Rencontre interreligieuse à la mosquée de Bakou, Azerbaidjan @ L'Osservatore Romano

Rencontre interreligieuse à la mosquée de Bakou, Azerbaidjan @ L'Osservatore Romano

"Dieu ne peut justifier aucune forme de fondamentalisme, d’impérialisme ni de colonialisme"

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Le pape participe à une rencontre interreligieuse à Bakou en Azerbaïdjan

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C’était le dernier rendez-vous du pape François en Azerbaïdjan, le 2 octobre 2016 : une rencontre interreligieuse, dans la mosquée de la capitale Bakou. En conclusion de son voyage de trois jours dans le Caucase, le pape a affirmé que « Dieu ne peut justifier aucune forme de fondamentalisme, d’impérialisme ni de colonialisme ».
Le pape a été accueilli à la mosquée “Heydar Aliev” – ouverte fin 2014 – par le cheikh des musulmans du Caucase, Allahshukur Pashazadeh. Avant d’entrer dans l’édifice, le pape a enlevé ses chaussures devant la porte. A l »intérieur deux chefs religieux se sont entretenus quelques instants en privé et ont échangé des présents.
Puis ils ont rejoint la salle principale de la mosquée ornée de lustres à pampilles étincelants, où a eu lieu la rencontre interreligieuse avec les représentants des autres communautés religieuses du pays. Dans son discours, le pape a salué « l’aide concrète que le chef des musulmans a apporté, en plusieurs occasions, à la communauté catholique », « le beau lien qui unit les catholiques à la communauté orthodoxe » et « l’amitié cordiale avec la communauté juive ».
Il a encouragé l’Azerbaïdjan, « porte entre l’Orient et l’Occident » à cultiver « sa vocation d’ouverture et de rencontre ». En donnant le ton du dialogue interreligieux : pas de « syncrétisme conciliant », pas d’« ouverture diplomatique qui dit oui à tout pour éviter les problèmes », mais « dialoguer avec les autres et prier pour tous ».
Le pape a aussi plaidé pour la liberté religieuse : « c’est un devoir pour chaque société civile de soutenir la religion qui permet l’entrée d’une lumière indispensable pour vivre ».
Jamais plus de violence au nom de Dieu
« Les religions ont une grande tâche, a assuré le pape François : accompagner les hommes en recherche du sens de la vie, en les aidant à comprendre que les capacités limitées de l’être humain et les biens de ce monde ne doivent jamais devenir des absolus ». La religion est « une nécessité pour l’homme, (…) une boussole pour l’orienter vers le bien et l’éloigner du mal ».
Pour le pape François, les guides religieux ont « une grande responsabilité pour donner des réponses authentiques » à l’humanité dans un monde où sévit « le nihilisme de celui qui ne croit plus à rien sinon à ses propres intérêts, avantages et profits » et les « attitudes extrêmes et radicalisées, les plus éloignées du Dieu vivant ».
Les religions, a-t-il mis en garde, « ne doivent jamais être instrumentalisées et ne peuvent jamais prêter le flanc à soutenir des conflits et des oppositions ». Car « Dieu ne peut pas être invoqué pour des intérêts de parti ou à des fins égoïstes, il ne peut justifier aucune forme de fondamentalisme, d’impérialisme ni de colonialisme ». Et le pape de lancer une nouvelle fois : « Jamais plus de violence au nom de Dieu ! Que son saint Nom soit adoré, et non profané ni marchandé par les haines et les oppositions humaines ».
Arrêter la prolifération des armes
Au fil de son discours depuis le pays à majorité musulmane, le pape a exhorté au « courage d’éradiquer les pauvretés et les injustices, de dénoncer et d’arrêter la prolifération des armes et les gains iniques faits sur le dos des autres ».
« La voix de trop de sang crie vers Dieu, a-t-il insisté : ce n’est plus le temps des solutions violentes et brusques, mais le moment urgent d’entreprendre des processus patients de réconciliation. La vraie question de notre temps n’est pas comment faire progresser nos intérêts, mais quelle perspective de vie offrir aux générations futures (…). Dieu et l’histoire même nous demanderont si, aujourd’hui, nous nous sommes dépensés pour la paix ».
Le pape François a conclu en souhaitant que les religions soient « des aubes de paix, des semences de renaissance parmi les dévastations de mort, des échos de dialogue qui résonnent infatigablement, des voies de rencontre et de réconciliation ». Y compris dans le Caucase : « Que les religions soient des facteurs actifs pour dépasser les tragédies du passé et les tensions d’aujourd’hui ».
Au terme de la rencontre, après avoir salué personnellement les représentants orthodoxe et juif, le pape, main dans la main avec le cheikh Allahshukur Pashazadeh, a remercié tous les participants. Quittant la mosquée illuminée à la nuit tombante, il a rejoint l’aéroport pour rentrer au Vatican.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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