ROME, Mardi 12 février 2008 (ZENIT.org) – Dans un entretien accordé à ZENIT, Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d’Anatolie et président de la conférence épiscopale turque (CET), a illustré les programmes et les finalités de l’année jubilaire consacrée à l’apôtre saint Paul (28 juin 2008-29 juin 2009), décidée par le pape Benoît XVI.
Mgr Padovese déclare avoir constaté au plan touristique « une forte mobilisation pour organiser les voyages des pèlerins dans les différents endroits foulés par saint Paul », mais la force motrice de ce mouvement est « la composante religieuse », précise-t-il, car « l’objectif est de réveiller chez les chrétiens de Turquie et du monde la conscience de sa propre identité ».
Le vicaire apostolique d’Anatolie, qui est également un grand spécialiste de l’histoire de l’Eglise des origines, reconnaît à saint Paul le mérite « d’avoir donné un souffle universel à la réalité chrétienne et d’avoir montré que le christianisme est plus une nouveauté qu’une continuité ».
« Car, explique Mgr Padovese, comme disait Tertullien ‘on ne naît pas chrétien mais on le devient’ et Paul nous aide à comprendre où nous sommes et qui nous sommes. Paul nous rappelle en quoi consiste l’identité chrétienne ».
« Il ne s’agit pas uniquement d’une continuité de la religion juive, ajoute-t-il, les liens existent et doivent être reconnus, mais l’incarnation constitue un saut de qualité énorme », tout comme « le scandale de la croix et la Résurrection » qui dépassent toute imagination.
Pour Mgr Padovese, ce jubilé « est l’occasion de faire connaître aux chrétiens du monde entier l’importance de l’apôtre Paul », et en particulier l’histoire de sa mission en Turquie.
« A cette époque, rappelle le vicaire apostolique, cette région était plus florissante, plus riche, un carrefour entre les cultures, les peuples et les religions, qui a favorisé l’inculturation et l’expansion du christianisme ».
L’Année de saint Paul revêt également une grande importance au niveau œcuménique. A ce propos le président de la CET a fait un bref compte-rendu à Zenit de la rencontre qui a eu lieu à Tarse le 25 janvier dernier.
Mgr Padovese a concélébré une messe dans l’église transformée en Musée, avec l’évêque de Padoue, Mgr Antonio Mattiazzo, avec l’évêque syriaque d’Adıyaman, Mgr Gregorios Melki Urek et l’évêque maronite d’Alep, Mgr Joseph Amis Abi Aad.
Etait également présent un groupe de 16 religieux franciscains et trois prêtres séculiers de la province de Foggia, deux secrétaires d’évêques et plusieurs prêtres locaux, ainsi que des religieuses et un grand nombre de fidèles.
Dans l’après-midi, s’est déroulée la prière œcuménique pour l’unité des chrétiens, à laquelle participaient également des prêtres de l’Eglise orthodoxe, le pasteur évangélique d’Adana, et un vaste groupe de fidèles venus de Mersin, Adana e Iskenderun.
C’est d’ailleurs pour donner un nouvel élan au dialogue œcuménique que la CET a voulu impliquer aussi les autres Eglises dans la préparation de cette année consacrée à saint Paul. Dans ce contexte Mgr Padovese a rencontré le patriarche Bartholomée I, le matriarcat arménien Mutafyan et le métropolite syro-orthodoxe d’Istanbul.
Les autorités se sont dites très intéressées à cette Année jubilaire, même si, relève le Vicaire apostolique, « celles-ci n’ont pas répondu à la demande de construire, à Tarse, une église pour saint Paul ».
Cette demande, avancée pour la première fois par l’archevêque de Cologne, le cardinal Joachim Meisner, a été reproposée par Mgr Padovese, mais les autorités ne se sont pas encore prononcées.
Le vicaire apostolique a ensuite annoncé que le Jubilé de Saint Paul s’ouvrirait le 21 juin par une rencontre à Tarse, à laquelle participeront les autorités civiles d’Ankara, le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et les dirigeants des Eglises orthodoxes.
A l’occasion du bimillénaire de saint Paul, la CET a publié une lettre pastorale dans laquelle il est écrit : « nous sommes catholiques, orthodoxes, syriens, arméniens, chaldéens, protestants, mais nous sommes avant tout des chrétiens. C’est sur cette base que se fonde notre devoir d’être des témoins. Ne laissons pas nos différences engendrer la méfiance au détriment de l’unité de foi ; ne permettons pas que ceux qui ne sont pas chrétiens restent éloignés du Christ en raison de nos divisions ».
Parmi les initiatives prévues durant l’année jubilaire, Mgr Padovese signale la republication des lettres de saint Paul en langue turque à l’intention des chrétiens, et des catholiques en particulier, souhaitant une étude approfondie sur le sujet.
Mgr Padovese a par ailleurs révélé l’intention de publier un petit catéchisme dédié à saint Paul, qui illustre comment saint Paul faisait face aux différentes questions relatives à l’identité chrétienne.
Beaucoup de pays, dont la France, l’Allemagne, et l’Italie ont déjà présenté leurs demandes de pèlerinages sur les traces de saint Paul, autrement dit à Antioche, Tarse, Antioche de Pysidie, Ephèse, Milet, la Galicie et Colosses. A ce sujet, le vicaire apostolique a dit s’attendre à un flux permanent de pèlerins.
Au plan archéologique et historique, Mgr Padovese reconnaît qu’au fil des années, le christianisme a subi beaucoup de dommages, mais « si on gratte la surface, a-t-il dit, on peut encore trouver beaucoup de traces de la présence chrétienne ».
« Dans les grandes villes, fait remarquer le président de la CET, beaucoup d’églises ont été perdues et tant d’autres transformées en mosquées ».
« Mais dans la banlieue, des traces du christianisme sont encore visibles » souligne-t-il. « A Antioche de Pysidie par exemple, on a retrouvé une église consacrée à saint Paul, où l’apôtre avait prononcé son discours missionnaire ».
A Ephèse une archéologue autrichienne a ramené au jour une grotte avec des graffitis et des fresques qui renvoient aux actes apocryphes de Paul et Thècle.
Enfin parmi tant d’autres initiatives, le vicaire apostolique d’Anatolie a évoqué l’idée d’organiser un pèlerinage international pour les jeunes à Tarse et à Antioche ainsi qu’un pèlerinage national pour les catholiques de Turquie au mois d’octobre.
Antonio Gaspari