Cantique de Tobie: "Dieu n´abandonne jamais sa créature"

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« L´esquisse d´une théologie de l´histoire »

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CITE DU VATICAN, Mercredi 25 juillet (Zenit.org) – « Dieu n´abandonne jamais sa créature », c´est peut-être la leçon essentielle que le pape Jean-Paul II invite à tirer du Livre de Tobie et du Cantique qu´il commentait ce matin en italien. Il y voit « l´esquisse d´une théologie de l´histoire ». Après avoir rapproché ce passage d´autres passages de l´Ancien Testament, le pape en fait une lecture christologique, affirmant que dans le Christ, « le mystère de la douleur du monde trouve une réponse profonde ».

Jean-Paul II est en effet venu ce matin de sa résidence d´été de Castel Gandolfo pour donner au Vatican l´audience générale hebdomadaire qui reprend ainsi régulièrement, après la période de repos du pape dans les Alpes. L´audience a eu lieu en la salle Paul VI. Le pape a poursuivi son programme de commentaire des cantiques et des psaumes de la liturgie des heures par le Cantique du livre de Tobie (Tobie 13,9).

« On peut donc se confier absolument à Dieu, qui n´abandonne jamais sa créature », commentait Jean-Paul II. Mais auparavant le pape avait rappelé l´histoire que raconte le Livre de Tobie.

« L´histoire se situe au milieu des Israélites exilés à Ninive. L´auteur, qui écrit de nombreux siècles plus tard, les regarde pour les montrer en exemple à ses frères et soeurs dans la foi dispersés au milieu d´un peuple étranger et tentés d´abandonner les traditions de leurs pères. Le portrait de Tobie et de sa famille est ainsi offert comme un programme de vie. Il est l´homme qui, malgré tout, reste fidèle aux normes de la loi, et en particulier à la pratique de l´aumône. Mais le voilà frappé par le malheur avec l´arrivée de la pauvreté et de la cécité, pourtant sa foi ne vacille pas. Dieu ne tarde pas à venir en envoyant l´ange Raphaël, qui conduit le jeune Tobie dans un voyage plein de risques, jusqu´à un mariage heureux, et finalement il guérit son père, Tobi, de sa cécité ».

« Le message est clair, commente le pape: celui qui fait le bien, surtout en ouvrant son coeur aux besoins du prochain, plaît au Seigneur, même s´il est éprouvé, il fait à la fin l´expérience de sa bienveillance ».

Jean-Paul II en vient alors aux paroles de l´hymne qui « invitant à regarder en haut, vers « Dieu qui vit éternellement », vers son règne « qui dure dans les siècles ». » « A partir de ce regard tourné vers Dieu, explique le pape, se déploie l´esquisse d´une théologie de l´histoire, où l´auteur sacré cherche à répondre à la question que se pose le peuple de Dieu dispersé et éprouvé: pourquoi Dieu nous traite-t-il ainsi? La réponse fait appel en même temps à la justice et à la miséricorde divine: « Il vous châtie pour vos injustices, mais usera de miséricorde envers vous tous » (v. 5). Le châtiment apparaît ainsi comme une sorte de pédagogie divine dans laquelle cependant le dernier mot est toujours réservé à la miséricorde: « Il châtie et use de miséricorde, fait descendre dans les abîmes de la terre, fait remonter de la grande Perdition » (v. 2). »

« On peut donc se fier de façon absolue à Dieu qui n´abandonne jamais sa créature, conclut le pape. Au contraire, les paroles de l´hymne conduisent à une perspective, qui attribue un sens rédempteur à la situation de souffrance elle-même, en faisant de l´exil une occasion pour témoigner des oeuvres de Dieu: « Louez-le, fils d´Israël, devant les Nations: il vous a dispersés aux milieu d´elles pour proclamer sa grandeur » (vv.3-4) ».

L´auteur invite donc à « lire l´exil en clef provientielle », continue Jean-Paul II en rapprochant ce cantique d´autres passages de la Bible. « Notre méditation, explique-t-il, peut s´élargir à la considération du sens mystérieusement positif qui assume la condition de souffrance lorsqu´elle est vécue dans l´abandon au dessein de Dieu. Déjà, dans l´Ancien Testament, différents passages évoquent ce thème. Il suffit de penser à l´histoire racontée par le livre de la Genèse sur Joseph vendu par ses frères (cf. Gn 37, 2-36) et destiné à être à l´avenir leur sauveur. Et comment oublier le livre de Job? Ici, c´est même l´homme innocent qui souffre, et ne réussit pas à trouver une explication à son drame, sinon en se confiant à la grandeur et à la sagesse de Dieu (cf. Job 42, 1-6) ».

Jean-Paul II en fait une lecture actualisée et christologique: « Pour nous, qui lisons chrétiennement ces passages vétéro-testamentaires, le point de référence en peut pas ne pas être le Christ, dans lequel le mystère de la douleur du monde trouve une réponse profonde ».

Mais le pape poursuit sa lecture pour expliquer cette étonnante « conversion » de Dieu et de la créature dont parle le cantique. « Aux pécheurs qui ont été châtiés pour leurs injustices (cf. v. 5), explique Jean-Paul II, l´hymne de Tobie adresse un appel à la conversion et ouvre la perspective merveilleuse d´une conversion « réciproque » de Dieu et de l´homme: « Convertissez-vous à lui de tout votre coeur et de toute votre âme, pour faire la justice devant lui; alors, lui se convertira à vous et ne vous cachera pas son visage » (v. 6). Cet utilisation de ce même mot « conversion » pour la créature et pour Dieu est très significative, même si c´est en un sens différent ».

Et d´expliquer: « Si l´auteur du cantique pense peut-être aux bienfaits qui accompagnent le « retour » de Dieu, c´est-à-dire sa faveur renouvelée envers son peuple, nous devons surtout penser, à la lumière du mystère du Christ, au don qu´est Dieu lui-même. C´est de lui, avant même que de ses biens, que l´homme a besoin. Le péché est une tragédie non tant parce qu´il nous attire les châtiments de Dieu, mais parce qu´il le repousse de notre coeur ».

Le pape explique la « filiation » dont par le cantique. « C´est pour cela que le cantique tourne notre regard vers Dieu considéré comme un père, en nous invitant à la bénédiction et à la louange: « C´est lui le Seigneur, notre Dieu, lui, notre Père » (v.4). On sent ici le sens d´une « filiation » particulière dont Israël fait l´expérience comme don de l´Alliance, et qui prépare le mystère de l´Incarnation du Fils de Dieu. Alors, en Jésus, resplendira ce visage du Père et sa miséricorde sans limites sera révélée ».

Jean-Paul II rapproche cette considération de la parabole évangélique du Père et des deux Fils qu´il commentait dès son encyclique « Dieu riche en miséricorde ». « Il suffirait, dit-il, de penser à la parabole du père miséricordieux racontée par l´évangéliste Luc. A la conversion de l´enfant prodigue ne correspond pas seulement le pardon du Père, mais un embrassement d´une infinie tendresse, accompagnée de la joie de la fête: « Alors qu´il était encore loin, le père le vit, et, ému, il courut à sa rencontre, se jeta à son cou et l´embrassa. (Lc 15,20). Les expressions de notre Cantique sont dans la ligne de cette émouvante image évangélique. Et il en jaillit le bsoin de louer et de remercier Dieu: « Maintenant, regardez ce qu´il a accompli pour vous et remerciez-le à plien voix. Bénissez le Seigneur de la justice et exaltez le roi des siècles » (v.7) ».

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Cantique de Tobie: « Dieu n´abandonne jamais sa créature »
« L´esquisse d´une théologie de l´histoire »

CITE DU VATICAN, Mercredi 25 juillet (Zenit.org) – « Dieu n´abandonne jamais sa créature », c´est peut-être la leçon essentielle que le pape Jean-Paul II invite à tirer du Livre de Tobie et du Cantique qu´il commentait ce matin en italien. Il y voit « l´esquisse d´une théologie de l´histoire ». Après avoir rapproché ce passage d´autres passages de l´Ancien Testament, le pape en fait une lecture christologique, affirmant que dans le Christ, « le mystère de la douleur du monde trouve une réponse profonde ».

Jean-Paul II est en effet venu ce matin de sa résidence d´été de Castel Gandolfo pour donner au Vatican l´audience générale hebdomadaire qui repre
nd ainsi régulièrement, après la période de repos du pape dans les Alpes. L´audience a eu lieu en la salle Paul VI. Le pape a poursuivi son programme de commentaire des cantiques et des psaumes de la liturgie des heures par le Cantique du livre de Tobie (Tobie 13,9).

« On peut donc se confier absolument à Dieu, qui n´abandonne jamais sa créature », commentait Jean-Paul II. Mais auparavant le pape avait rappelé l´histoire que raconte le Livre de Tobie.

« L´histoire se situe au milieu des Israélites exilés à Ninive. L´auteur, qui écrit de nombreux siècles plus tard, les regarde pour les montrer en exemple à ses frères et soeurs dans la foi dispersés au milieu d´un peuple étranger et tentés d´abandonner les traditions de leurs pères. Le portrait de Tobie et de sa famille est ainsi offert comme un programme de vie. Il est l´homme qui, malgré tout, reste fidèle aux normes de la loi, et en particulier à la pratique de l´aumône. Mais le voilà frappé par le malheur avec l´arrivée de la pauvreté et de la cécité, pourtant sa foi ne vacille pas. Dieu ne tarde pas à venir en envoyant l´ange Raphaël, qui conduit le jeune Tobie dans un voyage plein de risques, jusqu´à un mariage heureux, et finalement il guérit son père, Tobi, de sa cécité ».

« Le message est clair, commente le pape: celui qui fait le bien, surtout en ouvrant son coeur aux besoins du prochain, plaît au Seigneur, même s´il est éprouvé, il fait à la fin l´expérience de sa bienveillance ».

Jean-Paul II en vient alors aux paroles de l´hymne qui « invitant à regarder en haut, vers « Dieu qui vit éternellement », vers son règne « qui dure dans les siècles ». » « A partir de ce regard tourné vers Dieu, explique le pape, se déploie l´esquisse d´une théologie de l´histoire, où l´auteur sacré cherche à répondre à la question que se pose le peuple de Dieu dispersé et éprouvé: pourquoi Dieu nous traite-t-il ainsi? La réponse fait appel en même temps à la justice et à la miséricorde divine: « Il vous châtie pour vos injustices, mais usera de miséricorde envers vous tous » (v. 5). Le châtiment apparaît ainsi comme une sorte de pédagogie divine dans laquelle cependant le dernier mot est toujours réservé à la miséricorde: « Il châtie et use de miséricorde, fait descendre dans les abîmes de la terre, fait remonter de la grande Perdition » (v. 2). »

« On peut donc se fier de façon absolue à Dieu qui n´abandonne jamais sa créature, conclut le pape. Au contraire, les paroles de l´hymne conduisent à une perspective, qui attribue un sens rédempteur à la situation de souffrance elle-même, en faisant de l´exil une occasion pour témoigner des oeuvres de Dieu: « Louez-le, fils d´Israël, devant les Nations: il vous a dispersés aux milieu d´elles pour proclamer sa grandeur » (vv.3-4) ».

L´auteur invite donc à « lire l´exil en clef provientielle », continue Jean-Paul II en rapprochant ce cantique d´autres passages de la Bible. « Notre méditation, explique-t-il, peut s´élargir à la considération du sens mystérieusement positif qui assume la condition de souffrance lorsqu´elle est vécue dans l´abandon au dessein de Dieu. Déjà, dans l´Ancien Testament, différents passages évoquent ce thème. Il suffit de penser à l´histoire racontée par le livre de la Genèse sur Joseph vendu par ses frères (cf. Gn 37, 2-36) et destiné à être à l´avenir leur sauveur. Et comment oublier le livre de Job? Ici, c´est même l´homme innocent qui souffre, et ne réussit pas à trouver une explication à son drame, sinon en se confiant à la grandeur et à la sagesse de Dieu (cf. Job 42, 1-6) ».

Jean-Paul II en fait une lecture actualisée et christologique: « Pour nous, qui lisons chrétiennement ces passages vétéro-testamentaires, le point de référence en peut pas ne pas être le Christ, dans lequel le mystère de la douleur du monde trouve une réponse profonde ».

Mais le pape poursuit sa lecture pour expliquer cette étonnante « conversion » de Dieu et de la créature dont parle le cantique. « Aux pécheurs qui ont été châtiés pour leurs injustices (cf. v. 5), explique Jean-Paul II, l´hymne de Tobie adresse un appel à la conversion et ouvre la perspective merveilleuse d´une conversion « réciproque » de Dieu et de l´homme: « Convertissez-vous à lui de tout votre coeur et de toute votre âme, pour faire la justice devant lui; alors, lui se convertira à vous et ne vous cachera pas son visage » (v. 6). Cet utilisation de ce même mot « conversion » pour la créature et pour Dieu est très significative, même si c´est en un sens différent ».

Et d´expliquer: « Si l´auteur du cantique pense peut-être aux bienfaits qui accompagnent le « retour » de Dieu, c´est-à-dire sa faveur renouvelée envers son peuple, nous devons surtout penser, à la lumière du mystère du Christ, au don qu´est Dieu lui-même. C´est de lui, avant même que de ses biens, que l´homme a besoin. Le péché est une tragédie non tant parce qu´il nous attire les châtiments de Dieu, mais parce qu´il le repousse de notre coeur ».

Le pape explique la « filiation » dont par le cantique. « C´est pour cela que le cantique tourne notre regard vers Dieu considéré comme un père, en nous invitant à la bénédiction et à la louange: « C´est lui le Seigneur, notre Dieu, lui, notre Père » (v.4). On sent ici le sens d´une « filiation » particulière dont Israël fait l´expérience comme don de l´Alliance, et qui prépare le mystère de l´Incarnation du Fils de Dieu. Alors, en Jésus, resplendira ce visage du Père et sa miséricorde sans limites sera révélée ».

Jean-Paul II rapproche cette considération de la parabole évangélique du Père et des deux Fils qu´il commentait dès son encyclique « Dieu riche en miséricorde ». « Il suffirait, dit-il, de penser à la parabole du père miséricordieux racontée par l´évangéliste Luc. A la conversion de l´enfant prodigue ne correspond pas seulement le pardon du Père, mais un embrassement d´une infinie tendresse, accompagnée de la joie de la fête: « Alors qu´il était encore loin, le père le vit, et, ému, il courut à sa rencontre, se jeta à son cou et l´embrassa. (Lc 15,20). Les expressions de notre Cantique sont dans la ligne de cette émouvante image évangélique. Et il en jaillit le bsoin de louer et de remercier Dieu: « Maintenant, regardez ce qu´il a accompli pour vous et remerciez-le à plien voix. Bénissez le Seigneur de la justice et exaltez le roi des siècles » (v.7) ».

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ZENIT Staff

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