En Egypte, le pape François rencontrera le président Abdel Fattah al-Sissi, le grand imam de l’université al-Azhar, le cheikh Ahmed Mohamed al-Tayeb, le patriarche copte orthodoxe Tawadros II, et les catholiques, indique le programme du voyage du pape au Caire les vendredi 28 et samedi 29 avril 2017, publié ce lundi 3 avril par le Saint-Siège. Tous l’ont invité à se rendre dans leur pays. Ces rencontres seront les quatre principales étapes de son voyage de deux jours.
Ce sera notamment une occasion de fortifier les relations fraternelles avec les orthodoxes, de rendre hommage aux martyrs, et de promouvoir le dialogue avec l’islam sunnite du Caire qui condamne le terrorisme et le fanatisme religieux. Et de fortifier le petit troupeau catholique de différents rites, mais surtout copte, particulièrement proche du pape, en la personne de son secrétaire particulier du patriarcat d’Alexandrie, Mgr Yoannis Lahzi Gaid.
Le président et la paix
Vendredi 28 avril, le pape François partira de l’aéroport romain de Fiumicino-Léonard de Vinci à 10h45, et il arrivera au Caire à 14h. Il se rendra au palais présidentiel, où il rencontrera le président Abdel Fattah al-Sissi.
Le thème de la visite du pape François c’est la paix : la paix internationale et la paix intérieure sera à l’ordre du jour des conversations.
Le président avait été reçu au Vatican par le pape François le 24 novembre 2014. Une note du Vatican déclarait à l’issue des entretiens que des thèmes d’intérêt commun avaient été abordés, avec « une référence particulière au rôle du pays dans la promotion de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient et Afrique du Nord. À cet égard, il a été rappelé que le dialogue et la négociation sont les seules options pour mettre fin aux conflits et à la violence qui mettent en danger les populations sans défense et causent la perte de vies humaines. »
Le président al-Sissi a déployé des efforts pour le retour à la paix, spécialement après la vague d’incendies d’églises en août 2013.
Lors de sa visite de novembre 2014, les conversations ont exprimé « l’espoir que dans le cadre des garanties prévues par la nouvelle Constitution en termes de sauvegarde des droits de l’homme et de la liberté religieuse, la coexistence pacifique entre toutes les composantes de la société puisse être renforcée et que le chemin du dialogue interreligieux soit poursuivi ».
Le 23 août prochain, l’Egypte et le Saint-Siège fêteront le 70e anniversaire de leurs relations diplomatiques.
Plus tard (à 16h40), après sa visite à al-Azhar, le pape rencontrera les autorités du pays et prononcera un discours ainsi que le président.
L’université al-Azhar et le refus du terrorisme
Ce même vendredi 28 avril, le pape François se rendra ensuite à l’université al-Azhar, la grande autorité de l’islam sunnite, où il sera reçu par le grand imam Ahmed al-Tayeb.
Leurs deux discours sont prévus discours devant les participants à une conférence internationale sur la paix.
Le grand imam avait été reçu au Vatican par le pape François le 23 mai 2016.
Une visite historique qui tournait la page de malentendus et ouvrait à une collaboration et un dialogue qui s’est renforcé pour lutter « contre le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ».
Il s’était rendu le lendemain, 24 mai, à Paris, au Bataclan, pour déposer des fleurs, lire un message, se recueillir et prier pour la paix et refuser le terrorisme.
Un autre enjeu du voyage c’est le dialogue avec l’islam sunnite dont al-Azhar est considéré comme la plus haute autorité. Les échanges entre le Saint-Siège et al-Azhar s’étaient interrompus après l’attentat contre la cathédrale copte d’Alexandrie, qui a fait 21 morts le 1er janvier 2011: Benoît XVI avait souligné la nécessité de protéger les chrétiens en Égypte et au Moyen-Orient, dans une déclaration que l’institution égyptienne avait considérée comme une ingérence occidentale indue.
Après ce temps de froid, le dialogue a repris et s’est poursuivi avec al-Azhar, notamment grâce aux efforts du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et son président, le cardinal français Jean-Louis Tauran.
L’imam s’est lui-même rendu au Vatican, le 23 mai 2016, condamnant le terrorisme et joignant le geste à la parole en se rendant le lendemain, à Paris, devant le Bataclan pour déposer des fleurs, condamner le terrorisme et le fanatisme religieux et prier pour la paix. Le 27 octobre 2016, une délégation de al-Azhar s’est rendue en Normandie, à Saint-Etienne du Rouvray, sur les pas du père Jacques Hamel, pour dire « non » au terrorisme. Ce sera l’un des messages du voyage du pape.
L’Osservatore Romano a souligné pour sa part et encouragé le développement du dialogue entre coptes orthodoxes et musulmans, par exemple sur le thème de l’éducation.
Avec Tawadros II, l’oecuménisme du sang
Le 28 avril toujours, le pape aura une troisième rencontre essentielle : il sera reçu au siège patriarcal par le patriarche copte orthodoxe Tawadros II. Le pape doit prononcer un discours.
Le pape François avait reçu le « pape » Tawadros II au Vatican le 10 mai 2013, à l’occasion du 40e anniversaire de la rencontre du bienheureux Paul VI et le du patriarche Shenouda III, en 1973. Car le « pape » copte avait alors proposé que chaque 10 mai soit célébré « l’amour fraternel qui unit l’Église catholique et l’Église copte-orthodoxe », rappelle Radio Vatican.
Mais il s’agira aussi de fortifier le dialogue avec les orthodoxes, qui représentent la majorité des chrétiens du pays.
Le patriarche Tawadros confiait à l’agence catholique italienne SIR, en janvier dernier, que le pape est « animé par l’Esprit de Dieu » : « J’ai rencontré Sa Sainteté le 10 mai 2013 dans la Cité du Vatican et ce jour-là, j’ai senti qu’il est mon frère béni qui soutient par sa prière, par son expérience spirituelle et notre vie peut tirer de grands bienfaits des enseignements qu’il a écrits. » Il avait exprimé le désir de sa venue en Egypte.
Le Vatican a en effet multiplié les contacts et les occasions de développer de bonnes relations. Et lorsque le patriarche Tawadros s’est rendu en visite au Vatican le 10 mai 2013, c’était son premier voyage hors d’Egypte depuis son élection, le 4 novembre 2012. L’Osservatore Romano n’hésite pas à relayer les appels du patriarche orthodoxe.
Surtout, il y a ce que le pape appelle « l’œcuménisme du sang ». Rappelons que le 11 décembre 2016, 25 coptes ont été tués dans un attentat terroriste en l’église Saint-Pierre qui jouxte la cathédrale orthodoxe Saint-Marc, et d’autres chrétiens ont été tués dans le nord du Sinaï. Daech a revendiqué ces attentats et la décapitation, en février 2015, sur une plage de Libye, de 21 coptes orthodoxes, enlevés en décembre 2014.
Le pape François avait appelé le patriarche Tawadros au téléphone, le 16 février 2015, pour lui exprimer ses condoléances et sa proximité, assurant qu’il célébrerait la messe pour eux le lendemain, 17 février, jour des funérailles.
Il avait aussi dit à des représentants de l’Église réformée d’Écosse, reçus ce même 16 février: «Ils ont été assassinés pour le seul fait d’être chrétiens. Le sang de nos frères chrétiens est un témoignage de foi, et peu importe qu’ils soient catholiques, orthodoxes, luthériens, coptes: ça n’intéresse pas leurs persécuteurs, qui voient seulement qu’ils sont chrétiens, parce que leur sang est le même, leur sang confesse le Christ. Allons de l’avant dans l’oecuménisme, qui est témoigné dans l’oecuménisme du sang. Les martyrs appartiennent à tous les chrétiens. »
Le pape a écrit au patriarche l’année suivante, à l’occasion de la Journée de l’amitié copte-catholique 2016.
La communion des sept rites catholiques
Le samedi 29 avril, sera consacré à la communauté catholique (à, 28% de la population), ce qui représente 7 rites différents, des latins aux coptes, en passant par les rites melkite, syrien, chaldéen, arménien et maronite, soit 14 « diocèses » – éparchies, archidiocèses ou vicariat -: l’Assemblée de la hiérarchie catholique d’Égypte est présidée par le Patriarche d’Alexandrie des Coptes catholiques, Ibrahim . Le pape célébrera la messe à 10h.
Puis il déjeunera avec les évêques catholiques d’Egypte. Le pape a reçu au Vatican les évêques coptes-catholiques d’Egypte le 6 février 2017, à l’occasion de leur visite ad limina.
Le pape François rencontrera ensuite le clergé, les consacrés et séminaristes pour un temps de prière, avec une homélie du pape.
Un des enjeux du voyage est certainement de fortifier la petite communauté catholique qui se perçoit parfois comme des citoyens de « seconde classe ». Les coptes catholiques étaient environ 210 000 en l’an 2000, les protestants 200 000 et les coptes orthodoxes environ 6,5 millions. On estime que les chrétiens (11 confessions et rites réunis) représenteraient aujourd’hui 11% de la population du pays qui compte plus de 90 millions d’habitants.
« Nous sommes heureux que le pape François vienne chez nous. Nous savions son intention de le faire. Mais nous ne connaissions pas les dates », a confié aujourd’hui à AsiaNews le p. Rafic Greiche, porte-parole de l’Eglise catholique en Egypte.
« En Egypte, ajoute le p. Greiche, tous l’attendent, que ce soit le président al-Sissi ou le patriarche Tawadros II, le grand imam de al-Azhar, et toute la hiérarchie catholique qui a demandé cette visite avec insistance.»
« Le pape, a-t-il ajouté, vient fortifier la communauté la plus nombreuse des chrétiens d’Orient et nous soutenir dans notre coexistence avec les musulmans »: sa venue « sera aussi une façon d’honorer les martyrs chrétiens tués pour leur foi».
Le pape François repartira à 17h de l’aéroport international du Caire pour Rome/Ciampino où son avion devrait atterrir à 20h30.
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Egypte: les quatre étapes du voyage du pape François (28-29 avril)
Le président, l’imam, le patriarche orthodoxe et les catholiques