ROME, Mercredi 20 février 2008 (ZENIT.org) – Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, explique que sa visite ne revêt aucun caractère politique, mais un caractère purement ecclésial.
Le hasard a voulu que le jour où, sur le journal officiel « Gramma » le président Fidel Castro annonçait qu’il renonçait, pour raison d’âge et de santé, à la charge de président du Conseil d’Etat et de commandant en chef, le plus proche collaborateur de Benoît XVI expliquait dans un entretien au journal italien Avvenire les raisons de sa visite pastorale à Cuba.
Le cardinal Bertone effectue sa visite à Cuba du 20 au 26 février pour célébrer le dixième anniversaire du voyage apostolique de Jean-Paul dans cette grande île des caraïbes.
Dans cet entretien, le cardinal Bertone relève le grand intérêt que suscite son voyage, « surtout parmi les médias » et ne cache pas qu’il en est « un peu surpris », estimant « naturel » qu’un secrétaire d’Etat aille « en mission dans divers pays du monde ».
« Mon activité, je la conçois sous un profil ecclésial et non géopolitique, et ce voyage ne sera pas une exception, tout comme ne le sera pas non plus celui que j’entreprendrai aussitôt après en Arménie et en Azerbaïdjan », déclare-t-il.
« Je vais surtout à Cuba pour rencontrer l’Eglise locale qui, on le sait, connaît des difficultés mais dont on connaît aussi la grande vitalité », explique le cardinal Bertone.
Concernant les relations entre Cuba et le Saint-Siège, le cardinal italien précise qu’« elles sont maintenant relativement bonnes, comme le reconnaissent les deux parties ».
« Personne ne nie qu’il y a eu jadis des difficultés, admet-il, mais il faut se souvenir que contrairement à d’autres cas analogues, les relations diplomatiques entre Cuba et le Saint-Siège n’ont jamais été rompues ».
Le cardinal a salué la mémoire du nonce, Mgr Cesare Zacchi (1914-1991), « qui a tant fait en ce sens, et avec succès ».
« Cuba est la preuve que le dialogue, s’il est sincère, donne toujours des fruits. Mais il faut rappeler également que le Saint-Siège a toujours bénéficié d’une juste liberté au moment de choisir ses propres pasteurs », ajoute-t-il.
A propos des droits de l’homme, le cardinal Bertone affirme que « chaque pays a ses difficultés et que l’Eglise ne manque pas et ne manquera jamais de faire entendre sa voix. Avec tout le monde ».
Avant de devenir secrétaire d’Etat, le cardinal Bertone, alors archevêque de Gênes, s’était déjà rendu à Cuba en octobre 2005 et avait été reçu par le président Fidel Castro.
A cette occasion, précise-t-il dans l’entretien, « c’est le président Castro qui avait demandé à me rencontrer. Ce fut un long entretien au cours duquel nous avons soulevé de nombreuses questions comme celles de la faim, de la pauvreté diffuse dans le monde et la nécessité d’une plus grande solidarité entre les peuples et les gouvernements. On parla aussi des guerres en cours ».
« Je fus très frappé par la manière dont Fidel Castro parla de notre pape Benoît XVI : ‘C’est un pape qui me plaît, m’avait-t-il dit, une brave personne, je l’ai vite compris en regardant son visage, le visage d’un ange’. Puis Fidel Castro me demanda d’inviter le pape à Cuba. Cela n’a pas été possible pour l’instant. On verra plus tard », commente-t-il.
Le président Castro souhaita à cette occasion que Jean-Paul II fût béatifié. « Il avait comparé sa figure à celle de Mère Teresa », révèle le cardinal Bertone.
Ce voyage essuya différentes critiques, de la part aussi de quelques membres de l’Eglise, certains reprochant au cardinal une apparente condescendance à l’égard du líder máximo.
« J’ai eu vent de cela, commente-t-il. Naturellement avec Fidel Castro nous avons parlé des relations avec l’Eglise locale et avons parlé des bons évêques. Mais je dois ajouter qu’un mois après ma visite les évêques locaux et le nonce furent reçus par le président pour un long entretien. Cela faisait très longtemps que cela ne s’était pas produit ».
Le cardinal Bertone explique que pour le moment aucune rencontre n’a été fixée ni avec le président Castro ni avec son frère Raúl, qui exerce par intérim les fonctions de chef d’Etat.
« Pour le moment le ministère des affaires étrangères a préparé un accueil officiel et une rencontre de travail a été fixée avec une délégation gouvernementale. Pour le reste on verra durant ma permanence sur place », conclut-il.
Jesús Colina