« Ne permettons pas aux souvenirs douloureux s’emparer de notre cœur » : le pape François dit son vif désir de voir les « visages » des Arméniens sur leur terre « bien-aimée » dans un message vidéo publié ce mercredi 22 juin 2016.
Un voyage que le pape place sous le signe de l’espérance: le mot revient trois fois.
Le pape enregistre toujours un message avant ses voyages internationaux pour saluer les habitants du pays où il se rend. Il sera en Arménie vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 juin 2016. Un voyage sous le signe de la miséricorde, de l’unité et de la paix.
Le pape dit son admiration pour le peuple arménien qui a su se relever après des douleurs inouïes. Mais il invite aussi à avancer sur le chemin de la réconciliation et de la paix sans laisser la douleur s’emparer des cœurs.
Il fait allusion à Noé: selon la tradition, l’Arche s’est arrêtée sur le Mont Ararat.
Et il fait allusion à la visite des patriarches arméniens à Rome, l’an dernier, pour la proclamation de saint Grégoire de Narek comme docteur de l’Eglise, le 12 avril 2015. Il dit sa joie de revoir le Catholicos Karékine.
Voici notre traduction des paroles du pape François dans cette vidéo.
A.B.
Message du pape François
Chers frères et sœurs,
Dans quelques jours, je vais avoir la joie d’être avec vous, en Arménie. Dès maintenant, je vous invite à prier pour ce voyage apostolique.
Avec l’aide de Dieu, je viens parmi vous pour accomplir, selon la devise du voyage, une « visite au
premier pays chrétien ». Je viens en pèlerin, en cette année jubilaire, pour puiser à la sagesse ancienne de votre peuple et pour m’abreuver aux sources de votre foi, en roc comme vos célèbres croix sculptées dans la pierre.
Je viens vers les hauteurs mystiques de l’Arménie comme votre frère, animé du désir de voir vos visages, de prier avec vous et de partager le don de l’amitié. Votre histoire et les événements de votre bien-aimé peuple suscitent en moi admiration et douleur: de l’admiration, parce que vous avez trouvé dans la croix de Jésus et dans votre génie la force de toujours vous relever, même après des souffrances qui sont parmi les plus terribles dont l’humanité se souvienne; de la douleur pour les tragédies que vos pères ont vécu dans leur chair.
Ne permettons aux souvenirs douloureux s’emparer de notre cœur; même face à des assauts du mal répétés, ne nous rendons pas. Faisons plutôt comme Noé, qui, après le déluge, ne s’est pas lassé de regarder vers le ciel, et de libérer la colombe à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’un jour, elle revienne à lui en portant une tendre feuille d’olivier (Gn 8,11): c’était le signe que la vie pouvait reprendre et que l’espérance devait ressusciter.
En tant que serviteur de l’Evangile et messager de la paix, je désire venir parmi vous pour soutenir tous les efforts sur la voie de la paix et je partagerai nos pas sur le chemin de la réconciliation, qui engendre l’espérance.
Que les grands saints de votre peuple, en particulier le docteur de l’Eglise, Grégoire de Narek, bénissent nos rencontres, que j’attends avec un vif désir. En particulier, j’attends de réembrasser mon frère Karékine et, avec lui, de donner une nouvelle impulsion à notre chemin vers la pleine unité.
L’an dernier, vous êtes venus à Rome, de différents pays, et auprès de la tombe de saint Pierre, nous avons prié tous ensemble. Maintenant, je viens sur votre terre bénie pour renforcer notre communion, pour avancer sur la voie de la réconciliation et nous laisser stimuler par l’espérance.
Merci et à bientôt! Tsdesutiun! [A nous voir bientôt!]
[Texte original: italien]
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin
Les patriarches arméniens Karékine II et Aram Ier à Saint-Pierre, 12 avril 2015, capture
Arménie: «Ne laissons pas les souvenirs douloureux s'emparer de notre cœur»
Le « Tsdesutiun! » du pape François ou le pèlerinage de l’espérance