à jouer, modeste mais réel. Par exemple une participation de notre Association à la quatrième Journée mondiale des Familles, début juillet 2006 à Valence en Espagne autour du Saint-Père, et un deuxième colloque à l’automne 2006 à Rome auquel le cardinal Saraiva, le préfet de la Congrégation des Causes des Saints a promis sa participation. Je donne donc rendez-vous à Lisieux, puis à Valence et à Rome, à ceux qui aiment vraiment les enfants et qui veulent leur ressembler.

A lire : Basset-Guilmard, « Onze ans moins le quart, Anne de Guigné », Téqui, 9 euro.
Renée de Tryon-Montalembert, « Anne de Guigné. Enfance et sainteté », Téqui, 9 euro.

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ZENIT Staff

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