Le card. Simoni et son biographe, Mimmo Muolo rencontrent le pae François, courtoisie de Mimmo Muolo

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Albanie: le père Ernest Simoni, premier cardinal du pays des Aigles

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Le seul prêtre parmi les 17 cardinaux désignés par le pape François

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Le père Ernest Simoni, prêtre de l’archidiocèse de Shkodrë-Pult, en Albanie, sera « créé » cardinal par le pape François lors du consistoire du 19 novembre 2016.
Agé de 88 ans, il sera le premier cardinal de l’histoire du pays des Aigles. Il est aussi le seul prêtre parmi les 17 cardinaux désignés par le pape François. Avec trois autres futurs cardinaux non-électeurs, son nom est sur la liste annoncée par le pape après l’angélus du dimanche 9 octobre.
Le témoignage de cet ancien condamné à mort et forçat pendant presque 30 ans sous le régime communiste albanais avait ému le pape François aux larmes lors de son voyage à Tirana en 2014. En annonçant son nom, le pape a précisé qu’il avait choisi « un prêtre qui a rendu un témoignage chrétien clair ».
Le père Ernest Simoni est né le 18 octobre 1928 à Troshsani, un village à quelques kilomètres de Scutari, dans une famille profondément religieuse. À l’âge de 10 ans, il entre au collège des franciscains à Troshani.
En 1948, alors que les persécutions lancées par le régime communiste de Enver Hoxha battent leur plein, le couvent des franciscains est transformé en lieu de torture pour les prisonniers. Les frères furent tous fusillés et les novices expulsés.
Le père Simoni fut envoyé par le régime enseigner dans un village perdu dans les montagnes et c’est là que son travail de maître devint aussi et surtout une œuvre missionnaire et évangélisatrice.
Après deux années de service militaire (1953-1955), il termina dans la clandestinité ses études de théologie et fut ordonné prêtre le 7 avril 1956, à Scutari.
Par obéissance à l’évêque, il fut incardiné dans le diocèse, même si son cœur resta profondément franciscain. Le 24 décembre 1963, après la messe de Noël, il fut arrêté et emmené à la prison de Scutari, dans une cellule d’isolement.
Après une condamnation à mort, la peine fut commuée en 25 ans de travaux forcés. En prison, il devint le père spirituel des prisonniers. Le 22 mai 1973, il fut de nouveau condamné à mort en tant qu’instigateur présumé d’une révolte, mais, grâce au témoignage en sa faveur des prisonniers, la condamnation ne fut pas exécutée. Il resta en prison et aux travaux forcés en tout 18 ans, dont 12 dans une mine.
Après la libération en 1981, il fut quand même considéré comme un « ennemi du peuple » et obligé de travailler dans les égouts de Scutari. Il exerça son ministère de prêtre dans la clandestinité jusqu’à la chute du régime en 1990. Dès lors, il a continué à servir comme un humble prêtre dans de nombreux villages, se prodiguant pour réconcilier de nombreuses personnes désireuses de se venger et pour apporter son témoignage.
Pour son biographe italien, Mimmo Muolo, le nouveau cardinal « est un modèle de miséricorde parce qu’il a toujours pardonné à ses persécuteurs ».
 Avec une traduction de Constance Roques

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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