Canada : A la découverte des révolutionnaires de la sainteté (IV)

Quelle révolution pour ramener Dieu dans la société canadienne?

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ROME, Vendredi 8 février 2008 (ZENIT.org) – « Les Journées mondiales de la jeunesse sont des bureaux d’emploi pour la sainteté extrême », affirme le P. Thomas Rosica qui a été le coordinateur canadien de la JMJ de Toronto en 2002.

Le P. Rosica, basilien, directeur de la télévision catholique « Sel et Lumière », a adressé un discours sur la sainteté et les jeunes aux participants du rassemblement « Rise Up » du « Catholic Christian Outreach » (CCO), le 30 décembre 2007, à Calgary, dans l’Etat de l’Alberta. En voici la troisième partie, où l’auteur évoque la Vierge Marie et saint Joseph.

Excellences, Mgrs Miller et Prendergast,

Confrères prêtres, frères et soeurs,

Chers amis de Catholic Christian Outreach,

(…)

Bienheureux Franz Jägerstätter: martyre pour la Vérité

Un troisième modèle fort pour nous est le fermier et laïc autrichien Franz Jägerstätter. Né en 1907 en Autriche, Franz était un jeune qui aimait s’amuser. Il draguait les filles, conduisait une motocyclette et a conçu un enfant alors qu’il n’était pas marié. Toutefois, sa foi devint plus profonde et il devint plus religieux après s’être marié. Jägerstätter est devenu l’une des figures-clés de la résistance chrétienne au Socialisme national et à l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en mars 1938. Franz s’était marié et vivait comme un paysan typique. Outre ses tâches à la ferme et autour de la maison, il était devenu sacristain à la paroisse Saint-Radegonde et était reconnu pour sa diligence et son dévouement.

En 1940, alors qu’il avait 33 ans, il fut conscrit dans les forces allemandes et suivit l’entraînement de soldat. De retour chez lui en 1941, exempté du service parce qu’il était fermier, il commença à examiner de près les motifs religieux pour refuser le service militaire forcé. En 1943, il dut se rapporter à sa base militaire et affirma son refus de servir. Un tribunal militaire rejeta son assertion qu’il ne pouvait à la fois être nazi et catholique, et le condamna à mort au motif de miner la morale militaire. On ignora son offre de servir de servir en tant qu’ambulancier. Son refus de servir l’armée nazie ne trouva l’appui ni de son curé, de son évêque ou de la plupart de ses amis catholiques. Parce qu’il avait une femme et trois filles, beaucoup lui conseillèrent de penser à sa famille et de laisser de côté ses objections de conscience à la machine de guerre nazie.

Tôt le 9 août 1943, Franz Jägerstätter fut amené de Berlin au camp de concentration de Brandebourg/Havel. À la mi-journée, on lui dit que sa condamnation à mort était confirmée et aurait lieu le même jour, à 16h. Juste avait son exécution Franz écrit : « Je suis convaincu qu’il vaut mieux dire la vérité, même si je dois payer au prix de ma vie. » Cet après-midi-là, à 16h, Franz fut décapité, le premier de 16 victimes, pour son refus de servir le Troisième Reich. Il fut martyrisé le jour du premier anniversaire de l’exécution de Sainte Edith Stein à Auschwitz. Trois ans plus tard, ses restes furent ramenés dans sa terre natale et il fut enterré près de son église paroissiale de Sainte-Radegonde.

Sa vie est une histoire remarquable, spécialement en ces temps où la guerre et la violence font rage dans plusieurs parties du monde. Franz, l’humble sacristain de Sainte-Radegonde, montre comment vivre la foi chrétienne dans toute sa totalité et sa radicalité, même lorsque des conséquences extrêmes s’ensuivent. « Il est un brillant exemple, dans sa fidélité aux appels de sa conscience, un avocat de la non-violence et de la paix, » affirmaient les évêques autrichiens, louant Jägerstätter de s’être tenu debout devant « le système inhumain et sans Dieu qu’était le nazisme. » Le 26 octobre 2007, en présence de sa femme âgée de 94 ans, de ses trois filles et de 5000 autres personnes réunies à la cathédrale de Linz en Autriche, Franz Jägerstätter fut béatifié en tant que martyre, ce qui signifie qu’il fut tué à cause de la haine envers la foi. Qu’il nous donne le courage et l’honnêteté alors que nous cherchons à vivre une sainteté.

Bienheureuse Teresa de Calcutta: l’une des nôtres après tout

Le dernier exemple que je vous présente est la vie de l’Albanaise Agnes Gonxha Bojaxhiu, connue à travers le monde comme Mère Teresa de Calcutta. La vie de Mère Teresa n’était pas qu’un simple grand titre sensationnel. Sa vie était une métaphore de dévouement désintéressé et de sainteté. C’est pourquoi tant de jeunes, femmes et hommes, de presque tous les coins du monde, continuent d’entrer chez les Missionnaires de la Charité. Mère Teresa a fondé la communauté des Missionnaires de la Charité qui compte plus de 4500 femmes qui servent dans plus de 100 pays. Elles dirigent plus de 500 maisons, hospices et abris pour des milliers de mourants et de déshérités, en plus de centaines d’écoles, de cliniques mobiles, de maisons pour lépreux et sidéens.

Il existe des critiques au sein de l’Église qui affirment que Mère Teresa personnifiait une vision pré-Vatican II de la foi et ignorait de parler des maux systémiques comme les dépenses militaires. Ils la critiquent, de mêmes que ceux et celles qui la suivent, de condamner sans relâche l’avortement. Je connais des religieux et religieuses dans notre pays et ailleurs qui affirment qu’il n’y avait aucun élément de critique prophétique dans les enseignements et le style de vie de Mère Teresa. Certains affirment qu’elle était un modèle ‘sûr’, allant aussi loin que d’affirmer que chaque prêtre ou évêque pouvait la mettre sur un piédestal et dire aux femmes : « Soyez dociles, faites vos affaires de femmes, mais n’allez pas critiquer quoi que ce soit. »

Lorsque Mère Teresa parle de ‘partager la pauvreté’, elle défie la logique des institutions qui préfèrent des plans stratégiques pour les pauvres à la communion avec les personnes qui sont pauvres. La communion ignore les approches conventionnelles. Elle ne trouvera peut-être jamais un emploi à quelqu’un, encore moins le remettra-t-elle sur ses deux pieds. C’est pourquoi les agents de communion sont qualifiés de non pertinent. Ou bien finiront-ils, comme Mère Teresa, par être qualifiés de ‘saints’. Alors qu’un journaliste lui demanda directement comment elle se sentait était qualifiée de sainte à travers le monde, la petite religieuse frêle répondit sans broncher : « La sainteté n’est pas un luxe, mais une nécessité. »

Bien qu’elle ait quitté ce monde il y a dix ans en août dernier, cette petite sœur a fait la nouvelle mille fois plutôt qu’une l’automne dernier lors de la publication de ses lettres. Plusieurs journalistes, éditeurs de magazine et lecteurs de nouvelles ont raté leur cible avec leurs manchettes sensationnelles : «La vie secrète de Mère Teresa : crise et ténèbres,» ou «La sainte de Calcutta était une athée,» ou même «Mère Teresa et le Grand Absent.» Certains commentateurs ont écrit : «Elle a perdu la foi et l’Église l’a récompensée pour cela.» Tous ces gens semblent ignorer que ceux qui ont préparé la béatification de Mère Teresa en 2003 ont cité ces lettres comme preuve de sa foi exceptionnelle et non de l’absence de foi.

L’Église ne recherche pas simplement de bonnes œuvres chez les saints, il a Prix Nobel pour cela, mais une évidence solide que le candidat pour béatification ou canonisation a été transformé, en dedans et au dehors, par la grâce de Dieu. Nous pouvons dire à partir de ses lettres que Mère Teresa était d’une race de saints spéciale : elle était une authentique mystique. Dans ses messages bouleversants, Mère Teresa nous dit qu’elle a déjà senti la présence de Dieu et entendu la voix de Jésus qui lui parlait. Puis Dieu s’est retiré et Jésus s’est tu. Mère Teresa a par la s
uite fait l’expérience de la foi exempte de toute consolation émotive. À la fin, Mère Teresa dut s’appuyer sur la foi crue, l’espérance et la charité. Ce sont-là les vertus de tous les chrétiens, et pas seulement des élites spirituelles. Elle était l’une des nôtres après tout.

Il y a plusieurs années, j’ai rencontré pour la première fois Mère Teresa après une célébration à Rome, j’ai pu rencontré Mère Teresa. Elle posa fermement dans mes mains une carte d’affaire comme je n’en n’avais jamais vue. On pouvait y lire:

« Le fruit du silence est la PRIÈRE ; le fruit de la prière est la FOI; le fruit de la foi est l’AMOUR; le fruit de l’amour est le SERVICE; le fruit du service est la PAIX. Que Dieu vous bénisse. – Mère Teresa ». 

J’ai toujours cette carte avec moi. Il n’y avait pas d’adresse postale, pas numéro de téléphone ou de courriel sur la carte. Mère Teresa n’avait pas besoin d’une adresse à ce moment. Et nous n’avons pas besoin d’adresse pour la rejoindre. Chacun sait où elle se trouve et comment la rejoindre : elle est là pour nous tous dans la communion des Saints.

Conclusion

(à suivre)

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ZENIT Staff

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