Cardinal Leonardo Sandri, domaine public

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Collecte annuelle pour l’Eglise en Terre Sainte (texte complet)

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Lettre du cardinal Sandri

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Lorsque « l’Église universelle » « s’engage à exprimer sa solidarité, y compris économique, avec Jérusalem », elle « accomplit un acte de restitution: de Jérusalem, toute l’Église a en effet reçu le don et la joie de l’Évangile et du Salut en Jésus-Christ », écrit le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales le cardinal Leonardo Sandri dans une lettre appelant à soutenir une collecte traditionnelle pour la Terre Sainte.

La lettre a été écrite le Mercredi des Cendres, 26 février 2020, et publiée ce mercredi 4 mars.

Cette collecte « pro Terra Sancta » a été organisée à l’origine à la demande de saint pape Paul VI. Elle a lieu le Vendredi Saint dans toutes les églises du monde. Elle fait partie des activités de la Custodie franciscaine de Terre Sainte visant à la conservation et à la revitalisation des lieux du christianisme en Terre de Jésus et dans tout le Moyen-Orient ainsi qu’au soutien de la minorité chrétienne, de la mise en valeur des sanctuaires, de la liturgie dans les lieux de culte, des travaux apostoliques et de l’assistance aux pèlerins.

Voici la traduction officielle en français de la lettre du cardinal argentin.
MD

Message du cardinal Sandri

le 26 février 2020
Mercredi des Cendres

Excellence,

« Jésus sera en l’agonie jusqu’à la fin du monde ; il ne faut pas dormir pendant ce temps» (Blaise Pascal, Pensées, 553). La phrase de Pascal nous rappelle le mystère de la lutte et de la souffrance du Rédempteur, que l’année liturgique et particulièrement la Semaine Sainte et le Triduum sacré nous font célébrer et actualiser. Cette affirmation souligne également le fait que le Christ s’identifie à l’agonie et à la souffrance de ceux qui, dans l’histoire, semblent ne connaître qu’un interminable Vendredi saint : le peuple éprouvé par la solitude, par la guerre et par la faim, par le refus et par l’abandon.

Le pape François, dans la prière qu’il prononça au Colisée à la fin de la Via Crucis, le 19 avril 2019, passe en revue les maux et les douleurs du monde et les dépose aux pieds de la Croix de Jésus: «La croix des gens affamés de pain et d’amour ; la croix des personnes seules et abandonnées, même par leurs enfants et leurs proches; la croix de personnes assoiffées de justice et de paix; la croix des personnes qui n’ont pas le réconfort de la foi; la croix des personnes âgées accablées par le poids des années et la solitude; la croix des migrants qui trouvent les portes fermées à cause de la peur et des cœurs durcis par les calculs politiques; la croix des petits, blessés dans leur innocence et dans leur pureté ; la croix de l’humanité qui erre dans l’opacité de l’incertitude et dans l’obscurité de la culture de l’instantané». Et il conclutlain : « Seigneur Jésus, fais revivre en nous l’espérance de la résurrection et de ta victoire définitive contre le mal et contre la mort ».

La Terre sainte est le lieu physique où Jésus a vécu cette agonie et cette souffrance en la transformant en action rédemptrice grâce à un amour infini. À Gethsémani, cette Terre a reçu les gouttes de sang qu’Il a transpiré (Lc 22, 44). Dans la chambre haute, Il anticipe l’offrande qu’il fera sur la croix par le don de l’Eucharistie, mais aussi à travers le lavement des pieds et le commandement de l’amour fraternel. Le long de la Via Dolorosa, nous pouvons encore imaginer les lieux du double procès et de la condamnation de Jésus. Nous pouvons le voir alors qu’il parcourt les rues en portant sa Croix. Il est aidé par le Cyrénéen, jusqu’à ce qu’il atteigne le Golgotha pour être crucifié. Nous le voyons nous confier à Marie, se livrant à son Père et mourir, et enfin, être déposé dans un sépulcre neuf et vide d’où Il ressuscitera le troisième jour.

La Terre sainte, en particulier la communauté chrétienne qui y réside, a toujours occupé une place importante et spéciale au cœur de l’Église universelle qui – comme le rappelle saint Paul – lorsqu’elle s’engage à exprimer sa solidarité, y compris économique, avec Jérusalem, accomplit un acte de restitution: de Jérusalem, toute l’Église a en effet reçu le don et la joie de l’Évangile et du Salut en Jésus-Christ «qui, en étant riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que vous puissiez devenir riche par sa pauvreté» (2 Co. 8, 9). Et c’est la conscience du don reçu qui nous motive encore à donner avec joie et générosité.

Vous savez bien quelles ont été les épreuves que l’Église vivant en Terre sainte et dans tout le Moyen-Orient a traversées au cours des siècles. Ces épreuves ne sont pas encore terminées: la tragédie de la réduction progressive du nombre de fidèles locaux se poursuit, avec le risque de voir disparaître les différentes traditions chrétiennes qui remontent aux premiers siècles. Des guerres longues et épuisantes ont produit et continuent de produire des millions de réfugiés et influencent fortement l’avenir de générations entières qui se voient privées des biens les plus fondamentaux tels que le droit à une enfance paisible, à une éducation scolaire harmonieuse, à une jeunesse dédiée la recherche d’un emploi, à la formation d’une famille, à la découverte de sa vocation, une vie adulte entreprenante et honorable, et une vieillesse paisible.

L’Église continue d’œuvrer pour sauvegarder la présence chrétienne et donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. De toute évidence, elle le fait dans le domaine pastoral et liturgique, qui est fondamental pour la vie de nos petites communautés. Elle continue aussi à travailler sérieusement pour fournir une éducation de qualité à travers les écoles, qui sont essentielles à la sauvegarde de l’identité chrétienne et à l’édification d’une coexistence fraternelle, en particulier avec les musulmans, selon les indications contenues dans la Déclaration d’Abu Dhabi. Grâce à la générosité des fidèles du monde entier, l’Église continue à mettre des logements à disposition des jeunes qui souhaitent former une nouvelle famille, ainsi qu’à leur faciliter la recherche d’un emploi. De même, elle continue à fournir une aide matérielle concrète là où existent des formes de pauvreté endémique, comme par exemple des besoins de santé et des urgences humanitaires liés aux flux de réfugiés et de travailleurs migrants étrangers.

Enfin, le soin des Sanctuaires, qui serait impossible sans la Collecte pro Terra Sancta, est également d’une importance primordiale, à la fois parce que ce sont les lieux concrets qui préservent la mémoire de la Révélation divine, du mystère de l’Incarnation et de notre Rédemption, et parce qu’en ces lieux, la communauté chrétienne locale trouve les racines de sa propre identité. Grâce à la présence des Sanctuaires, de nombreux fidèles chrétiens trouvent un travail estimable en s’engageant à accueillir les millions de pèlerins qui, ces dernières années, sont venus de plus en plus nombreux visiter les Lieux saints.

A vous, aux prêtres, aux consacrés et aux fidèles qui aspirez au succès de la Collecte, dans un attachement profond à une œuvre que l’Église recommande à tous ses enfants selon des modalités connues, j’ai la joie de transmettre la vive reconnaissance de notre Saint-Père le Pape François.

Implorant de nombreuses bénédictions divines sur votre diocèse, je vous présente mes salutations les plus fraternelles dans le Seigneur Jésus.

+ Leonardo Card. Sandri

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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