Icône de saint François d'Assise offerte par une délégation suédoise © L'Osservatore Romano

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«Comme saint François», tweet du pape François

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Comment le pape a choisi son nom

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« Comme Saint François d’Assise, laissons-nous transformer par l’amour du Christ, pour vivre dans la pauvreté et la joie”: c’est l’invitation du pape François dans le tweet posté sur son compte @Pontifex_fr ce 4 octobre 2017.
Le pape a aussi évoqué celui dont il a choisi le nom pour son pontificat dans sa catéchèse du mercredi, place Saint-Pierre, en évoquant “la fête de saint François d’Assise, qui a été un grand missionnaire d’espérance”.
Le tweet de ce 4 octobre invite à se laisser « transformer par l’amour du Christ, pour vivre dans la pauvreté et la joie ». Cette joie « parfaite » pour saint François lorsque l’on est configuré au Christ. Cet amour dont saint François s’écrie qu’il n’est « pas aimé » et auquel le pape François invite à s’abandonner, parce qu’il a la force de changer les cœurs et les vies, et de transformer le monde.
Le conclave et le choix du nom
On se souvient peut-être de comment le pape a choisi le nom de François d’Assise (1182-1226), le 13 mars 2013, entre le 77e bulletin en sa faveur pendant le conclave (les deux tiers, ce qui assurait son élection), salué par des applaudissements et le 115e, le bulletin du dernier cardinal appelé à voter.
Des moments intenses, qu’il a racontés le 18 mars suivant à quelque 6 000 journalistes de 82 pays qu’il a reçus en audience en la salle Paul VI du Vatican : « Certains ne savaient pas pourquoi l’Évêque de Rome a voulu s’appeler François. Certains pensaient à François-Xavier, à François de Sales, et aussi à François d’Assise. Je vais vous raconter l’histoire. À l’élection, j’avais à côté de moi l’Archevêque émérite de Sao Paulo et aussi préfet émérite de la Congrégation pour le Clergé, le Cardinal Claudio Hummes : un grand ami, un grand ami ! Quand la chose est devenue un peu dangereuse, lui m’a réconforté. Et quand les votes sont montés aux deux tiers, l’applaudissement habituel a eu lieu, parce que le Pape avait été élu. »
Il a ajouté cette confidence : « Et lui m’a serré dans ses bras, il m’a embrassé et m’a dit : « N’oublie pas les pauvres ! » Et cette parole est entrée en moi : les pauvres, les pauvres. Ensuite, aussitôt, en relation aux pauvres j’ai pensé à François d’Assise. Ensuite j’ai pensé aux guerres, alors que le scrutin se poursuivait, jusqu’à la fin des votes. Et François est l’homme de la paix. Et ainsi est venu le nom, dans mon cœur : François d’Assise. C’est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non ? C’est l’homme qui nous donne cet esprit de paix, l’homme pauvre… Ah, comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres ! »
Il a évoqué les alternatives qui lui étaient proposées avec humour: « Après, certains ont fait diverses plaisanteries : ‘Mais, tu devrais t’appeler Adrien, parce que Adrien VI a été le réformateur, il y a besoin de réformer…’ Et un autre m’a dit : ‘Non, non : ton nom devrait être Clément.’ ‘Mais pourquoi ?’ ‘Clément XV : ainsi tu prends ta revanche sur Clément XIV qui a supprimé la Compagnie de Jésus !’ Ce sont des plaisanteries… »
Au conclave, lorsque le cardinal Giovanni Battista Re lui demande en latin « De quel nom veux-tu être appelé ? » Il répond, en latin également : « Je m’appellerai François, en l’honneur de saint François d’Assise ».
Depuis le noviciat
Déjà, quand il était au noviciat de la Compagnie de Jésus, Jorge Mario Bergoglio avait sur ses étagères un livre du théologien allemand Romano Guardini sur le Christ, « Le Seigneur », une biographie du jésuite français Pierre Favre, un des premiers compagnons de saint Ignace, que le pape François a canonisé, Histoire d’une âme de Thérèse de Lisieux et… un livre sur saint François d’Assise. C’est l’un de ses anciens compagnons, Jorge Gonzalez Manent, qui en a témoigné.
Saint Ignace de Loyola lui-même admirait particulièrement saint François d’Assise qu’il voulait imiter.
Dans « François, le Réformateur », Austen Ivereigh, rapproche la succession de Benoît XVI au pape François d’une réflexion de Gilbert Keith Chesterton dans son livre sur François d’Assise : « Ce que saint Benoît a engrangé, François l’a répandu, … ce qui avait été stocké comme le grain dans les greniers a été semé sur le monde comme une semence. »
Ivereigh conclut : « Aujourd’hui un autre François poursuit le chemin entamé par un autre Benoît. »
Canonisé seulement deux ans après sa mort, à 44 ans, par le pape Grégoire IX, en 1228, saint François d’Assise a été proclamé saint patron de l’Italie en 1939 par le pape Pie XII, en même temps que Catherine de Sienne. Chaque région d’Italie offre tour à tour l’huile de la lampe qui brûle auprès de la tombe de saint François : la Ligurie cette année passée, la Campanie pour cette nouvelle année.
Douze heures à Assise
Dès la première fête de saint François après son élection, le 4 octobre 2013, le pape s’est rendu auprès de son saint patron : il a passé 12 heures intenses à Assise – cinq discours, une messe, d’innombrables rencontres. Auparavant, dix-huit autres papes s’étaient redus à Assise. Mais il a été le premier à se rendre à la fameuse « salle du dépouillement » où a eu lieu la scène immortalisée par Giotto dans la basilique supérieure. François Bernardone y a ôté ses vêtements raffinés pour renoncer à la richesse et au pouvoir, plaçant désormais sa vie dans les mains de l’évêque qui le revêtit de son manteau. C’est un des thèmes majeur de la prédication du pape François : renoncer à la « mondanité » pour suivre le Christ, pauvre et humble, à l’instar de François et d’Ignace ou de Thérèse.
Il est revenu dans les pas de saint François « homme de la paix » et du dialogue interreligieux pour la 30° Rencontre mondiale des religions pour la paix, organisée par la communauté de Sant’Egidio, le 20 septembre 2016. « Seule la paix est sainte, pas la guerre ! » a-t-il répété à deux reprises, sous les applaudissements. « Aucune forme de violence ne représente la vraie nature de la religion », a aussi souligné le pape François en citant son prédécesseur, Benoît XVI. Au 500 représentants de différentes religions il disait leur mission: « En tant que chefs religieux, nous sommes appelés à être de solides ponts de dialogue, des médiateurs créatifs de paix. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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