CITE DU VATICAN, Mercredi 31 mars 2004 (ZENIT.org) – « Les familles les plus pauvres vendent leurs enfants aux organisations de trafiquants « explique à Fides le Père Claude, qui est en première ligne pour lutter contre la plaie des enfants de la rue au Bénin.
L’agence Fides, organe de la congrégation romaine pour l’Evangélisation des Peuples, continue de publier son enquête sur le thème du Message de carême de Jean-Paul II: la situation des enfants dans le monde.
Plus de 4.000 enfants, chaque année, sont envoyés pour travailler en dehors du Bénin, un des pays les plus pauvres de l’Afrique. C’est la dénonciation dramatique faite à l’agence Fides par le Père Claude, un missionnaire qui dirige depuis des années un Centre d’accueil pour les enfants de la rue à Cotonou, Capitale du Bénin.
« Le pays est le carrefour du trafic des enfants mineurs dans la région. Du Togo proche également, les enfants font étape ici pour être envoyés ensuite en Côte-d’Ivoire, au Nigeria, où ils sont exploités dans les plantations. Il s’agit de l’un de ces nombreux trafics qui ont leur base dans notre pays. Mais les routes de la drogue et des armes passent par le Bénin », fait remarquer le missionnaire.
« Les familles les plus pauvres, explique le P. Claude, vendent leurs enfants aux organisations de trafiquants, en échange d’un peu d’argent et de la promesse d’un travail décent pour leurs propres enfants. En réalité, les enfants, une fois arrivés dans la plantation, sont contraints de travailler sans rétribution. Ils sont complètement isolés de leur famille. Seuls quelques-uns d’entre eux, quand ils ont grandi, réussissent à s’enfuir et à retourner chez eux. Mais la plus grande partie des enfants ne reverront plus jamais leur famille. C’est une véritable forme d’esclavage.
« Les trafiquants sont bien organisés : les enfants, avant leur départ pour les pays de destination, sont rassemblés dans un lieu d’accueil, et sont endoctrinés pour leur apprendre comment se comporter à la frontière et lors des contrôles de police. Il est facile de les convaincre à collaborer: après tout, ce sont les familles qui les ont envoyés », dénonce le Père Claude.
« Les trafiquants ont beau jeu à travailler dans ces pays, où l’Etat a encore de la peine à imposer la loi sur tout son territoire. De temps en temps, les autorités du Nigeria et de la Côte-d’Ivoire rapatrient les enfants ; malheureusement, ce sont encore des interventions trop sporadiques. En raison de la guerre les trafics vers la Côte-d’Ivoire ont toutefois subi un ralentissement », remarque le missionnaire.
Le Centre dirigé par le Père Claude abrite environ 80 enfants. Il explique: « C’est un passage continu d’enfants et de jeunes. Aussi, le nombre de ceux que nous aidons est beaucoup plus élevé que celui que nous logeons. L’important, c’est que les enfants restent en contact avec nous. Notre objectif est de réunir les enfants avec leurs familles. Aux enfants plus grands, au dessus de 15 ans, nous offrons aussi une formation professionnelle. C’est seulement ainsi, avec un travail, qu’ils pourront en effet abandonner définitivement la rue ».