Message vidéo, 1er nov. 2018 @ Vatican Media

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Education : «Faites de votre identité, de votre appartenance une œuvre d'art» (traduction complète)

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Message du pape François au congrès «Scholas» de Buenos Aires

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«Faites de votre identité, de votre appartenance une œuvre d’art» recommande le pape François aux jeunes d’Argentine.
Le pape François a adressé un message-vidéo aux participants à la IIIe Rencontre mondiale des jeunes parrainée par la Fondation « Scholas Occurrentes » avec World Ort, qui a eu lieu à Buenos Aires, en Argentine, du 29 octobre à aujourd’hui, 1er novembre 2018.
Le pape propose un enseignement sur l’attachement à « l’identité », à « l’appartenance », aux « racines », et à la « cohérence » comme condition de la « croissance » et de l’ouverture à l’autre, à sa « différence », de la « rencontre », du vrai « dialogue » et de la paix.
Rappelons que Scholas est une fondation de droit pontifical née à l’initiative de l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, en faveur des périphéries.
Refondée en 2013 sous l’impulsion du pape argentin, au sein de l’Académie pontificale des sciences, Scholas Occurrentes œuvre auprès des enfants en difficulté en promouvant des stratégies éducatives permettant de s’épanouir à travers le sport, l’art et la technologie.
Voici notre traduction, rapide, de travail, du message publié par le Saint-Siège en espagnol, ce 1er novembre 2018.
AB

Message vidéo, 1er nov. 2018 @ Vatican Media

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Message du pape François
Chers jeunes de Scholas, réunis aujourd’hui ici,
Je veux célébrer avec vous cette fête de la rencontre, rencontre de personnes: chacun de vous est une personne. Rencontre de différents credo, pays, langues, réalités; rencontre de différentes identités, car pour se rencontrer, il faut être sûr de sa propre identité. Tu ne peux pas aller négocier ton identité pour rencontrer l’autre, tu ne peux pas maquiller ton identité, tu ne peux pas la déguiser, car la vie n’est pas un carnaval, c’est quelque chose de très sérieux. Et une rencontre doit être sérieuse, avec beaucoup de joie, mais sérieuse au fond du coeur.
Le mot identité n’est pas facile. Et c’est la question du « qui suis-je ? ». Et c’est l’une des questions les plus importantes que l’on puisse se poser: devant soi-même, devant les autres, devant Dieu, devant l’histoire. Qui suis-je?
C’est une question qui va avec la question sur le sens de ma vie : qui je suis et quel sens a ma vie. Mais attention, ce n’est pas une question dont on se débarrasse, où à laquelle on répond vite, ou qu’on oublie. C’est une question à toujours garder, toujours. Et à garder ouverte, à garder tout près: moi, qui suis-je?
Notre identité n’est pas une donnée qui nous est attribuée, ce n’est pas un numéro d’usine, ce n’est pas une information que je peux chercher sur Internet pour savoir qui je suis. Nous ne sommes pas quelque chose de totalement défini, établi. Nous sommes en chemin, nous sommes en croissance, et ce noyau d’identité grandit, grandit, et nous continuons de marcher. Nous grandissons avec notre propre style, avec notre propre histoire, avec ce noyau de notre propre identité. Nous sommes des témoins, nous sommes les rédacteurs et les lecteurs de nos vies et nous ne sommes pas les seuls auteurs: nous sommes ce que Dieu rêve pour nous, [nous sommes] ceux que nous nous racontons, ceux que nous nous racontons de nouveau, ceux que les autres nous racontent, tant que nous sommes fidèles. Fidèles à notre intégrité personnelle, fidèles à notre noblesse intérieure, fidèles à un mot dont les gens ont peur: fidèles à la cohérence. Il n’y a pas d’identités de laboratoire, il n’y en a pas. Toute identité a une histoire Et en ayant une histoire, a elle a une appartenance. Mon identité vient d’une famille, d’un peuple, d’une communauté. Vous ne pouvez pas parler d’identité sans parler d’appartenance. L’identité est appartenance. Appartenir à quelque chose qui me transcende, quelque chose qui est plus grand que toi.
Un danger, si présent en ces temps, c’est que lorsqu’une identité oublie ses racines, oublie d’où elle vient, oublie son histoire, elle ne s’ouvre pas à la différence de la coexistence actuelle; elle voit l’autre avec peur, le voit comme un ennemi, et c’est là que la guerre commence. Il suffit de prendre le journal de chaque jour ou de regarder le journal télévisé: une petite guerre au début, presque imperceptible, mais grande et terrible à la fin. Par conséquent, pour que l’identité ne devienne pas violente, ne devienne pas autoritaire, qu’elle ne devienne pas négation de la différence, elle a besoin en permanence de la rencontre avec l’autre, elle a besoin du dialogue, elle a besoin de grandir à chaque rencontre et elle a besoin de la mémoire de sa propre appartenance. Quelles sont mes racines? D’où est-ce que je viens? Quelle est la culture de mon peuple? Il n’y a pas d’identités abstraites. Eh bien, il y en aurait une, la carte d’identité, qui est un papier. Mais elle est inutile, elle ne te fait pas grandir. Tout au plus, cela te donnera la tranquillité quand quelqu’un de la sécurité te la demandera : « Ca va, allez ! ». Il n’y a pas d’identités de laboratoires, pas d’identités immobiles. Qui suis-je? Revenons à nous le demander chacun. Divertissons-nous en chemin, grandissons en chemin, avec la mémoire, le dialogue, l’appartenance et l’espérance. Et ainsi, nous serons enrichis chaque jour davantage.
L’identité est appartenance. S’il vous plaît, prenez-en soin, prenez soin de votre appartenance. Ne pas laissez pas duper. Prenez soin de votre appartenance. Et ainsi, quand on voit des gens qui ne respectent rien au milieu de nous. Combien de fois n’entendons-nous pas dire: « Ne te fie pas à celui-là, parce qu’il irait jusqu’à vendre sa mère ! » ? Que chacun se demande: est-ce que je vends mon appartenance? Est-ce que je vends l’histoire de mon peuple? Est-ce que je vends la culture de mon peuple? Est-ce que je vends la culture et ce que j’ai reçu de ma famille? Est-ce que je vends la cohérence de ma vie? Est-ce que je vends le dialogue avec mon frère, même s’il a des idées différentes, ou est-ce que je fais un dialogue fictif? Ne vendez pas ce qui est le plus profond en nous, c’est-à-dire l’appartenance, l’identité et ce qui, sur le chemin, devient une rencontre d’identités diverses pour s’enrichir mutuellement. Devient fraternité.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont rendu cette rencontre possible: les parents et les enseignants de chacun, qui l’ont permise et accompagnée ; les autorités qui ont ouvert la porte et permis l’expérience; les écoles Bort et toutes les communautés religieuses qui ont enrichi, à partir de la diversité, le récit de cette rencontre et de chacun. Et merci à vous, jeunes de Scholas, de laisser la vie vous raconter à chaque étape un nouveau chapitre. N’en ayez pas peur. Pour vous encourager à mélanger vos langages, à ouvrir vos histoires sans y renoncer, à vous laisser réécrire par l’autre, par celui qui est différent, par l’inconnu, tout en étant toujours différents et, en même temps, en étant toujours de plus en plus vous-mêmes.
Et en faisant de votre identité, de cette appartenance que vous avez reçue, une œuvre d’art. C’est ce que je vous souhaite. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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