« On devient expert en « spiritualité de la communion » grâce à une conversion radicale au Christ », précisait le pape.
Dans la matinée du vendredi 27 juin 2003, le Pape Jean-Paul II a reçu en audience, dans la Salle Clémentine, les participants au Congrès promu par la Fédération nationale italienne de l’Union apostolique du Clergé, à l’occasion de la Journée mondiale de Prière pour la sanctification des prêtres (cf. ORLF n. 26 du 1 juillet 2003). Au cours de la rencontre, le Saint-Père a prononcé le discours suivant dans la traduction de L’Osservatore Romano en langue française:
Très chers frères et soeurs!
1. « Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum – Comme il est bon et doux que les frères vivent ensemble ». Ces célèbres versets du Psaume 133 me revenaient à l’esprit, tandis que j’écoutais les paroles courtoises et cordiales de Mgr Csaba Ternyák, Secrétaire de la Congrégation pour le Clergé, qui s’est fait l’interprète des sentiments de toutes les personnes présentes. Oui, c’est véritablement une joie intime de se rencontrer et de ressentir la fraternité qui naît parmi nous, chers prêtres, qui participons au sacerdoce unique et éternel du Christ. Ce matin, vous avez pu ressentir ce mystère de communion dans la Célébration eucharistique à l’autel de la Chaire, dans la Basilique Saint-Pierre. A présent, le Successeur de Pierre vous ouvre les portes de sa maison qui est aussi la vôtre.
J’adresse à chacun mon salut le plus fraternel dans le Seigneur. Je salue de façon particulière tous ceux qui ont organisé et qui animent votre Congrès national, ainsi que tous les participants. Je salue les responsables au niveau national et international de l’Union apostolique du Clergé, ainsi que les représentants de la toute récente Union apostolique des Laïcs.
2. Au cours du Congrès, vous réfléchissez sur le thème: « Dans l’Eglise particulière à la façon de la communion trinitaire: la spiritualité diocésaine est spiritualité de communion ». Dans la continuité de vos rencontres précédentes, vous entendez porter votre attention sur le rôle des Pasteurs dans l’Eglise particulière.
Le mystère de la Communion trinitaire est le modèle de référence le plus élevé de la communion ecclésiale. C’est ce que j’ai voulu répéter dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, en rappelant que « le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence » est précisément celui-ci: « faire de l’Eglise la maison et l’école de la communion » (cf. n. 43). Cela comporte en premier lieu, de « promouvoir une spiritualité de la communion », qui devienne comme un « principe éducatif partout où sont formés l’homme et le chrétien » (ibid.).
On devient expert de « spiritualité de la communion » avant tout grâce à une conversion radicale au Christ, une ouverture docile à l’action de l’Esprit Saint, et un accueil sincère de ses frères. Que personne ne se fasse d’illusions – rappelais-je dans cette même Lettre apostolique – « sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs de la communion serviraient à bien peu de chose. Ils deviendraient des façades sans âme, des masques de communion plus que ses expressions et ses chemins de croissance » (ibid.).
3. Si l’efficacité de l’apostolat ne dépend donc pas seulement de l’activité et des efforts d’organisation, bien qu’ils soient nécessaires, mais en premier lieu de l’action divine, il faut cultiver une communion intime avec le Seigneur. Aujourd’hui, comme par le passé, les saints sont les évangélisateurs les plus efficaces, et tous les baptisés sont appelés à tendre vers ce « »haut degré » de la vie chrétienne » (ibid., n. 31). Cela concerne à plus forte raison les prêtres qui, au sein du peuple chrétien, occupent des fonctions et des rôles de grande responsabilité. La Journée mondiale de Prière pour la sanctification du Clergé, qui, par une heureuse coïncidence, est célébrée justement aujourd’hui, constitue précisément une occasion propice pour implorer du Seigneur le don de ministres zélés et saints pour son Eglise.
4. Pour réaliser cet idéal de sainteté, chaque prêtre doit suivre l’exemple du divin Maître, le Bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Un saint de notre temps, Josémaría Escrivá de Balaguer écrit que « le Seigneur se sert de nous comme de flambeaux » afin que sa lumière illumine… « Il dépend de nous qu’ils soient nombreux, ceux qui ne restent pas dans les ténèbres, mais qui marchent au contraire sur des chemins qui mènent à la vie éternelle » (cf. Forge, n. 1). Mais comment allumer ces flambeaux de lumière et de sainteté sinon dans le coeur du Christ, source inépuisable de charité? Ce n’est pas par hasard si la Journée mondiale de Prière pour la sanctification du Clergé est célébrée précisément aujourd’hui, solennité du Sacré Coeur de Jésus.
Dans le coeur de son Fils unique, le Père céleste nous a comblés de trésors infinis de miséricorde, de tendresse et d’amour – « infinitos dilectionis thesauros » – comme nous le prions dans la liturgie d’aujourd’hui. Dans le coeur du Rédempteur « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2, 9), à laquelle nous pouvons puiser l’énergie spirituelle indispensable pour irradier dans le monde son amour et sa joie.
Que Marie nous aide à suivre docilement Jésus, qui nous répète constamment: « Venez à moi… et mettez vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » (Mt 11, 29).
Très chers chers amis, je vous remercie à nouveau de votre visite et je vous bénis tous avec affection.
(© L’Osservatore Romano – 15 juillet 2003)